Festival de caves : Caprices

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Festival de caves, suite : Caprices, de José Drevon, d‘après les gravures de Goya, mise en scène de  Guillaume Dujardin.

Capillarité, contagion, tentacules et géométrie variable : le Festival des caves, lancé il y a neuf ans à Besançon par Guillaume Dujardin, s’étend cette année sur soixante villes, avec au moins, une trentaine de permanents, dont une troupe flexible d’une vingtaine d’acteurs  et metteurs en scène qui réalisent aussi parfois les costumes. Sans compter les spectacles invités, qui font éclore ici ou là une bulle de festival, pour deux ou trois soirs… Souplesse, élasticité : le festival se reproduit par scissiparité, ouvert sur le choix des comédiens de s’emparer d’un texte et de faire appel à tel ou tel metteur en scène.
Le paradoxe du festival est là, dans la symbiose entre le « beaucoup », de représentations, de gens concernés, et le « peu », d’acteurs sur scène, de spectateurs, forcément, dans chaque cave. Une démultiplication de l’intime, une immense toile d’araignée de proximité. Ça marche : un texte important, historique, comme le Journal de Gœbels, hallucinant de banalité et d’idolâtrie envers son maître Hitler (voir Le Théâtre du Blog)), ou poétique, ou rare, confié à ou deux comédiens dans une scénographie minimale éclairée au plus près, rencontre « dans la vraie vie » son public de huit à dix personnes. Le cercle de l’attention est réduit, et d’autant plus dense.
Mais cela ne pardonne pas. Heureusement, Caprices n’a rien à se faire pardonner, sinon parfois ce qu’on pourrait appeler le puritanisme artistique de l’acteur qui, pour ne pas forcer la voix, pour ne pas aller chercher le public, se tient à la limite de l’audible. Mais enfin, le public fait l’effort que mérite le texte. Les yeux pleins des Caprices de Goya, José Drevon a écrit un très beau texte, foisonnant, baroque, qui fait descendre le peintre au fond de la « cave » de sa vérité, une fois tombé l’habit du portraitiste officiel de la cour.
En haut, les Lumières, ici, la part d’ombre, qui est au moins la moitié de la vie humaine, évoquée avec amour à la lueur du noir et sépia de la gravure. Le corps du comédien Maxime Kernazet est soumis par les éclairages de Christophe Forey à d’étonnantes métamorphoses. Que demander de plus ? Simplement que la “fantaisie“ ne perde rien en route. On y est (presque), avec une ombre féminine qui rejoint l’homme torturé esseulé, et le console.

Christine Friedel

Festival de caves 2014 (9ème édition) en partenariat avec le Théâtre de l’Atalante.
Attention: Les spectacles ont lieu dans des caves ; le rendez-vous vous sera indiqué par texto. Réservation indispensable: T:  01 46 06 11 90. 

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