Paris nous appartient
Paris nous appartient, texte et adaptation d’Eve Gollac et Olivier Coulon-Jablonka, mise en scène Olivier Coulon-Jablonka
Olivier Coulon-Jablonka et sa compagnie Moukden-Théâtre se penchent sur l’archéologie d’une ville, Paris nous appartient, un geste important quand on sait l’intérêt que provoque de nos jours la conception du Grand Paris dont on découvre les cartes colorées dans tous les journaux. Sans parler de l’ampleur de la bataille déjà engagée par les politiques pour la direction de cette Ville-Monde.
Le metteur en scène parle d’« une invitation à voir comment s’invente le mythe de Paris comme capitale de la modernité au 19 ème siècle et comment ce mythe continue à nous hanter à l’aube du 21 è siècle. » Il s’agit encore d’une confrontation entre d’un côté, des textes du passé, comme celui , La Vie parisienne d’Offenbach (1873), et une description historique de la répression versaillaise de la Commune en 1871 – à quoi s’ajoute une réflexion sur les grands travaux au Second Empire par Haussmann.
Et, pour un mise en parallèle, nous est jeté en vrac un matériau documentaire sur le Paris d’aujourd’hui et les nouveaux projets d’urbanisme, composé d’entretiens avec professionnels, élus et habitants des quartiers.
D’un siècle à l’autre, la question sociologique reste la même: à savoir comment les populations pauvres sont régulièrement éloignées du centre originel vers la périphérie, au profit de promoteurs avides de déloger les gens en place pour construire des bureaux à tout-va.
Et pourtant, des améliorations se font jour pour les habitants des communes avoisinantes : la couverture du périphérique, à l’entrée de Saint-Denis, procure un meilleur confort sonore ; la construction de logements accessibles pour les « pauvres » du centre parisien, fait de ceux-ci les « riches » de la Plaine-Saint-Denis car les habitants-mêmes de Saint-Denis ont encore peu accès à la propriété. Question de relativité : on est toujours, selon les enjeux politiques et économiques, le pauvre ou bien le riche de quelqu’un.
La conception et la mise en scène du spsectacleOlivier Coulon-Jablonka reste approximative, tel un travail en chantier, à l’image du Grand-Paris et de ses grues , de l’autre côté du périphérique. Tout s’annonce plutôt bien avec une scène d’exposition vaudevillesque et pleine de suspens où les acteurs se demandent comment dépenser la cagnotte qu’ils ont accumulée à la suite de petits travaux.
Faire la fête donc, boire tout son argent, bien manger dans un restaurant de cuisine traditionnelle française, aller en boîte ou simplement passer un moment ensemble dans un bar ? La question se résout peu à peu mais non sans difficultés.
Un dandy parisien, un couple de touristes suédois, de sfausses comtesses et de vraies nièces de concierge assez mal fagotées, s’ébattent sur le plateau mais tout manque de brio, au seul profit de la spontanéité des interprètes, perdus dans un fouillis d’improvisations.
Chacun chante un peu, l’un fait du piano, l’autre développe sa thèse sur sa vision urbaniste, une autre encore s’informe des problèmes tout en avouant son ignorance, et celui-là se contente de se mettre à table pour déjeuner tranquillement.
Le liant entre les deux pôles – pièce de théâtre et questionnement urbain – a vriament peine à prendre, d’autant qu’un long monologue développe l’avancée versaillaise sur les Communards, drame tenu avec grâce par une comédienne. Le spectacle souffre d’un manque de rigueur et d’évidence dans son aboutissement artistique, malgré une bande de joyeux drilles.
Véronique Hotte
Théâtre de L’Échangeur à Bagnolet. jusqu’au 23 février à 20h30, dimanche 15h (relâche les 11, 12 et 19) Tél : 01 43 62 71 20 Et du 20 au 22 mars au Théâtre de Sartrouville et des Yvelines. Tél : 01 30 86 77 79. Et du 26 au 28 mars à la Comédie de Béthune. Tél : 03 21 63 29 19.
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Ajouté le 19 février, 2014 à 17:57