Le Passage du Cap Horn

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Le Passage du Cap Horn, texte et mise en scène de Wladyslaw Znorko.

Nous avons revu avec nostalgie Le Passage du Cap Horn, le dernier spectacle de Wladyslaw Znorko, décédé l’an passé. La première avait eu lieu à Marseille, dans son lieu La Gare franche en février 2012, (voir l’article de Philippe du Vignal dans Les Lettres françaises et dans Le Théâtre du Blog) puis l’été dernier, à Villeneuve-lès-Avignon. Cette  seconde version nous avait beaucoup impressionné par une invention verbale peu fréquente chez ce poète de la scène si avare de mots.  Nous avons été frappés par la résonance testamentaire de cette troisième version et ce sentiment est renforcé par la présence d’amis et proches, venus retrouver la mélancolie festive du Cosmos Kolej après la disparition de son créateur.

Plus resserré, plus explicite aussi, ce voyage de mademoiselle Bricole sur un radeau imaginaire nous a beaucoup touché… Comme un signe d’adieu et d’amitié à chacun de nous, comme Znorko savait si bien le faire.
Il serait
vain de vouloir décrypter les aventures tendres et burlesques de Mademoiselle Bricole avec ses deux fantômes du pôle Nord et du pôle Sud. Mais il serait aussi léger de croire à une œuvre de pur divertissement, destiné aux « mousses de plus de huit ans ».
Cette fable a pu continuer à vivre en l’absence de son créatzeur parce qu’il n’était ni un metteur en scène, ni un auteur au sens traditionnel du terme. Il bricolait ses spectacles avec rigueur et liberté, en proscrivant l’anecdote et l’illustration, tout en sachant que la vie scénique exige toujours une prise de risques, comme… celle du passage du Cap Horn!

Il avait su glisser, sous les échanges facétieux de ses compères (Philippe Vincenot et Jacques Pabst) et la candeur naïve de la jeune héroïne, (Florence Masure), un monde de sensations les spectateurs, jeunes et vieux, sont plongés dans le merveilleux et l’effroi : cela a toujours été le but avoué de sa quête d’un futur antérieur.
On rit beaucoup à cette
robinsonnade. Mais sans larmes -notre ami détestait les effusions- mais avec une interrogation intense (et parfois amère) sur un au-delà et un en-deçà des réalités quotidiennes. Ce balancement entre un passé perdu et un avenir énigmatique, fonde la démarche des artistes soucieux de réparer, avec leurs pauvres mots, l’usure de la langue et des images.

L’imaginaire peut parfois, mieux que notre mémoire, éclairer les ténèbres d’un inconscient raviné par les eaux de l’oubli. Comme un chasseur de trésors, Wladyslaw Znorko explorait les bas-fonds d’une vie mutilée pour en retirer non des perles, mais des objets de rebut ou les vestiges rouillés de très anciens naufrages!
Et s’il a prêté à la gentille Bricole, ses désirs refoulés d’aventures impossibles, il lui a aussi montré un moyen de « passer de l’autre côté», en obstruant le passage fatidique avec des navires échoués depuis la nuit des temps….

Gérard Conio

Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis du 21 au 25 mai/
Et en
2015 à Vesoul.

 

 

 


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