Les Ponts

 Les Ponts de Tarjei Vesaas, mise en scène de Stéphanie Loïk.

 

photo.php“Ce que je voulais, c’est raconter le jeu caché et secret qui se passe aux heures de la nuit (… ) Un jeu dont personne ne doit être témoin”, confiait Vesaas, peu avant sa mort (1970), à propos de son écriture.
Son œuvre, qui explore l’au-delà du quotidien, aux confins de l’indicible, Stéphanie Loïk l’a déjà portée au théâtre, en créant Palais de glace**, son roman le plus connu, dans une adaptation de Joël Jouanneau.
Elle entamait alors avec succès une collaboration avec l’Académie Fratellini. L’aventure continue avec L
es Ponts, dernier roman du grand auteur norvégien.
«Il y a le vent lancinant qui vient de loin et, sur la rivière, le grand vieux pont de pierre où passe la route»: d’emblée est posée la grande nature farouche du Nord, et ses lumières crépusculaires. Dans cet univers de froid et de givre, Torvil (Maxime Guyon) et Aude (Maria Filippi), deux adolescents, amis inséparables, découvrent, au cœur de la forêt, un effrayant secret qu’ils partageront avec une jeune et ombrageuse inconnue (Najda Bourgeois).
L’écriture simple et poétique de Vesaas, évoque un espace autant matériel et sensoriel, que mental et symbolique. La metteure en scène a choisi, pour seul décor, des lumières évoquant les clairs-obscurs des après-midi boréals ou les ombres des bois. Les sons de la nature sont omniprésents : bourrasques, craquement de branches, choc de pierres, chuintement de la rivière, aboiement d’un chien au loin…
Unique accessoire sur le grand plateau nu de l’Académie Fratellini, un cerceau suspendu, à cour. Le cirque cohabite ici avec le théâtre : Mariotte Parot, danseuse de cerceau aérien et Bastien Dausse, acrobate, apprentis  de l’Académie, se mêlent aux comédiens, au point qu’on les distingue peu les uns des autres. En écho au récit et aux dialogues interprétés par les acteurs, une chorégraphie d’ensemble impose à tous un jeu stylisé assez particulier.
Les évolutions virtuoses des jeunes  ciracassiens, en marge de l’intrigue, interviennent comme un supplément visuel et mental, une bulle de rêve, une quatrième dimension correspondant à l’esprit des Ponts.
Qu’on adhère ou non à ce parti pris,  Stéphanie Loïk, en mariant cirque et théâtre, parvient, au-delà d’une démarche formatrice pour les jeunes interprètes,  à pénétrer dans l’univers singulier d’un écrivain majeur du siècle dernier qui reste à découvrir aussi par la lecture.

 Mireille Davidovici

 

Spectacle présenté du 4 au 16 février à l’Académie Fratellini 1-9 rue des Cheminots 93210 La Plaine Saint Denis www.academie-fratellini.com et du 7 mars-24 mars  à l’Atalante, place Charles Dullin 75018 www.theatre-latalante.com et du 10 avril -12 avril à l’Anis Gras/Le lieu de l’autre à , 55 avenue Laplace 94110 Arcueil www.lelieudelautre.com

 * traduction d’Elisabeth et Christine Eydoux, Editions Autrement

 **Reprise de Palais de glace :j 27 mars- 7 avril 2014, www.theatre-latalante.com

 

 

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