La Brique de Guy Alloucherie

La Brique, direction artistique et mise en scène de Guy Alloucherie

 
guy_alloucherieLe bassin minier du Nord-Pas-de-Calais est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO. Du coup, Guy Alloucherie a saisi l’occasion d’inventer un spectacle émouvant et autobiographique. Une première fois, à l’occasion des Journées du Patrimoine fêtées par Culture Commune, scène nationale, sur un carreau de fosse minière .
Une autre fois, et pour bien d’autres célébrations ensuite, cette Brique insolite est à nouveau polie, « briquée », pour être « imbriquée », par la compagnie Hendrick Van Der Zee (HVDZ), selon le destin quotidien des murs des corons, lors de l’ouverture du Musée du Louvre à Lens.

  La conférence facétieuse et enjouée, est orchestrée de main de maître et le sourire en coin, par  Guy Alloucherie, qui invite le public à réfléchir sur la notion de patrimoine et sur celle des traditions, dans une méditation existentielle sur la place effective de l’homme à l’intérieur de ce patrimoine.
L’interprète, quelque peu mélancolique, installé dans un halo scénique, à la fois comique et philosophique, historique et mémoriel, s’arrête sur cet objet rouge et tristement géométrique ,cette  brique anonyme, matériau emblématique régional et métaphore irréversible de ce qui est dur et non traitable.
 Comédien, mime et interprète ironique, le baladin ,seul en scène – il avoue avoir souffert depuis l’enfance d’une timidité maladive – fait le clown mais pas le joyeux drille. Un clown inspiré et empreint de la nostalgie d’un passé révolu, qui diffuse une émotion bon enfant.
Le comédien va et vient, telle une souris technologique manipulée, d’un ordinateur à un rétroprojecteur, puis à un premier écran et à un second, le regard alerte, sautant d’un objet à l’autre, et rassemblant les vues dans une jolie synthèse conclusive.
Il  fait admirer au public un tas de briques, un fouillis de fausses pierres, qu’il organise géométriquement, allant jusqu’à « imbriquer » sa tête à l’intérieur d’un vide rectangulaire laissé en évidence, ou bien gisant, étendu de tout son long sur une surface plane et dure, bâtie avec des briques soigneusement rangées. Une invention ludique de Jérémie Bernaert.
Les photos de famille, récupérées chez une sœur aînée, composent un trésor inépuisable pour qui prend la peine de se pencher sur ces souvenirs de papier. Le performeur prend un feutre et colorie en rouge les moindres pans des murs en briques des maisons des corons :  cette couleur envahit tout.
Un trait rouge, une flèche, un cercle:  ces signes commentent et interprètent toutes les situations, les relations des membres de la famille entre eux, avec des anecdotes, des détails, des souvenirs du passé qu’on aurait aimé rattraper, comme la jeunesse  qui s’est envolée. Le pull-over de Guy est toujours au frais dans le frigo familial qui ne fonctionne pas.Et le fils se souvient avec tendresse du signe de  main de sa mère, au bout du jardin, quand elle accompagnait le père qui s’en allait sur le chemin trop souvent fatal de la mine.
On ne verra enfants que la sœur ou le frère de Guy Alloucherie, et  lui-même, bébé, dernier de la fratrie, dans les bras maternels. Pudique, l’acteur se parle à lui-même, faisant aveux et confidences avec  une générosité naturelle envers  le public qu’il fait sourire.
Entre confessions et conférence, l’acteur tient la balance sur un fil très  mince, éveillant l’attention du public, citant d’instinct un fragment de poème de René Char ou des Trois Sœurs de Tchekhov.
Un moment agréable et tendu, un morceau rare de la vie précieuse de chacun.

 Véronique Hotte

 Présence Pasteur, jusqu’ au 27 juillet à 13h.

 

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