Tchip

Tchip d’Éric Durnez, mise en scène de Ricardo Lopez Munoz.

TCHIP SOLÉric Durnez comptait parmi les plus grands auteurs belges francophones actuels. Il s’est éteint le 6 juin dernier dans le petit village du Gers où il avait élu domicile depuis 1999. Son écriture, vive, simple et très intérieure, mettait toujours en valeur la fragilité des gens.
« Les personnages de théâtre, disait-il, s’élaborent à partir de leurs failles ou leurs déchirures secrètes que la pièce ne dévoile pas ou partiellement (…) Et que cela aboutisse à des issues très sombres reflète sans doute (hélas peut-être) ma vision du monde ».
Parmi la trentaine de ses pièces publiées : Broussailles, Le Fils de la vodka menthe, le Voyage intraordinaire ou le somptueux Childéric, unique phrase du spectacle d’une heure, donné par Thierry Hellin au Théâtre des Doms à Avignon en 2012. Toute son œuvre ou presque est éditée chez Émile Lansman, inconsolable d’avoir perdu un ami, qu’il revoyait chaque été au festival Isérois Textes en l’air, où il officiait aussi comme cuisinier.
Tchip a été écrit en résidence en Guyane « une pièce sertie dans un territoire lourd de son histoire mouvementée de la confrontation des nombreuses communautés qui le peuplent légalement ou non ». Dans cette Guyane « peuplée de fantômes », quatre personnages : Louis Kerouac, qui est venu se refaire, et fuir la métropole aux bras de Mira qui ramène avec elle ce nouveau compagnon. Difficile à accepter pour Jérôme, son fils, un peu coincé et abandonné dans ce monde et dans cette région.
Et puis il y a l’énigmatique Deevee, l’ami de Jérôme, qui se révèlera ne pas être celui que l’on croit, après un conflit avec Louis. Jérôme construit en secret une fusée qu’il lancera lors de la fête,  mais  son nouveau beau-père donne déjà des signes d’agressivité et de supériorité.
La dernière pièce d’Eric Durnez n’est pas sa meilleure et son passage à la scène, loin d’être réussi ! Une ambiance sonore permanente. Amplification des voix et effets d’écho, vrombissement de guêpes, musique trop présente, jingles pour passer d’une scène à une autre:  le théâtre ici se fait rarement avec la simple parole des acteurs, et le court moment de play-back est mal synchronisé. Les pièces d’Éric Durnez ne sont pas très bavardes mais Ricardo Lopez Munoz semble avoir oublié qu’un spectacle vaut aussi (et surtout) par ses silences…
On a l’impression que Ricardo Lopez Munoz a eu peur du silence, alors qu’il aurait dû faire confiance au texte et aux acteurs… Le metteur en scène appuie et surligne : un des personnages dit qu’il fait moins 15° et se frotte en grelottant! Et tous les gestes sont chorégraphiés, ce qui les rend artificiels et rompt le rythme du spectacle. Deevee joue du coupe-coupe comme un samurai échappé d’un manga, et Louis a une chemise étriquée sans col, typique du colonisateur.
Mention spéciale quand même à Grégory Alexander qui habite son personnage avec une belle voix nuancée.

Julien Barsan

Spectacle vu au Tarmac Pairs XX ème.

 

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