Un jour nous serons humains. Religieuse à la fraise.

Festival d’Avignon in: 

Sujets à vif, programme A:

Un jour nous serons humains,  

 

photoLe titre d’Un jour nous serons humains, vient d’une réflexion entendue dans un hôpital psychiatrique par David Léon, auteur associé à la metteuse en scène Hélène Soulié.
Marik Renner dit ce texte qui a été inspiré à l’auteur par cette phrase : «Et alors non, j’ai crié, nous ne sommes pas humains, peut-être qu’un jour nous serons humains». Elle joue,  accompagnée du danseur Emmanuel Eggermont, dans ce havre de paix qu’est le jardin de la Vierge au lycée Saint-Joseph.  Sur un gazon synthétique qui pourrait être la cour d’un hôpital, la comédienne s’avance, fragile, vers le public et entame un monologue poignant sombre et amer. Le danseur lui occupe l’espace,   et entoure sa partenaire avec  des gestes minimalistes mais n’entre jamais en interaction avec elle qui nous prend constamment à témoin de son récit. Surtout quand elle dit : «Il y a d’avantage d’éléments en commun qui nous séparent, que d’éléments en commun qui nous rassemblent, les uns les autres».
Constamment en ruptures et répétitions, ce texte fort nous questionne sur la vie et sur notre rapport au monde et aux autres, et  nous met mal à l’aise. C’est un très beau travail, juste et nécessaire, dans cette période d’effondrement de toutes les valeurs éthiques et morales.
Comme par magie, le  dernier jour de  représentation était un dimanche, et le son des  cloches des églises d’Avignon ont accompagné une partie du spectacle… » Qu’il serait doux le son des cloches s’il n’y avait tant de malheur dans le monde »,  disait déjà Brecht…

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 Religieuse à la fraise

Plus de gaieté, avec la féline danseuse japonaise, Kaori Ito, face au cent vingts kilos du comédien Olivier Martin-Salvan : ils nous offrent une opposition de style tendre et légère. Chacun découvre et joue avec le corps de l’autre. Tel un jeune animal avec sa mère, Kaori se plaque sur le dos de son massif protecteur. Ce gros chou surmonté d’un petit chou, (d’où le titre Religieuse à la fraise) étonne,  surprend et fait sourire.
Sur le sol,  sont éparpillés des éléments végétaux que Kaori ramasse comme de précieux trophées. Elle explore le corps de l’homme, pousse parfois de petits cris, ou parle japonais. Danseuse et comédien entretiennent constamment un lien de tendresse l’un envers l’autre, même quand ils entament un faux combat de catch.
A la fin, ils se retrouvent en sous-vêtements et offrent au public une danse absurde et réjouissante, dans  un très beau moment de complicité.

 

Jean Couturier

Jardin du lycée Saint-Joseph du 7 au 13 juillet.  Religieuse à la fraise sera joué ensuite du 15 juillet au 9 août au Festival Paris quartier d’été


Archive pour 14 juillet, 2014

Fabrication

 Festival d’Avignon off

Fabrication chorégraphie de Chang Chien-Kuei

photo 1Avec ce spectacle, le public découvre une vraie entreprise familiale, puisque le Chang Dance Theater provient d’une famille de danseurs Taïwanais, eux-mêmes diplômés de l’école de danse de l’Université Nationale de Taipei.
Le personnage principal est une armoire blanche à trois portes posée au milieu de la scène. De ce meuble, sortent ou entrent deux danseurs et une danseuse. Le premier «accouchement» d’un danseur va permettre à Ku Tien-Chiang de se confronter au monde extérieur en réalisant un strip-tease à l’envers,  plein d’ambigüité et de grâce. De cette matrice protectrice en bois, apparaît un duo, avec un autre danseur Xu Ting-Wei et une séduisante danseuse, Cheng I-Han qui bouge avec une grande délicatesse.
Son frêle aspect et sa mobilité étonnent en particulier, quand elle conclut son  parcours par un mini-ballet, que composent ses doigts fins. A mi-parcours de ce spectacle de quarante minutes, nous perdons  parfois le fil de l’action, mais la fin éclairée par des  LED rouges, évoquant des lucioles, nous replonge dans une poésie  mêlée à de petits tours de magie. Ces lumières rendent hommage aux corps des danseurs,  et la musique Eric Satie, Frédéric Chopin ou René Aubry induit aisément le mouvement.
L’extrême précision des gestes et leur confrontation à cet élément du quotidien, l’armoire, dans cette très belle ancienne bourse de vente des soies en plein centre d’Avignon  vaut tout à fait le déplacement.

Jean Couturier

 Théâtre de la Conditions des Soies jusqu’au 26 juillet à 13h40. T : 04 32 74 16 49    

gare au théâtre

Gare au Théâtre à Vitry-sur-Seine: Nous n’irons pas à Avignon, .

Depuis plus de dix ans, Mustapha Aouar organise en juillet à Gare au Théâtre, une rencontre de compagnies qui présentent des ébauches, ou des reprises de spectacles déjà exploités ailleurs. On y trouve parfois quelques perles mais aussi des  travaux vite répétés et donc décevants.
Le budget, pour l’instant préservé, ne permet pas de mobiliser un véritable public, malgré les efforts d’une petite équipe militante. Cet Off vitryote a sans doute le mérite d’exister mais a du mal à décoller.

Le Manuscrit  des chiens. Quelle galère  de Jon Fosse, mise en scène Christophe Laluque.

Déjà vu l’an dernier au Théâtre Dunois, le spectacle pour enfants de L’Amin compagnie Théâtrale n’a pas pris une ride. Trois comédiens campent l’épopée du chien Websterr étouffant dans le lit de la vieille Oline, qui s’échappe pour aller voir la mer. « Malgré les apparences, ce n’est pas un chien ordinaire (…) il faudra bien que la vieille Oline s’endorme et que le chien Websterr se laisse glisser discrètement hors du lit ».
Mal lui en prend, et son errance dans la ville ne lui vaut que des déboires: il se fait agresser par un petit chien qui le jette hors du domicile où il est parvenu à pénétrer, se perd à la recherche de la mer et finit par trouver Anderson le chien au poil long qui tient un bar à l’enseigne :Le Repos des chiens solitaires.
Mais ce repos, il lui faudra le payer: même la gamelle d’eau ne lui sera pas donnée! À moitié mort de faim, il se perd dans la ville, à la recherche de sa maîtresse, folle de joie de le retrouver. Interprétée par trois  comédiens dans un espace blanc, devant un grand écran avec des projections, cette pièce ironique  de Jon Fosse, écrivain norvégien de 55 ans, dont les romans, nouvelles, poésie, essais et pièces de théâtre ont été traduits en plus de quarante langues, et dont les pièces ont été montées par Patrice Chéreau, Jcauqes Lassalle, Claude Régy, Thomas Ostermeier, en dit long sur le difficile apprentissage de la liberté.

L’Amin Théâtre qui avait signé voilà deux ans une convention avec la Communauté d’agglomération de Viry-Chatillon où il disposait d’un nouvel espace de travail, se retrouve en difficulté suite au passage à droite de la municipalité qui n’entend pas respecter les engagements de ses prédécesseurs !  Même si la compagnie développe depuis des années une intense activité d’action culturelle et de création dans le département avec le soutien de la DRAC et de la Région.
www.amin-theatre.fr/fr/

L’Animal céleste, de et par Vera Pavlova

  Ce spectacle a été donné à la Maison de la Poésie de Paris  l’an passé.  Cette jeune poétesse russe qui ne manque pas de charme, se présente comme étant de la lignée de Marina Tsvetaïeva ! La comparaison semble un peu  exagérée. Même si  Vera Pavlova ne manque pas de charme, on ne comprend pas bien pourquoi elle  change quatre fois de robe pendant la représentation.
Elle a publié quatorze recueils de poésie et  serait considérée  (sic) comme « l’un des poètes majeurs de sa génération ». Elle minaude, ce qui est agaçant et élude notre capacité d’écoute. «  Si tu crains de te souvenir, si je comprenais tout, je saurais à quoi sert l’alphabet… ».
Pour finir, elle nous propose un tirage au sort de ses poèmes et nous chante Katiouchka! A suivre…

Mais je ne suis pas noire de et par Christelle Evita

Autre solo de femme avec Christelle Evita, qui  se révolte devant les questions qu’on ne cesse de lui poser : « Tu es de quelle origine? » . « D’origine mal identifiée, douteuse, ratée, Française mais noire ! (…) Je veux bien qu’on soit différente mais pas inférieure ». Un Français sur quatre est issu de l’immigration, on est esclave quand on est noir, la question noire est avant tout une question blanche. De quelle origine ? Posez pas la question, gardez la pour vous, je ne veux pas être Antillaise, mais Française ! J’ai un trou d’identité !  »
Elle se retrouve  plus intégrée quand elle  se met à préparer des accras, après avoir mis un tablier et un bonnet de laine.
Sa révolte ne manque pas de sel.

D’autres spectacles se succèdent chaque semaine jusqu’au 27 juillet, gareautheatre.com, T: 01 55 53 22 26

Edith Rappoport

 

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