Lac (le lac des cygnes)

Lac, chorégraphie de Jean-Christophe Maillot, musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski.

 

photo«Le sujet du Lac des Cygnes plonge dans la mythologie aquatique si propre aux Slaves, celle où la fatalité prend une allure d’autant plus inquiétante qu’elle se trouve liée aux mystères de la nature, ceux contre lesquels il n’y a pas de recours. L’homme est ici épris d’une femme qui n’est pas de son essence, et n’obéit pas aux lois humaines: c’est une femme-cygne, c’est l’exception, l’inaccessible, l’amour que Tchaïkovski ne peut connaître… annonçait le texte du programme de l’Opéra de Paris en 1984.
Jean-Christophe Maillot, lui, aidé de Jean Rouaud pour la dramaturgie, a voulu rendre plus lisible ce monument du ballet classique. Et il a d’abord imaginé une sorte de prologue, avec un petit film en noir et blanc, qui nous plonge dans l’enfance des héros romantiques de ce fameux Lac. Et Ernest  Pignon-Ernest a imaginé une scénographie très sobre mais qui semble avoir été modifiée pour le plateau Jean Vilar,  pourtant profond mais où  les trente interprètes se trouvent à l’étroit, en particulier au premier acte… Un acte tout en couleurs avec des changements de teintes du fond de scène, et des costumes pour le corps de ballet, qui prennent celles de l’arc-en-ciel.
Le travail de Philippe Guillotel est ici remarquable, en particulier pour les fameux Cygnes : plus de tutu  et des danseuses  en body blanc, avec de fines lanières blanches et grises de tulle simulant les plumes.
L’interprétation de la première distribution est cohérente, avec la reine (Mimoza Koike) et le roi (Alvaro Prieto), tous deux très convaincants. Bernice Coppieters, la Majesté de la nuit, personnage qui remplace ici le magicien Rothbart des versions antérieures, est ici le moteur de l’intrigue avec son issue fatale, et elle est exceptionnelle de présence scénique et  assume bien la perversité de son  personnage, aidée par les deux excellents Archanges des Ténèbres. Stephan Bourgond danse un Prince plein de doute, mi-Hamlet, mi-Richard II et, à cette fragilité, Anja Behrend (le Cygne Blanc) répond avec toute sa grâce et son animalité.
L’acte II dans la forêt – le plus connu du grand public – et l’acte III à la Cour sont dansés avec une belle énergie. Mais il y a un manque d’harmonie physique entre les danseuses du groupe des Cygnes.  Ce Lac (deux heures avec entracte) est convaincant, et d’une parfaite réalisation, même si la musique de Tchaïkovski écrase souvent de sa puissance dramatique les images produites.
Mailllot n’avait pas présenté de spectacle depuis dix ans à Paris, et il ne faut pas hésiter à venir voir ce travail qui lie le geste théâtral et la danse, d’autant que l’occasion est rare de voir une autre chorégraphie que celle de Rudolf Noureev…

 

Jean Couturier

Théâtre National de Chaillot jusqu’au 13 juin ; T: 01 53 65 30 00 / www.theatre-chaillot.fr

 

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