gare au théâtre
Gare au Théâtre à Vitry-sur-Seine: Nous n’irons pas à Avignon, .
Depuis plus de dix ans, Mustapha Aouar organise en juillet à Gare au Théâtre, une rencontre de compagnies qui présentent des ébauches, ou des reprises de spectacles déjà exploités ailleurs. On y trouve parfois quelques perles mais aussi des travaux vite répétés et donc décevants.
Le budget, pour l’instant préservé, ne permet pas de mobiliser un véritable public, malgré les efforts d’une petite équipe militante. Cet Off vitryote a sans doute le mérite d’exister mais a du mal à décoller.
Le Manuscrit des chiens. Quelle galère de Jon Fosse, mise en scène Christophe Laluque.
Déjà vu l’an dernier au Théâtre Dunois, le spectacle pour enfants de L’Amin compagnie Théâtrale n’a pas pris une ride. Trois comédiens campent l’épopée du chien Websterr étouffant dans le lit de la vieille Oline, qui s’échappe pour aller voir la mer. « Malgré les apparences, ce n’est pas un chien ordinaire (…) il faudra bien que la vieille Oline s’endorme et que le chien Websterr se laisse glisser discrètement hors du lit ».
Mal lui en prend, et son errance dans la ville ne lui vaut que des déboires: il se fait agresser par un petit chien qui le jette hors du domicile où il est parvenu à pénétrer, se perd à la recherche de la mer et finit par trouver Anderson le chien au poil long qui tient un bar à l’enseigne :Le Repos des chiens solitaires.
Mais ce repos, il lui faudra le payer: même la gamelle d’eau ne lui sera pas donnée! À moitié mort de faim, il se perd dans la ville, à la recherche de sa maîtresse, folle de joie de le retrouver. Interprétée par trois comédiens dans un espace blanc, devant un grand écran avec des projections, cette pièce ironique de Jon Fosse, écrivain norvégien de 55 ans, dont les romans, nouvelles, poésie, essais et pièces de théâtre ont été traduits en plus de quarante langues, et dont les pièces ont été montées par Patrice Chéreau, Jcauqes Lassalle, Claude Régy, Thomas Ostermeier, en dit long sur le difficile apprentissage de la liberté.
L’Amin Théâtre qui avait signé voilà deux ans une convention avec la Communauté d’agglomération de Viry-Chatillon où il disposait d’un nouvel espace de travail, se retrouve en difficulté suite au passage à droite de la municipalité qui n’entend pas respecter les engagements de ses prédécesseurs ! Même si la compagnie développe depuis des années une intense activité d’action culturelle et de création dans le département avec le soutien de la DRAC et de la Région.
www.amin-theatre.fr/fr/
L’Animal céleste, de et par Vera Pavlova
Ce spectacle a été donné à la Maison de la Poésie de Paris l’an passé. Cette jeune poétesse russe qui ne manque pas de charme, se présente comme étant de la lignée de Marina Tsvetaïeva ! La comparaison semble un peu exagérée. Même si Vera Pavlova ne manque pas de charme, on ne comprend pas bien pourquoi elle change quatre fois de robe pendant la représentation.
Elle a publié quatorze recueils de poésie et serait considérée (sic) comme « l’un des poètes majeurs de sa génération ». Elle minaude, ce qui est agaçant et élude notre capacité d’écoute. « Si tu crains de te souvenir, si je comprenais tout, je saurais à quoi sert l’alphabet… ».
Pour finir, elle nous propose un tirage au sort de ses poèmes et nous chante Katiouchka! A suivre…
Mais je ne suis pas noire de et par Christelle Evita
Autre solo de femme avec Christelle Evita, qui se révolte devant les questions qu’on ne cesse de lui poser : « Tu es de quelle origine? » . « D’origine mal identifiée, douteuse, ratée, Française mais noire ! (…) Je veux bien qu’on soit différente mais pas inférieure ». Un Français sur quatre est issu de l’immigration, on est esclave quand on est noir, la question noire est avant tout une question blanche. De quelle origine ? Posez pas la question, gardez la pour vous, je ne veux pas être Antillaise, mais Française ! J’ai un trou d’identité ! «
Elle se retrouve plus intégrée quand elle se met à préparer des accras, après avoir mis un tablier et un bonnet de laine.
Sa révolte ne manque pas de sel.
D’autres spectacles se succèdent chaque semaine jusqu’au 27 juillet, gareautheatre.com, T: 01 55 53 22 26
Edith Rappoport