Festival Ardanthé de Vanves
Festival Ardanthé de Vanves
Depuis seize ans, José Alfarroba développe avec son équipe, un travail acharné et a découvert de jeunes équipes prometteuses ; il leur prête des locaux de répétitions, et leur offre plusieurs dates pour leurs spectacles, souvent repris à Vanves l’année suivante, et dans d’autres lieux à Paris comme la Loge, l’Odéon-Théâtre de l’Europe, bientôt le 104 ou le Théâtre des Tanneurs à Bruxelles.
Les premières saisons d’ARDANTHÉ ont été consacrées à la danse contemporaine, mais le spectre artistique s’est s’ouvert aussi aux performances, à la musique, au théâtre et au cinéma, dans différentes salles de la ville.
Du 27 janvier au 5 avril, pas moins de 57 spectacles dont plusieurs performances, des solos et des spectacles en devenir ont ainsi rassemblé un public passionné, et beaucoup plus jeune que celui d’institutions mieux dotées.
Fire of emotions (chantier) de et par Pamina de Coulon.
Pamina de Coulon, une jeune fille boulotte, est assise par terre ; au moment où nous pénétrons dans un sous-sol de la mairie. Elle se lève, sac au dos, pour entamer un long monologue, à partir de sa « conviction absolue d’être le centre de l’univers ».
Elle entame alors un long monologue philosophique sur l’histoire de l’univers, les fausses assertions de Leibniz et d’Einstein, se coiffe d’une couronne de fleurs, parle, parle avec un débit saccadé. « Aristote affirme n’importe quoi, mais il n’y arien qui prouve le contraire (…) un autre monde est possible (…) There is no alternative (…) depuis que je suis petite, le futur est lié à la mort de mes parents »…
Elle avoue n’avoir pas de texte écrit, et parle, parle au fil de sa pensée, ce qui lui permet de changer, au fil des représentations. Elle n’est pas sûre, dit-elle, d’être une bonne comédienne et pour l’instant, c’est sans doute vrai, mais son naturel est désarmant, le temps de ce solo qui ne dure qu’une vingtaine de minutes.
Pamina de Coulon, née en Suisse, s’est installée à Bruxelles, elle est en résidence à l’L où elle a entamé en 2011, une première phase de recherche avec Si j’apprends à pêcher, je mangerai toute ma vie, qu’elle a présenté au Festival Actoral de Marseille. Fire of émotions ouvre sa seconde phase de recherche à l’L.
Asymptote (chantier) de Kevin Trappeniers
Dans la pénombre, on distingue deux formes humaines, allongées sur le dos, épaule contre épaule, sur un tapis lumineux ; au dessus du plateau jonché de bandes magnétiques, un morceau de voie lactée brille bizarrement.
Un grondement sourd rythme les corps qui se déploient avec une lenteur infernale, on aperçoit un bras, une jambe, les deux dos semblent virils, on s’interroge sur le sexe des corps en question. Avec des mouvements géométriques, ils parviennent enfin après un long, très long moment à se mettre debout, c’est un couple, un homme et une femme qu’on aperçoit enfin devant un cadre jaune lumineux. Malgré sa lenteur, cette performance énigmatique ne manque pas de charme. Kevin Trappeniers a débuté en 2008 avec Jo Decoster, et a suivi des ateliers avec Wim Vandekeybus, entre autres. Il a réalisé trois œuvres qui explorent les frontières entre représentations et installations. Asymptote a été accueilli dans le cadre de son parcours à l’L à Bruxelles.
La vieccha Vacca, écriture et mise en scène de Salvatore Calcagno.
Étonnant spectacle que cette bizarre ronde de femmes dans une cuisine, autour d’un jeune adolescent qu’elles cernent d’un amour dévorant et étouffant. La viecchia Vacca est la deuxième pièce d’un jeune Sicilien de vingt-quatre ans, né en Belgique et formé à l’Institut National des Arts de Bruxelles.
Quatre femmes se déchaînent dans une furie culinaire autour d’un jeune homme muet, pétrifié par ces manifestations d’amour.
Les images baroques et insolites se succèdent, les femmes caquètent en italien avec des échappées en français, seins nus posés sur la table, devant le jeune homme muet et à la fin aussi nu qu’il est sorti du ventre de sa mère.
La beauté des images qui se succèdent à un rythme rapide avec un certain humour, est exempte de toute vulgarité,. Malgré d’inévitables longueurs à la fin du spectacle, le spectacle et son équipe semblent avoir un bel avenir devant eux.
Après Gnocchi qui mettait déjà en scène un « inceste culinaire » , La viecchia Vacca, deuxième spectacle de Salvatore Calcagno, a reçu le soutien de la compagnie d’Armel Roussel, compagnie expérimentée, elle-aussi accueillie régulièrement au Théâtre de Vanves.
Créé à Bruxelles, le spectacle a reçu deux nominations au Palmarès des prix de la critique 2013.
Salvatore Calcagno créera Le Garçon de la piscine au Théâtre des Tanneurs de Bruxelles, en coproduction avec le Théâtre de Vanves, en décembre 2014.
Edith Rappoport
Théâtre de Vanves Festival ARTDANTHÉ jusqu’au 5 avril T : 01 41 33 92 91