Chants d’exil, Poèmes et chansons: Bertolt Brecht

Chants d’exil, Poèmes et chansons: Bertolt Brecht, adaptation et mise en scène de Serge Barbuscia, composition et arrangements de Pascal Fedor.

 

balconBertolt Brecht né en 1898 en Bavière est mort en 1956, à Berlin-Est, naturalisé autrichien six ans avant. A vingt ans, donc à la fin de la première guerre mondiale, mobilisé comme infirmier, il  écrit  Baal. Puis Tambours dans la nuit  qui obtint le prix Kleist, et Spartacus et Dans la Jungle des villes. Il rejoint le Deutsches Theater de Max Reinhardt, avec l’actrice Hélène Weigel qui monte ses pièces.
Viendront ensuite Homme pour homme puis Grandeur et décadence de la ville de Mahagony, et en 1928, il crée L’Opéra de Quat’sous avec la musique de Kurt Weill qui fut un très grand succès. En 1930, les nationaux- socialistes interrompent les représentations de ses  pièces. Il épouse alors  Hélène Weigel, et devient marxiste. Mais les nazis les forcent à quitter l’Allemagne en février 33, et son œuvre  est interdite et brûlée lors d’un autodafé!
Dès lors, il parcourt l’Europe, et, en 1933, s’installe au Danemark. Déchu de sa nationalité par les nazis en 35, et donc apatride, il vit en Suède à partir de 39, puis en Finlande, et finit par arriver en Californie en 41. Mais, inscrit sur la trop fameuse liste noire d’Hollywood, il comparait devant la commission des activités antiaméricaines du sénateur Mac Carthy, et est  chassé des Etats-Unis en 47…comme Chaplin, Orson Welles, et bien d’autres!
Et  il va se retrouver en Suisse mais les Alliés lui refusent un visa pour la  République Fédérale Allemande et, en 49, s’installe à Berlin-Est, où il fonda le Berliner Ensemble avec Hélène Weigel. Et en 1950, il obtint la nationalité autrichienne.

Cela pourrait presque être une pièce de Brecht mais non, c’est rapidement résumée, la vie passionnante de cet écrivain et dramaturge, en exil forcé pendant quinze ans soit un quart de sa vie, obligé de gagner sa vie comme il pouvait, sans théâtre et loin de son pays, ce qu’on oublie trop souvent et qui marqua son œuvre.  » Nous sommes des expulsés, écrivait-il,. Nous sommes des proscrits. Et le pays qui nous reçut, ne sera pas un foyer mais l’exil ». Ce qui ne l’empêcha pas d’écrire, entre autres:  La Vie de Galilée, Mère Courage et ses enfants, La Résistible ascension d’Arturo Ui…
Serge Barbuscia s’est emparé avec intelligence de cet itinéraire hors-normes qui commença donc, quand Brecht n’avait que 35 ans et quand la seconde guerre mondiale allait commencer avec une exceptionnelle violence, et 
des millions de morts! Le metteur en scène a su éviter le piège de l’illustration et de la ressemblance physique avec l’auteur, et le spectacle est plutôt une évocation de cette longue marche solitaire, avec les poèmes de Brecht et ses chansons, et les témoignages de ses contemporains .
Rien ou si peu sur scène, qu’un petit praticable pour Yvonne Hahn, au bandonéon, et de belles lumières. Le spectacle est mené par Serge Barbuscia, comédien et Aini Iften, conteuse et chanteuse; tous les trois savent nous emmener habilement, avec humour sur les chemins de cet homme en proie à la nostalgie d’un patrie perdue, quand Brecht n’était pas encore aussi reconnu qu’il l’a été par la suite.
Et on est vite très sensible à cette évocation toute en nuances, le plus souvent fondée sur le fameux « sprechgesang », sorte de parlé/chanté repris par Alban Berg, il y a un siècle déjà, quand il créa son Pierrot lunaire, puis par nombre d’artistes et poètes dont Ginsberg, Ferlinghetti mais aussi Dylan, et chez nous, par Aznavour ou Noir Désir.
Sans doute, le spectacle, encore un peu brut de décoffrage, trouvera-t-il plus sa vraie place cet été sur la scène du Théâtre du Balcon à Avignon que sur celle, petite,  du Théâtre de Lenche, où la balance des voix (amplifiées, ce qui n’est pas, une fois de plus, une bonne trouvaille) avec le bandonéon dont la puissance est souvent trop envahissante, devrait être revue, comme les lumières parfois trop sombres.
Mais, c’est pendant soixante minutes, sous la forme d’un petit cabaret, une singulière et très utile piqûre de rappel, en ces temps troublés, comme dans les années 30, par des bruits de botte, et où sans doute d’autres gens, qui n’ont jamais entendu parler de Brecht, risquent, eux aussi, se retrouver sur le chemin de l’exil…

Philippe du Vignal

Spectacle créé au Théâtre du Balcon en février; vu au Théâtre de Lenche à Marseille. Théâtre Aimé Césaire, rue Victor Sévère à Fort-de France du jeudi 13 au samedi 15 mars;  et en juillet prochain, au Théâtre du Balcon à Avignon.


Archive pour 3 mars, 2014

Chants d’exil, Poèmes et chansons: Bertolt Brecht

Chants d’exil, Poèmes et chansons: Bertolt Brecht, adaptation et mise en scène de Serge Barbuscia, composition et arrangements de Pascal Fedor.

 

balconBertolt Brecht né en 1898 en Bavière est mort en 1956, à Berlin-Est, naturalisé autrichien six ans avant. A vingt ans, donc à la fin de la première guerre mondiale, mobilisé comme infirmier, il  écrit  Baal. Puis Tambours dans la nuit  qui obtint le prix Kleist, et Spartacus et Dans la Jungle des villes. Il rejoint le Deutsches Theater de Max Reinhardt, avec l’actrice Hélène Weigel qui monte ses pièces.
Viendront ensuite Homme pour homme puis Grandeur et décadence de la ville de Mahagony, et en 1928, il crée L’Opéra de Quat’sous avec la musique de Kurt Weill qui fut un très grand succès. En 1930, les nationaux- socialistes interrompent les représentations de ses  pièces. Il épouse alors  Hélène Weigel, et devient marxiste. Mais les nazis les forcent à quitter l’Allemagne en février 33, et son œuvre  est interdite et brûlée lors d’un autodafé!
Dès lors, il parcourt l’Europe, et, en 1933, s’installe au Danemark. Déchu de sa nationalité par les nazis en 35, et donc apatride, il vit en Suède à partir de 39, puis en Finlande, et finit par arriver en Californie en 41. Mais, inscrit sur la trop fameuse liste noire d’Hollywood, il comparait devant la commission des activités antiaméricaines du sénateur Mac Carthy, et est  chassé des Etats-Unis en 47…comme Chaplin, Orson Welles, et bien d’autres!
Et  il va se retrouver en Suisse mais les Alliés lui refusent un visa pour la  République Fédérale Allemande et, en 49, s’installe à Berlin-Est, où il fonda le Berliner Ensemble avec Hélène Weigel. Et en 1950, il obtint la nationalité autrichienne.

Cela pourrait presque être une pièce de Brecht mais non, c’est rapidement résumée, la vie passionnante de cet écrivain et dramaturge, en exil forcé pendant quinze ans soit un quart de sa vie, obligé de gagner sa vie comme il pouvait, sans théâtre et loin de son pays, ce qu’on oublie trop souvent et qui marqua son œuvre.  » Nous sommes des expulsés, écrivait-il,. Nous sommes des proscrits. Et le pays qui nous reçut, ne sera pas un foyer mais l’exil ». Ce qui ne l’empêcha pas d’écrire, entre autres:  La Vie de Galilée, Mère Courage et ses enfants, La Résistible ascension d’Arturo Ui…
Serge Barbuscia s’est emparé avec intelligence de cet itinéraire hors-normes qui commença donc, quand Brecht n’avait que 35 ans et quand la seconde guerre mondiale allait commencer avec une exceptionnelle violence, et 
des millions de morts! Le metteur en scène a su éviter le piège de l’illustration et de la ressemblance physique avec l’auteur, et le spectacle est plutôt une évocation de cette longue marche solitaire, avec les poèmes de Brecht et ses chansons, et les témoignages de ses contemporains .
Rien ou si peu sur scène, qu’un petit praticable pour Yvonne Hahn, au bandonéon, et de belles lumières. Le spectacle est mené par Serge Barbuscia, comédien et Aini Iften, conteuse et chanteuse; tous les trois savent nous emmener habilement, avec humour sur les chemins de cet homme en proie à la nostalgie d’un patrie perdue, quand Brecht n’était pas encore aussi reconnu qu’il l’a été par la suite.
Et on est vite très sensible à cette évocation toute en nuances, le plus souvent fondée sur le fameux « sprechgesang », sorte de parlé/chanté repris par Alban Berg, il y a un siècle déjà, quand il créa son Pierrot lunaire, puis par nombre d’artistes et poètes dont Ginsberg, Ferlinghetti mais aussi Dylan, et chez nous, par Aznavour ou Noir Désir.
Sans doute, le spectacle, encore un peu brut de décoffrage, trouvera-t-il plus sa vraie place cet été sur la scène du Théâtre du Balcon à Avignon que sur celle, petite,  du Théâtre de Lenche, où la balance des voix (amplifiées, ce qui n’est pas, une fois de plus, une bonne trouvaille) avec le bandonéon dont la puissance est souvent trop envahissante, devrait être revue, comme les lumières parfois trop sombres.
Mais, c’est pendant soixante minutes, sous la forme d’un petit cabaret, une singulière et très utile piqûre de rappel, en ces temps troublés, comme dans les années 30, par des bruits de botte, et où sans doute d’autres gens, qui n’ont jamais entendu parler de Brecht, risquent, eux aussi, se retrouver sur le chemin de l’exil…

Philippe du Vignal

Spectacle créé au Théâtre du Balcon en février; vu au Théâtre de Lenche à Marseille. Théâtre Aimé Césaire, rue Victor Sévère à Fort-de France du jeudi 13 au samedi 15 mars;  et en juillet prochain, au Théâtre du Balcon à Avignon.

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