Russia
Russia , chorégraphie et mise en scène de Marcos Morau.
Pour la première en France de sa création, Marcos Morau et sa compagnie La Veronal, évoquent le voyage d’un couple russe, Andrei et Nina, avec pour destination, le lac Baïkal.
Le cinéma d’Andrei Tarkovski est une des références du chorégraphe, mais mieux vaut se laisser aller au bonheur de la découverte de ces scènes avec sept danseuses et un danseur qui ont tous une forte personnalité, et qui occupent le plateau avec une folie et une énergie communicative.
Nous reconnaissons des éléments de notre imaginaire européen sur la Russie, avec des accompagnements de Tchaïkovski et Stravinski, et d’une musique originale de North Howling. Grâce aussi à l’excellent travail de Mariana Rocha, dont les costumes font référence à l’esthétique soviétique des années 80.
La neige, un ours, un hommage aux militaires soviétiques, héros de la patrie, l’harmonie et les conflits d’un groupe de gymnastes, tout ici, toutes nous parle d’une certaine Russie, avec des gestes justes et des personnages crédibles. Ce pays, dont la création artistique continue à nous émerveiller, nous interpelle aussi par sa violence et ses injustices! Anatoli Pristavkine disait : «Il n’y a pas de mauvais peuple, il n’y a que de mauvaises personnes». C’est lui qui avait présidé la commission des grâces présidentielles créée par Boris Eltsine pour tenter d’humaniser l’univers carcéral post-soviétique, et qui fut démis de ses fonctions en 2001… par un certain Vladimir Poutine, déjà président de la Russie!
La scène finale, très réussie, évoque avec force la fascination de la violence et le pouvoir de la kalachnikov et nous fait penser à une certaine actualité récente. Une partition dansée, très originale et à découvrir…
Jean Couturier
Théâtre National de Chaillot jusqu’au 18 avril.