Je dois tout à ma mère
Je dois tout à ma mère de Philippe Honoré, mise en scène d’Edith Vernes.
C’est, à l’origine, un petite phrase comme on entend tous les jours ; elle va exaspérer François qui, en apparence du moins, est un homme qui ne se laisse pas emporter par la colère. Je dois tout à ma mère : ces six mots vont le faire délirer, au point qu’il ait une envie irrépressible et délirante de « buter sa mère », comme il dit, femme tyrannique et dont l’existence lui est devenue très vite insupportable.
La mère, surtout au XXème siècle, a toujours été, on le sait, un des motifs d’inspiration chez nombre d’écrivains fascinés par la figure maternelle; Eschyle déjà, et brillamment, avec des personnages hors du commun, comme la reine Atossa, dans Les Perses, ou une autre reine comme Clytemnestre dans Agamemnon, Proust bien entendu, qui fait de la mère un objet de sublimation dans A la recherche du temps perdu, ou Bataille dans Ma Mère.
Ici, l’argument est plus mince… mais Philippe Honoré, en soixante-cinq minutes top chrono, se met à jouer habilement tous les personnages de son histoire : la mère d’abord, mais aussi le tueur qu’il a recruté, l’ami donneur de leçons… Honoré est expert depuis longtemps dans l’adaptation à la scène de textes littéraires et l’on a pu le voir souvent dans le off à Avignon, et il sait donc faire.
C’est donc souvent aussi brillant que léger, et, comme il a bien appris les principes de base psychanalytiques, il sait où taper sec. On peut rire, ou plutôt sourire, quand finalement, son personnage de François doit reconnaître après plusieurs péripéties, qu’il est effectivement obligé de tout devoir à sa mère. Le passage à l’acte ? On ne vous dévoilera évidemment pas la fin…
Reste à savoir si ce monologue réussit à constituer une soirée de théâtre… Ce n’est pas si sûr mais, au moins, on ne s’ennuie pas une seconde.
Philippe du Vignal
Théâtre du Lucernaire Paris VIème, à 21h.