Cendrillon, ballet
Cendrillon de Thierry Malandain.
Ce spectacle, depuis sa création en juin 2013 à l’Opéra royal de Versailles a connu un grand succès. Thierry Malandain va au bout de ses intentions: il a réalisé, avec cette adaptation du conte de Charles Perrault une fantaisie légère et actuelle dont le rêve est le moteur dramatique. « Cendrillon, dit-il, a été traité avec une économie de moyens, c’est à dire sans changement de décor, sans artifices, mais avec un plaisir certain, entraîné par l’humanité et la magie du conte, le luxe de la musique, et par des scènes burlesques qui contrebalancent les épisodes oniriques ou malheureux. Bref, nous avons fait de notre mieux pour chasser les nuages et accoucher d’une étoile qui danse».
Ce décor unique fait penser à la vitrine d’un magasin de chaussures de luxe: les trois murs de scène sont occupés par plusieurs centaines de chaussures vernis à talon, élégamment accrochées les unes au-dessus des autres. Le spectacle a été créé avant le film de Guillaume Gallienne… Mais la belle-mère et les deux sœurs sont interprétées par des hommes, tous trois très présents sur scène et parfois dans un jeu trop caricatural!
Cette création est en permanence dansée, ce qui est une vraie qualité, avec une chorégraphie qui, sans être illustrative, rend l’œuvre très lisible. Tous les artistes dansent en chaussons de danse, mais seule, une artiste d’origine mexicaine, et de formation classique comme beaucoup dans le groupe, effectue un solo sur pointes.
Particulièrement remarquables, Claire Lonchampt (la Fée) et dont la présence est marquée par un net changement des lumières, et Miyuki Kanei d’origine japonaise, (Cendrillon), qui apporte une grâce et une belle fragilité au personnage.
Trois caractéristiques fortes de ce ballet: les mouvements harmonieux de groupe qui font parfois penser à des mouvements de natation synchronisée exécutés au sol, et la musique très cinématographique de Serguei Prokofiev qui a, bien sûr, sa propre puissance évocatrice, et la mythique scène du bal… Moment magique qui fait cohabiter douze mannequins féminins sans tête, sur roulettes, avec les vingt danseurs de la compagnie. Ils entament une valse pathétique et belle, et ces mannequins, très bien manipulés, ajoutent aussi une touche de folie surréaliste à ce conte qui a le rêve, pour support…
Jean Couturier
Théâtre National de Chaillot jusqu’au 18 avril
http://www.theatre-chaillot.fr/www.theatre-chaillot.fr