Les Uns sur les autres

Les Uns sur les autres de Léonore Confino, mise en scène de Catherine Schaub.

 3513797_bcb3203c-8226-11e3-80fc-001517810df0_640x280 La chose en question se passe au Théâtre de la Madeleine. Tiens, bizarre, quand nous arrivons, le hall est désert ou presque, nous serions-nous  trompés de jour ou d’heure?
Que nenni,  et les ouvreurs en  costume/cravate sont aux petits soins pour les spectateurs, mais, cinq minutes avant la représentation, le parterre semble avoir du mal à se remplir et les balcons sont vides…! Bref, pas besoin d’être sorcier pour deviner que le four est annoncé, et un peu plus tard, confirmation sans appel: la chose en question ne vaut pas un clou d’occasion

 Il s’agit d’une histoire de famille dont on vous épargnera les détails. Cela se passe  dans un pavillon plutôt chic de la  banlieue parisienne. Il y a le père, un chercheur scientifique au C.N.R.S., avec un collier de barbe sans doute pour faire plus chercheur, et qui veut, ou ne veut plus quitter sa famille, on ne saura jamais,  la mère, qui criaille et appelle sans cesse et en vain tout le monde à table, et leurs deux enfants: un jeune homme-brave mais emmerdant,  comme, c’est bien connu, tous les jeunes gens, et éternellement branché sur son téléphone portable qu’il partage avec sa sœur,  et les yeux rivés sur son ordinateur.
La fille, jeune ado, comme toutes les ados bien entendu, parle djeune, s’allonge sur son lit pour se mesurer la taille de peur d’avoir grossi, et n’a qu’un rêve: devenir anorexique. Elle téléphone tout le temps , elle aussi, à ses copines et cherche des recettes pour maigrir encore plus. Passionnant!

Et puis il y a le grand-père, maternel, toujours en fauteuil roulant qui, comme tous les grands-pères, c’est bien connu, distribue plein de billets à ses deux petits-enfants qui parlent sexe et dope, s’engueule avec son gendre, et  a toujours  sous le coude, une phrase bien salace de trop!
  Dans un décor de cette maison à étage, dont le fils ne cesse de monter l’escalier, il y a une sorte de salon avec un canapé, un gros transistor rouge, et une cuisine avec un grand frigo; sur le palier supérieur, s’ouvre une porte dont on suppose qu’elle donne sur d’autres chambres, et un lit qui servira à la fille d’abord, au fils mais aussi à la mère.La chambre de qui? Comprenne qui pourra dans  ce  réalisme de pacotille..
  Le scénario et les dialogues sans style paraissent avoir été écrits, vite fait, sur un coin de table, et sont d’une pauvreté affligeante, la direction d’acteurs est aux abonnés absents, lesquels acteurs, dont les personnages inconsistants, n’arrivent pas à être crédibles et essayent de faire rire sans y parvenir, sauf à de rares moments… Agnès Jaoui fait à peine, et sans trop y croire, le minimum syndical, marmonne souvent,  si bien qu’on l’entend mal! Comme si, amère, elle s’en voulait de ne pas avoir été assez lucide quant à l’indigence de ce texte.
La mise en scène de Catherine Schaub, elle, ressemble à un très mauvais brouillon… Avec tous les stéréotypes du théâtre contemporain, comme, entre autres, le visage du fils grossi en vidéo quand il joue à son ordinateur. Et les costumes sont d’une rare laideur. Mais tout le monde n’est pas Warlikowski!  (voir Le Théâtre du Blog). Pathétique!

 Que sauver de ce naufrage d’une heure et demi quand même?  A l’extrême rigueur, quelques répliques de Pierre Vial, en grand-père déjanté; formidable acteur comme toujours, il réussit à imposer son personnage  qui  finit par s’endormir puis  décéder. Mais pour le reste, quelle tristesse! Et autant en emporte le vent parisien qui soufflait fort ce soir-là.
  Reste à comprendre comment Madame Léonore Confino  (dont on avait déjà peu aimé la précédente pièce, (Ring, voir Le Théâtre du Blog) a pu trouver des producteurs, un directeur de théâtre, une metteuse en scène, qui, il est vrai semble avoir été assez peu lucide: « Quand Léonore Confino m’a fait lire Les Uns sur les autres, dit-elle, j’ai été frappée par l’universalité du propos » ! Tant mieux pour elle!
Et on s’étonne que de très bons comédiens , comme Agnès Jaoui, par ailleurs réalisatrice des plus confirmées, et Pierre Vial  qui fut un des compagnons d’Antoine Vitez jusqu’à sa mort, aient pu s’intéresser à cette chose. 
Plusieurs spectateurs ont même abandonné la partie en cours de route (chose des plus rares dans le théâtre privé!) et, à la sortie, nous avons croisé un couple, à la fois déçu et absolument furieux, disaient-ils, d’avoir investi  100 euros (sic!) dans ce qu’il pensait sans doute un peu naïvement être un spectacle de la dimension du Goût des autres. Ils ne décoléraient pas, non sans raison, de s’être faits ainsi piéger!
Le titre ressemble, c’est vrai, et il y a Agnès Jaoui que l’on n’avait pas vue depuis longtemps sur une scène mais, pour le reste! Il y a vraiment parfois, dans le théâtre français, des mystères qui le resteront sans doute! Si nous  réussissons à avoir une explication, nous nous ferons  un plaisir de vous la fournir sans tarder.
 En tout cas, et en attendant, vous avez peut-être compris que vous pouviez vous abstenir de perdre, et votre argent, et votre soirée! Même, si vous y êtes invités! « La vie est en effet  trop courte pour supporter le fardeau des erreurs d’autrui », disait le grand Oscar Wilde…

Philippe du Vignal

Théâtre de la Madeleine. à Paris.

 

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