France-Allemagne

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France-Allemagne, conception et mise en scène de  Jocelyn Lagarrigue, Rainer Sievert et Marc Wels.

 

C’est un duo entre deux acteurs, un Allemand Rainer Sievert et un Français  Jocelyn Lagarrigue, avec, comme prétexte, le match de foot en demi-finale de la Coupe du Monde (1982) à Séville que la France avait perdue contre la République Fédérale Allemande. L’équipe française avait des joueurs exceptionnels entrés depuis dans la mythologie du foot comme Tigana, Platini, Giresse, Six, Rocheteau. Trésor… et des qualités physiques indéniables. Mais les Français semblaient avoir quelques complexes face à des joueurs allemands à la rigueur exemplaire et assez agressifs. Ainsi Schumacher, le gardien de but blessa gravement Patrick Battiston, qui dut être évacué.
Malgré une belle deuxième mi-temps, où le quatuor Rocheteau, Platini, Six, Giresse et Trésor fit des merveilles, les Français, sans doute maladroits dans leur stratégie et privés de Battiston, se firent déborder par les Allemands, très offensifs. L’arbitre ne fut sans doute pas impartial et cela, à plusieurs reprises. Ce fut les prolongations,  le match se joua aux tirs aux buts, mais les Français perdirent …
C’est tout cela que les compères essayent de raconter  mais ils évoquent aussi l’histoire des relations difficiles entre les deux pays, tous les deux victimes de deux guerres épouvantables qui les vidèrent des meilleurs d’entre eux. Gestuelle impeccable, bonne diction,
Jocelyn Lagarrigue,  sont tout à fait à l’aise sur la petite scène..
Et cela fonctionne? Non, pas du tout… La faute à quoi? D’abord à une dramaturgie et à un dialogue des plus faiblards: c’est bien joli d’évoquer quelques souvenirs historiques, et, de temps en temps, de regarder sur un petit poste de télé une prétendue retransmission de ce match légendaire mais cela ne suffit pas. Surtout quand la mise en scène est des plus laborieuses où tout est de bric et de broc, sans véritable fil rouge.
Résultat: le spectacle se traîne et ces quelque 80 minutes sont interminables. Et on oubliera vite ce qui prétend être une scénographie: un ancien électrophone rouge pour  33 tours, une pelouse en vinyle vert et un gros canapé en cuir. « Faire
sortir les démons et « délirer » l’Histoire », disent les trois auteurs, soit… mais encore faudrait-il s’en donner les moyens. Et ce n’est pas le cas ici. Il y a quand même  un bon moment quand  Rainer Sievert explique en allemand et crayonne de marqueur une grande carte routière pour expliquer la réunification de son pays: c’est à la fois ludique, et bien fait. Mais cela ne dure pas, et pour le reste, le spectacle est plus que décevant! Donc, allez-y si vous voulez, mais, très franchement, cela n’en vaut pas le coup.
Cerise sur le gâteau: l’accueil au Lucernaire s’est bien dégradé et les ouvreuses, fort peu aimables font attendre le public debout dans le hall; le spectacle a ainsi débuté, sans un seul mot d’excuses, avec douze minutes de retard. Cherchez l’erreur…

Philippe du Vignal

Théâtre du Lucernaire du mardi au samedi à 21h30  le dimanche à 17h,  jusqu’au 12 juillet,


Archive pour 28 mai, 2014

Le Passage du Cap Horn

Le Passage du Cap Horn wpid-Photo-20140528102051

 

Le Passage du Cap Horn, texte et mise en scène de Wladyslaw Znorko.

Nous avons revu avec nostalgie Le Passage du Cap Horn, le dernier spectacle de Wladyslaw Znorko, décédé l’an passé. La première avait eu lieu à Marseille, dans son lieu La Gare franche en février 2012, (voir l’article de Philippe du Vignal dans Les Lettres françaises et dans Le Théâtre du Blog) puis l’été dernier, à Villeneuve-lès-Avignon. Cette  seconde version nous avait beaucoup impressionné par une invention verbale peu fréquente chez ce poète de la scène si avare de mots.  Nous avons été frappés par la résonance testamentaire de cette troisième version et ce sentiment est renforcé par la présence d’amis et proches, venus retrouver la mélancolie festive du Cosmos Kolej après la disparition de son créateur.

Plus resserré, plus explicite aussi, ce voyage de mademoiselle Bricole sur un radeau imaginaire nous a beaucoup touché… Comme un signe d’adieu et d’amitié à chacun de nous, comme Znorko savait si bien le faire.
Il serait
vain de vouloir décrypter les aventures tendres et burlesques de Mademoiselle Bricole avec ses deux fantômes du pôle Nord et du pôle Sud. Mais il serait aussi léger de croire à une œuvre de pur divertissement, destiné aux « mousses de plus de huit ans ».
Cette fable a pu continuer à vivre en l’absence de son créatzeur parce qu’il n’était ni un metteur en scène, ni un auteur au sens traditionnel du terme. Il bricolait ses spectacles avec rigueur et liberté, en proscrivant l’anecdote et l’illustration, tout en sachant que la vie scénique exige toujours une prise de risques, comme… celle du passage du Cap Horn!

Il avait su glisser, sous les échanges facétieux de ses compères (Philippe Vincenot et Jacques Pabst) et la candeur naïve de la jeune héroïne, (Florence Masure), un monde de sensations les spectateurs, jeunes et vieux, sont plongés dans le merveilleux et l’effroi : cela a toujours été le but avoué de sa quête d’un futur antérieur.
On rit beaucoup à cette
robinsonnade. Mais sans larmes -notre ami détestait les effusions- mais avec une interrogation intense (et parfois amère) sur un au-delà et un en-deçà des réalités quotidiennes. Ce balancement entre un passé perdu et un avenir énigmatique, fonde la démarche des artistes soucieux de réparer, avec leurs pauvres mots, l’usure de la langue et des images.

L’imaginaire peut parfois, mieux que notre mémoire, éclairer les ténèbres d’un inconscient raviné par les eaux de l’oubli. Comme un chasseur de trésors, Wladyslaw Znorko explorait les bas-fonds d’une vie mutilée pour en retirer non des perles, mais des objets de rebut ou les vestiges rouillés de très anciens naufrages!
Et s’il a prêté à la gentille Bricole, ses désirs refoulés d’aventures impossibles, il lui a aussi montré un moyen de « passer de l’autre côté», en obstruant le passage fatidique avec des navires échoués depuis la nuit des temps….

Gérard Conio

Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis du 21 au 25 mai/
Et en
2015 à Vesoul.

 

 

La saison 2014-2015 au Théâtre de la Ville

La saison 2014-2015 au Théâtre de la Ville dans actualites wpid-Photo-20140528004853

La saison 2014-2015 au Théâtre de la Ville.

 

    Dominique Alduy, la Présidente du Théâtre de la Ville s’est félicitée des très  bons résultats de la saison passée, c’est 255.000 spectateurs, 160.000 abonnés , et 95.000 places payantes pour les non abonnés sur les deux sites: place du Châtelet et aux Abbesses, ce qui est évidemment due à une politique artistique très pointue, et une approche du public en particulier, les jeunes avec 55.000 de moins de trente ans et la création de 32 ateliers dans le cadre des aménagements du rythme scolaire…Anne Hidalgo, la nouvelle Maire de Paris comme l’adjoint à la Culture, se faisaient remarquer par leur absence. Dommage! Surtout à un moment où la Culture prend des coups de tous les côtés.

Emmanuel Demarcy-Motta,  avec, comme d’habitude un langage brillant et précis, dont cela va être la sixième saison à la tête de ce grand bateau va encore augmenter la voilure avec, au total, 101 spectacles pour plus de 600 représentations et a salué l’efficacité du travail de son équipe. Le point noir, a-t-il dit, restant le vieillissement évident de l’équipement technique de ce  théâtre réaménagé en 68, auquel il va falloir très vite s’attaquer.
Côté théâtre, pas de grande surprise mais des auteurs classiques avec des créations  que l’on n’a pas encore vues en France, comme Mère Courage du Berliner Ensemble dans la mise en scène de Claus Peymann, et Le Mariage de Maria Braun d’après Rainer Werner Fassbinder, dans la mise en scène de Thomas Ostermeier, ou Antigone par le metteur en scène belge Ivo van Hove avec Juliette Binoche.  Ou vu pour quelques représentations à la Maison de la Culture du Japon, comme le très remarquable spectacle de Kunio Shimizu, mis en scène par Yukio Ninagawa, Corbeaux! Nos fusils sont chargés (voir Le Théâtre du Blog) où, face à une justice véreuse, des grands-mères débarquent au tribunal où comparaissent leurs petits-fils…
Emmanuel Demarcy-Motta lui montera Six personnages en quête d’auteur de Pirandello; et   reprendra l’excellent Faiseur de Balzac qui a connu cette année un beau succès.  Il a aussi fait appel à Olivier Py avec Orlando ou l’impatience, qui sera créé au prochain festival d’Avignon.Innovation comme à l’Odéon l’an passé, Emmanuel Demarcy-Motta a offert ses plateaux à deux jeunes metteuses en scène: Mélanie Leray  avec La Mégère apprivoisée et  le collectif In vitro de Julie Deliquet (voir Le Théâtre du Blog) avec un tryptique La Noce de Brecht, Derniers remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce et Nous somme seuls maintenant, une création collective. Ce qui est une excellente chose , à un époque où on le sait, « parvenir, pour de jeunes compagnies à entrer dans la forteresse » comme le disait finement Antoine Vitez, devient des plus difficiles.
Bref, Emmanuel Demarcy-Motta a plusieurs fois insisté sur la rigueur budgétaire nécessaire  dans son théâtre, et sur la mutualisation des moyens en particulier avec le Festival d’Automne dont il est aussi directeur, surtout en période de vaches maigres, mais aussi sur l’ouverture qu’il a généreusement initiée et confirmée vers les théâtres des pays étrangers, notamment les moins fortunés comme ceux du Sud (Grèce, Portugal…) avec en particulier Les Chantiers d’Europe qui vont débuter en juin prochain comme chaque année depuis quatre ans.  Et sur la collaboration qu’il veut développer encore davantage avec de lieux comme le Cent-Quatre, le Grand Parquet, Le Théâtre de la Cité universitaire, Le Nouveau théâtre de Montreuil… Comme avec l’Education nationale.
Emmanuel Demarcy Motta a aussi salué Anne-Marie Bigorne, la très efficace directrice du service de presse, déjà aux manettes sous le règne de Jean Mercure le fondateur du Théâtre de la Ville , puis de Gérard Violette, qui part bientôt à la retraite. C’est un des piliers de son équipe qui s’en va…

Philippe du Vignal


Comme pour celle du théâtre, la programmation danse au Théâtre de la Ville se fait parfois en partenariat avec d’autres scènes, en particulier avec le Théâtre du Châtelet qui présente avec le Tanztheater de Wuppertal Nelken, la pièce mythique de Pina Bausch, entre le 12 et 17 mai. Ensuite Pour les enfants d’hier, d’aujourd’hui et de demain, programmé du 21 au 30 mai, la troupe de retrouvera son théâtre de cœur, le Théâtre de la Ville. Cette collaboration sur trois semaines va multiplier par deux l’offre proposée aux spectateurs, soit 20.000 places. Il y aura trente pièces de danse de douze pays, et plus de 100.000 places…
La nouvelle saison met à l’honneur un autre grand chorégraphe, William Forsythe qui  a décidé de quitter la fonction de directeur artistique de sa compagnie;  le festival d’Automne va lui rendre hommage en lui dédiant une programmation dans plusieurs lieux, avec plusieurs compagnies : à commencer par la sienne au théâtre National de Chaillot puis, au Théâtre de la Ville, avec le Semperoper Ballet de Dresde et le Ballet de l’Opéra de Lyon.
Les habitués : Maguy Marin, Boris Charmatz, Ambra Senatore, Angelin Prejlocaj, Robyn Orlin, Rachid Ouramdane, Hofesh Shechter, et Ana Teresa De Keersmaeker seront aussi présents et u-
n revenant du passé, Georges Appaix, est invité en octobre. Et le  spectacle très attendu de Akram Khan et Israel Galvan,  sera présenté pendant les fêtes de Noël. A ne pas manquer: la reprise de Plexus dansé par Kaori Ito et mis en scène par Aurélien Bory, ni la nouvelle création de Peeping Tom.
Au total, vingt cinq spectacles de danse,
dont plusieurs découvertes comme Vincent Dupont, Simon Tanguy (2ème prix au concours de Danse élargie 2010), Lucy Guérin, Le Tao Dance Theater  chinois. Donc une saison riche et variée…

 

Jean Couturier

 

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