Fugue en L mineure
Prix Jeunes metteurs en scène au Théâtre 13
Fugue en L mineure, épopée nocturne d’une héroïne en jupe courte de Léonie Casthel, mise en scène de Chloé Simoneau
Le Théâtre 13 organise depuis neuf ans un concours dédié aux jeunes metteurs en scène : les participants ont entre ving-cinq et trente-cinq ans, et les spetacles doivent comporter au minimum six comédiens. Un jury retient les six meilleurs projets parmi les quelque quatre-vingt qui lui sont présentés chaque année. Le lauréat sera programmé au Théâtre 13, et gagne 8.000 euros. Argent bienvenu puisque, pour toute rétribution, les compagnies ne reçoivent que 80% de la recette.
Cette année, les autres metteurs en scène sélectionnés sont :Pauline Bayle pour A L’ouest des terres sauvages de Pauline Bayle ; Augustin Billetdoux Julie Duquenoy pour Ni Dieu ni Diable d’Augustin Billetdoux ; Joséphine De Surmont pour Les Vagues, L’Aurore de Virginia Woolf ; Chloé Sévane Sybesma pour Papiers d’Arménie ou Sans retour possible de Caroline Safarian ; Ismaël Tifouche Nieto pour Jeux de massacre d’Eugène Ionesco
Fugue en L mineure est la première pièce de Léonie Casthel. « Cette pièce s’est imposée à moi : elle parle de femmes et de rencontres, de celles qui permettent de se penser autrement et j’ai été très touchée par cette écriture affirmée, contemporaine et sensible », explique la metteuse en scène. En effet, l’itinéraire d’une adolescente en rupture de ban et le regard de celle-ci sur le monde témoigne d’une maîtrise de l’écriture, d’une finesse d’analyse et d’un style personnel et percutant.
La pièce, et par conséquent le spectacle, se construit en boucle, sur le mode de la fugue : autour d’Elle et de son double (sa voix intérieure incarnée ici par une deuxième comédienne), gravitent les personnages de son univers familial et social, ceux aussi qu’elle rencontre dans son périple. A cause d’une jupe trop courte, que son père lui interdit de porter car elle constitue selon lui un appel au viol, Elle fugue.
La gamine, en crise, s’interroge sur sa féminité, les garçons, la sexualité, la relation entre son père et sa mère ; depuis son point de fuite, Elle passe en revue des scènes traumatisantes de sa vie d’adolescente, surgies comme autant de flash back obsédants.
La metteuse en scène fait advenir tous ces personnages qui se déploient, comme une ronde, autour de l’héroïne, figures récurrentes et obsédantes. Musique et gestion de l’espace, lumières, tout ici contribue à créer des images fortes. Et quand la pièce prend une tonalité de manifeste féministe, Chloé Simoneau sait en doser les nuances au point de ne pas faire diversion. Si bien que le spectacle, tout en étant engagé, ne perd jamais de sa force poétique. Si les autres spectacles sont à ce niveau, le jury aura du mal à départager les candidats.
Résultat des courses, le 2 juillet .
Mireille Davidovici
Théâtre 13 www.theatre13.com