Aimer, boire et chanter

Aimer, boire et chanter d’Alain Resnais.

 

compoC’est la troisième fois qu’Alain Renais adapte une œuvre du dramaturge anglais Alan Ayckbourn au cinéma. Après Smoking/No Smoking (1993) et Cœurs (2006),  il transpose librement pour l’écran The Life of Riley, créée en 2010.
Du théâtre dans le théâtre,  au cinéma : dans la pièce d’Ayckbourn, une autre pièce se répète, qu’on ne verra jamais (on entendra juste quelques bribes de dialogues insipides).
Pas plus qu’on ne verra George Riley qui pourtant innerve toute l’intrigue. Condamné à mort par un cancer, il est l’objet des sollicitudes de ses amis, et surtout des femmes qu’il a le don de séduire. Celui qui brille par son absence est aussi le révélateur des dysfonctionnements des trois couples en jeu, déclenchant la jalousie des maris pourtant infidèles ou négligents.
L’esthétique du film est imprégnée par le théâtre. Hormis la caméra subjective qui arrimée à une joyeuse voiture fantôme (celle de George ?) explore les petites routes verdoyantes du Yorkshire, tout est artificiel. Les éléments naturels se mêlent à des toiles peintes ; les accessoires sont en trompe l’œil ; massifs de fleurs et herbes en carton côtoient de vrais végétaux. Les dessins coloriés du bédéiste Blutch situent, d’une séquence l’autre, les jardins des couples respectifs où se cantonne l’action.
Comme toujours les acteurs occupent le devant de l’écran. La caméra les scrute, les épie, leur ménage des apartés en gros plan sur un fond abstrait. Nouvelle venue, Sandrine Kiberlain côtoie les acteurs fétiches de la troupe, Sabine Azéma et André Dussolier en tête,  sans oublier Hippolyte Girardot, Michel Vuillermoz. .
Comme dans Vous n’avez encore rien vu, la mort rôde et finit par avoir raison comme le prouve l’ultime plan du film et le décès du réalisateur le 1er mars dernier. Mais, jusqu’au la fin, plus facétieux que jamais, le vieux jeune homme, dans cet hymne qu’il adresse à la vie, s’amuse à semer le trouble, à entretenir le doute, et termine par une pirouette comme pour faire un dernier pied de nez à la camarde.
Est ce lui ce personnage hors champs, comme le réalisateur derrière sa caméra? Ou bien revient-il faire un petit signe, en taupe malicieuse qui subrepticement, d’un acte à l’autre, sort épier les acteurs, et nous autres communs des mortels ? Mystère.

 

Mireille Davidovici

Sortie du film le 26 mars 2014

 

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