Perdues dans Stockholm

Perdues dans Stockholm, texte et mise en scène de Pierre Notte.

 

PERDUES-DANS-STOCKHOLM_GiovanniCittadiniCesi_187-300x200Pierre Notte est à la fois comédien, metteur en scène, et auteur  de pièces comme  entre autres, Les Couteaux dans le dos, Journalistes, Moi aussi je suis Catherine Deneuve… Il s’agit ici d’une sorte de parabole qui se veut à la fois farcesque et poétique où deux curieux personnages, pas très nets, le jeune Lulu, qui s’habille en fille et sa tante ont l’idée d’enlever une présidente de festival de cinéma pour exiger une rançon.
Bien entendu, cela ne fonctionne pas , et tout se va déglinguer… sinon il n’y aurait pas de pièce. Il y a au départ, une belle idée: la méprise totale sur l’identité de la dame enlevée. Les deux complices amateurs se retrouvent ainsi face à une jeune comédienne, sans doute intermittente, pas très bien dans sa peau, et qui a bien du mal à gagner sa vie. Et aussi comme elle, aussi paumés.
Tous déjantés, ils sont finalement assez proches les uns des autres: la tante qui, sous des airs de vieille pétasse, possède un caractère bien trempé et sait preuve d’autorité, le jeune homme qui a visiblement des ennuis d’identité, voudrait bien devenir une vraie femme et avoir ainsi un petit morceau de la tarte de bonheur, et une jeune comédienne qui ne sait plus très bien qui elle est, la Nina de La Mouette de Tchekhov, ou la jeune comédienne, à tour de rôle expansive et le moral à la dérive, avide de réussite professionnelle mais qui ne semble pas y croire elle-même.
Bref, la jeune femme enlevée, la tante, et Lulu, ces trois personnages ont un dénominateur commun: le rêve comme chance de survie… et remède à une solitude existentielle. Sur scène, pas grand chose que des praticables astucieux transformés à vue par les trois acteurs, et Pierre Notte a donc habilement donné priorité au jeu…
Et cela donne quoi? Le premier quart d’heure est bien enlevé, avec un zeste de fantaisie, avec un dialogue même parfois assez drôle, vite, la pièce, qui aurait dû rester un sketch, s’enfonce dans un ennui irréversible. Et cela, malgré quelques répliques brillantes qui aèrent les choses, mais faciles et  à coup de jeux de mots, façon Sacha Guitry, voire boulevardières, du genre: -Je vais mettre un terme à ma carrière. –Vous avez une carrière? Ou: –C’était pas tous les jours Beyrouth mais c’était pas Byzance!. Ou encore:- Les freins avaient lâché, j’ai été relâchée.
Il n’y a guère de fil rouge, les petites scènes se succèdent dans un bavardage ininterrompu et tout se passe comme si Pierre Notte, essayait de remplir 90 minutes… On fait des crêpes, puis on les mange, on joue au mini-golf, etc.. mais, rien à faire, cela ne décolle pas et n’en finit plus. Malgré une direction d’acteurs très précise – Juliette Coulon, Brice Hillairet, Silvie Laguna possèdent une rare qualité de jeu – ce semblant de pièce souffre d’un grave manque d’exigence dramaturgique…
Hitchcock disait qu’un bon film, c’est d’abord un bon scénario, ensuite un bon scénario et enfin un bon scénario! Et ce qui vaut pour un plateau de cinéma est aussi valable pour une scène de théâtre.
Reste un bel exercice d’acteurs mais cela fait-il une soirée?La réponse est évidemment non et, en termes de plaisir théâtral, le compte n’y est pas… Dommage.

 

Philippe du Vignal

 

Théâtre du Rond-Point T: 01 44 95 98 21 jusqu’au 29 juin.

 

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