classe de Sandy Ouvrier
Journées de juin du conservatoire national d’art dramatique: classe de Sandy Ouvrier.
Cela se passe dans la belle salle Louis Jouvet, aux murs tout habillés de chêne et une porte à deux battants qui est déjà un formidable décor en elle-même. Avec une scénographie bi-frontale pour quelque cent spectateurs. Sandy Ouvrier a choisi de faire travailler ses élèves de première année sur une évocation (sic) du Mariage de Figaro ou la folle journée de Beaumarchais. Soit dix scènes plutôt bien choisies, avec une succession de Suzanne, le comte, La comtesse, Chérubin et bien sûr, Figaro. De façon, équation quasiment insoluble, à donner un petit morceau d’entrecôte à chacun des dix-sept élèves. Certaines scènes étant reliés par le récit de l’intrigue, au micro un garçon et une fille. Tout le monde est pieds nus, les garçons sont habillés en noir et les filles (c’est épouvantablement laid mais on fait avec!) de déshabillés rouge, vert, jaune, très acides…
Sandy Ouvrier se sort plutôt bien de cet exercice des plus périlleux; sa mise en scène est plutôt une mise en place, avec, sur des airs de musique classique, des courses/farandoles sur le parquet. Il n’y a évidemment aucun projet dramaturgique et c’est sans doute mieux comme cela, puisque ce n’est pas le but de l’opération. Quant aux élèves, ils ont peu de temps pour convaincre mais on voit tout de suite qu’il sont bien dirigés: il y a une véritable unité de jeu, et personne ne cabotine. Diction impeccable, aucune criaillerie (c’est déjà cela par les temps qui courent!) et on les entend tous bien; très concentrés, ils sont à l’aise, même si c’est souvent encore un peu raide du côté gestuel.
Mais de là à repérer de futurs bons comédiens… C’est une pièce difficile à interpréter et rappelons que, de toute façon, c’est un exercice… Anna Sofia da Silva Lopez est, bien entendu, trop jeune pour jouer la comtesse mais d’ici quelques dix ans, elle peut largement tenir le rôle, comme Raphaël Naasz qui ne se débrouille pas mal du tout dans Figaro. Mais bon, cela ne veut pas dire que leurs camarades ne font pas le boulot.
Après un entracte, on a droit à des exercices à partir de Quartett d’Heiner Muller. avec dix de ces mêmes élèves. Sandy Ouvrier aurait pu nous épargner une mise en abyme vidéo: c’est aussi inutile que prétentieux surtout pour un exercice d’élèves, dont on voit le visage très grossi en plusieurs exemplaires. Cela dit, les dialogues de Valmont et Merteuil, adaptés du célèbre roman Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos sont dits avec toute la cruauté nécessaire et on sent que les élèves ont parfaitement compris le sens du texte.
Après une première année dans cette institution dont Claire Lasne (la première femme!) vient de prendre la tête, les élèves savent travailler, c’est évident et cela fait plaisir…
Philippe du Vignal
le 26, 27 28 juin au Conservatoire