La pornographie des âmes

La pornographie des âmes , conception et mise en scène de Dave St-Pierre.

 

photoComme pour nous prévenir de certaines imperfections, Dave St-Pierre vient au début du spectacle nous dire que cette création a dix ans et que certains de ses interprètes ont aussi vieilli de dix ans ! La nudité étant le point commun de tous ses spectacles, il renouvelle au public la recommandation de ne pas prendre de photographies.
Beaucoup moins abouti que son précédent spectacle vu ici
Un peu de tendresse bordel de merde ! cette Pornographie des âmes- deux heures quarante !- apparaît comme un brouillon d’idées, et de petites scènes pas toujours réussies et mises bout à bout.
Les vingt-six artistes se présentent individuellement ou collectivement, au public sur un plateau nu, et blanc avec, un cyclorama de couleur changeante.
Certaines scènes ressemblent à des ateliers de fin d’année d’une école de théâtre, du genre : je suis comédien et je vais vous montrer ce que je sais faire ! D’autres jouent sur l’ambiguïté de notre regard de spectateur/voyeur, par exemple, quand une jeune danseuse obèse entame nue, un solo sur la pointe des pieds.
Dave St-Pierre nous dit : « 
La scène est une fenêtre ouverte au voyeurisme de toute sorte, C’est un hymne au genre humain, elle célèbre autant sa beauté que sa laideur, sa profondeur et sa superficialité » .Certes, mais nous aurions aimé plus de rigueur , même si les scènes de groupe , plutôt réussies, apparaissent comme une sorte d’anti-défilé de mode dont le point commun est la nudité standard.
Ces tableaux font plaisir au public qui, comme au cirque, applaudit à chaque fin de numéro et Dave St-Pierre sait utiliser des musiques très chargées en émotion, comme par exemple Bach, Nina Simone ou Cold Play.
Il assume ses références : Pina Bausch, Jan Fabre ou Alain Platel ; metteur en scène intelligent, il sait jouer avec la sensibilité du spectateur quand il fait dire à un de ses artistes : « 
Ce dont j’ai le plus peur c’est de ne pas être aimé ». La fin , ambiguë est fondée sur des aphorismes d’un certain Norbert Doux, un comédien imaginaire qui se serait suicidé dans la dernière scène d’Hamlet.
Pour lui, les applaudissements étaient ressentis comme des gifles données par un public sadique, : «  Je ne voulais plus, dit-il, être giflé chaque soir, même symboliquement » .
Bref, un spectacle assez décevant mais qui reste sans doute une grande aventure collective pour tous ses artistes qui semblent avoir, pour Dave St-Pierre, les yeux de
Chimène.

Jean Couturier

Théâtre de la Ville en alternance avec deux autres programmes jusqu’au 15 février.

 

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