Commune libre d’Etouvie, Amiens

COMMUNE LIBRE D’ÉTOUVIE,  à Amiens 20 juin

C’est la fête à Étouvie; quartier populaire d’Amiens suivi depuis six ans dans le cadre de La rue est à Amiens-Fête dans la ville et son Hangar Pôle National des Arts du Cirque, par le Théâtre de l’Unité. Avec un travail régulier entre artistes et habitants, il y avait eu  en 2007, l’incroyable cérémonie de La Tour Bleue qui devait s’effondrer au terme d’une cérémonie à grand spectacle qui a marqué les mémoires (voir Le Théâtre du Blog). Un travail régulier s’est poursuivi depuis 16 mois entre le Théâtre de l’Unité et les associations d’Étouvie, le C.S.C., les Centres de Loisirs, la direction Enfance Éducation Jeunesse; etc., qui ont réussi à fédérer cent personnes de 4quatre à quatre  vingt un ans pour ces nouvelles réalisations.
Avec ce public éloigné de l’emploi et de l’action sociale, encore plus du théâtre, Étouvie a trouvé une nouvelle respiration, dans le cadre d’une fête de haut niveau, avec 17 spectacles de rue dont une belle parade de Graines de Soleil, dans ce quartier rénové d’une propreté étonnante. Pas d’alcool dans cette fête en majorité immigrée, un calme et une gentillesse disparus dans d’autres fêtes en France plus tournées vers les beuveries

 

L’immeuble transparent : EST-CE AINSI QUE LES HOMMES VIVENT ? Scènes de la vie quotidienne, réalisation de Sybille Luperce avec la complicité du Théâtre de l’Unité

 

Un immeuble de six appartements, des alvéoles ABCDEF, où les habitants jouent leurs vies quotidiennes sur un échafaudage. En hautChristelle est folle de ménage, à côté la famille d’Angélique est entassée pour un anniversaire, Adélaïde belle noire célibataire reçoit la visite amoureuse de son voisin parti chercher du pain. Son épouse Muriel le jette dehors à son retour. Il y a un anniversaire chez Angélique, à côté on essaye des soutiens-gorge Tupperware, il y a aussi un cours de sushis. Gégé est mort, c’est la veillée. Au total; trente deux scènes élaborées par 72 habitants qui les interprètent se succèdent à un rythme rapide. Malheureusement on a le soleil dans l’oeil et ces tranches de vie restent un peu déprimantes, mais l’engagement des acteurs est touchant. Le public est clairsemé car d’autres spectacles dispersés dans le quartier les réclament.  La tour Bleue était d’une autre dimension, mais le deuxième acte de l’Assemblée populaire de la Commune Libre d’Étouvie nous attend pour un beau final.

Devant le Diapason, conservatoire local, une foule importante est rassemblée. Une fanfare prend place en haut des gradins,  face  à Hervée Delafond, dénommée « Madame la Provisoire « «perchée sur une haute chaise d’arbitre, elle va faire voter ou refuser avec  autorité  les propositions de lois déposées par les habitants d’Étouvie qui ont décidé de transformer leur ras le bol, leur stigmatisation et leur rejet, en force de proposition.

La gratuité du pain, le stage obligatoire de trois mois dans les quartiers pour les nouveaux députés, la loi sur la solitude celle sur la promenade obligatoire pour les dépressifs, sur la suppression de la carte d’identité, le droit de mourir chez soi et bien d’autres sont adoptées aux voix, d’ autres refusées. Les débats sont aérés par  le Discours de Victor Hugo au Parlement et des poèmes proférés avec une grande sensibilité par les  70 stagiaires , ainsi que par la fanfare d’Étouvie.. Une assemblée comme il devrait s’en tenir dans ces nombreux quartiers à l’abandon en France au lieu d’emplâtres inefficaces. Le Théâtre a un pouvoir que n’ont ni la Police, ni l’Armée, ni même les députés !

http://www.theatredelunite.com

 

azalaiAZALAÏ, PARADE EXTRAORDINAIRE

 Collectif Éclat de Lune, Graine de Soleil, avec les collaborations artistiques du Collectif des Grandes Personnes, de l’association Lezarapart, de la Brioche Foraine, de la Divine Compagnie et de la Compagnie Afuma.

C’est une parade comme on en voit rarement. Derrière les immenses marionnettes des Grandes Personnes, derrière celle incarnant Aïcha Quandashi,  femme libre fondatrice de Marrakech, dix impressionnantes marionnettes  accompagnées d’acrobates et de musiciens suivent un étonnant dromadaire. Nous parcourons les allées de cette belle cité d’Étouvie jusqu’à une reconstitution de la place Jemâa El Fna,  ou nous sommes sidérés par les acrobaties  d’échassiers qui dansent. Ensuite une superbe tente de nomades nous attend pour nous restaurer.

http://www.larueestaamiens.com

Edith Rappoport

 


Archive pour 4 juillet, 2014

Jeux de massacre d’Eugène Ionesco, mise en scène d’Ismaël Tifouche Nieto

 Festival 13 : Jeux de massacre d’Eugène Ionesco, mise en scène d’Ismaël Tifouche Nieto.

 

large_Sans_titre-1C’est une pièce  de notre auteur national qui est  étudié,  comme Beckett ou Adamov dans les lycées de l’hexagone et ailleurs, mais moins connue que La Cantatrice chauve ou La Leçon et rarement jouée: elle  exige une nombreuse distribution, ce qui fait bien l’affaire de jeunes compagnies ou de collectifs, comme on dit maintenant.
Cette fable, assez sinistre, où une ville toute entière est frappée d’un mal mystérieux. et où chaque citoyen, blême de peur et  obsédé en permanence par la mort, essaye de sauver sa peau. Soit une suite de tableaux dans  une sorte de danse macabre, avec une galerie de personnages qui ressemblent davantage à des marionnettes. C’est à la fois tragique mais parfois aussi d’un comique pour le moins sinistre.

Question: que fait-on de cet ovni théâtral, pas facile a monter, ou malgré une distribution importante, il n’y a pas de rôle essentiel et pas vraiment d’intrigue non plus. « Pour garder cette dimension totale, dit le metteur en scène,  l’espace scénique devra épouser cette notion en plaçant le spectateur dans un dispositif englobant, il faudra que l’action aille d’un point a un  autre, soit traversée de part et d’autre du plateau et dans tous les axes ».
Les tableaux se succèdent pendant 90 minutes, à la fois sur le plateau et dans la salle, comme nombre de spectacles au Théâtre 13, et vaguement inspirés  du théâtre constructiviste; plastiquement, c’est le plus souvent brillant et intelligent, grâce à une excellente scénographie et  une intelligente conception des costumes.
Mais il y a un mais, et de taille: la direction d’acteurs est incompréhensible, et cela dès le début. Tous ces jeunes comédiens hurlent sans arrêt, y compris dans le fond de la salle, ce qui est insupportable. Du coup, la patience du public déjà éprouvée par vingt minutes de retard, (ce qui n’est pas très professionnel!), est mise à rude épreuve.

On peut sans aucun doute reconnaître au metteur en scène la maîtrise incontestable d’un ensemble de quelque trente comédiens mais quand il prétend, avec une certaine autosatisfaction, « faire régulièrement des allers-retours entre New York et Paris, afin de se forger aux techniques de l’Actor’s Studio », on est en droit de se demander ce qu’il peut  y apprendre quant à la direction d’acteurs qui est ici vraiment trop médiocre…
En tout cas,  l’occasion de retrouver un autre Ionesco, moins connu et plus proche de l’écrivain qui, la seule fois où nous l’avons rencontré, semblait en proie à une profonde angoisse existentielle, accablé par la vie et  désespéré d’avoir à la quitter prochainement, est ici ratée, et c’est vraiment dommage!

Philippe du Vignal

Théâtre 13 les 27 et 28 juin.

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