Présentations de saisons : Théâtre 71 Malakoff, Théâtre de la Commune, Aubervilliers.

Présentations de saison : Théâtre 71 de Malakoff, Théâtre de la Commune d’Aubervilliers.

 

 

cbkC’est le moment : pour beaucoup de théâtres (surtout en Île-de-France), les bonnes résolutions de rentrée se prennent dès le mois de juin. Bilans et surtout projets défilent, avec le collier de perles des spectacles. C’est partout le même cérémonial ? On s’y ennuie ? On aurait tort.
Prenons l’exemple de deux villes et de deux théâtres très différents et très proches à la fois. Avec deux points communs qui n’en font qu’un : un beau public, un vrai public dans une municipalité qui aime et défend son théâtre et ses habitants.
À Malakoff, on voit se dessiner la saison irréprochable d’une scène nationale qui vit bien, raisonnablement à l’aise dans les échanges entre les disciplines et les indisciplinés –à quoi appartiendrait Le grand fracas issu de rien ? de Pierre Guillois- et entre les réseaux. Pour la création, danse, théâtre, musique…, Malakoff a sa Fabrique des arts. Pour les invités, ses fidèles, Jacques Vincey, par exemple, nouveau directeur du CDN de Tours, avec Yvonne Princesse de Bourgogne de Gombrowicz ou le suisse Jean Liermier et son Malade imaginaire.
Pierre-François Roussillon, le directeur de Malakoff, conduit la barque, chargée comme il faut. Ici, le public se retrouve en famille, entre amis, dans une sorte de tendresse et de fierté qui ne tombent pas de la lune, mais d’un travail continu, depuis quarante-trois ans. L’institution, née de la décentralisation et de la démocratisation des arts, marche, et bien.
Theatre-de-la-Commune-Centre-dramatique-national-d-Aubervilliers-Aubervilliers_w258h247C’est évidemment vrai aussi pour le Théâtre de la Commune, Centre Dramatique National d’Aubervilliers, dans un tout autre style. Marie-José Malis, sa nouvelle directrice, a posé résolument les bases de son projet : nous avons un travail à faire ensemble, artistes et public, « mûrir dans le désir d’un monde ». Nous avons, dit-elle, « beaucoup de muscles pour la critique », et peu pour le possible.

Dans cette visée, le spectacle n’est pas un divertissement, mais une hypothèse à suivre, à partager, à débattre. Si elle a choisi Hyperion de Hölderlin, c’est pour l’éclairage sans reniement ni nostalgie que la pièce porte sur l’échec de la Révolution française. C’est « faire usage du théâtre » : chercher des ressources de pensée pour aujourd’hui dans des textes qui rendent compte de façon lumineuse de la complexité du monde.
L’ambition et sérieuse, et surtout pas refermée sur une élite : comme à son origine, Gabriel Garran et Jack Ralite étaient là pour en témoigner, et pour adouber le nouveau projet, le théâtre ne peut interroger la ville que s’il lui est ouvert. D’abord le bâtiment : le restaurant sera ouvert à midi, pour ceux qui travaillent dans le quartier, et non plus seulement pour les spectateurs du soir, et l’après-midi, aux associations. Mais surtout, ce que Jack Ralite appelle « le courage de la création et de la connaissance en actes », ce qui définit le projet même de Marie-José Malis, les artistes auront, encore et encore, à chercher la matière, le feu de leur travail dans cette Commune si bien nommée, dans la force méconnue du peuple d’Aubervilliers.

Et un souhait « énorme » : que le théâtre redonne toute sa valeur au terme « intellectuel » ! Pensons, réfléchissons, les amis, cela vaudra mieux que de se fier à de tristes idées. Et n’ayons pas peur des grands mots : ils sont les bienvenus en cette période désabusée, pour nous faire sortir la tête de l’eau. Marie-José Malis a un an pour bousculer les habitudes et inventer de nouvelles pratiques d’alliance entre artistes et spectateurs, pour fêter en 2015 et dans une vraie joie, les cinquante ans d’un théâtre exemplaire. Et le talent du public, que l’on redécouvre à l’occasion de ces présentations de saison.

 

Christine Friedel

 

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...