Huis de Michel Ghelderode

Huis de Michel de Ghelderode, adaptation et mise en scène de Joss De Pauw, musique de Jan Kujiken

huise1  Joss De Pauw remet à l’honneur deux courtes pièces de Michel de Ghelderode (1898-1962), auteur belge francophone rarement monté chez nous.
Il a écrit pourtant plus d’une soixantaine de pièces, y compris pour les marionnettes, et une centaine de contes. Son théâtre se caractérise par un certain goût du baroque,  du  merveilleux, avec la Mort et la religion comme leitmotiv.

Joss De Pauw nous en propose une version en néerlandais, avec un surtitrage curieux, sur  un panneau central en fond de scène, avec des caractères assez petits, et un autre, côté cour, près du musicien, donc plus gros, qui happait le regard du public assis de ce côté.
La première de ces courtes pièces, Le Cavalier Bizarre, se passe dans un hospice de vieillards dans un endroit reculé de tout, où règne une atmosphère d’angoisse et de bizarrerie, qu’on retrouve, entre autres, dans Les Aveugles de Maeterlinck. Un des vieillards croit entendre sonner une cloche, alors que l’église la plus proche est très lointaine: c’est donc impossible.
Les autres se moquent de lui, puis  finissent par entendre cette cloche eux aussi; il devient alors leur guetteur, monte sur une échelle, et annonce d’abord l’arrivée d’un cheval assez géant pour porter des cloches, puis reconnait l’apparition de  la Mort. Chacun des vieillards se cache sous son drap, en redoutant d’être celui que la mort vient chercher puis  se confesse publiquement, sous les ordres du guetteur.
  Le première scène est un peu longue à se mettre en place, et on y entend d’abord la musique de Jan Kuijken, par l’orchestre de l’Opéra de Flandre,  mais enregistrée pour des raisons d’économie, et mixée, en direct et à vue, par  le compositeur. Six hommes, en chemise de nuit, s’installent sur le plateau et se couchent, couverts d’un drap, mi-ronfleurs, mi-gisants, puis l’un d’eux  met une robe et esquisse quelques pas de danse avant que la pièce ne commence vraiment.
La partition musicale, grandiose, tient ici une place capitale, parfois même comme dans un opéra parlé. Ecrite et pensée comme une musique de cinéma, elle a parfois un côté grandiloquent.
Le rythme de l’action est lent, mais, comme les personnages sont  correctement campés, cette première partie, narrative, passe  bien,  même si le spectacle reste sage.
La deuxième partie, Femmes au Tombeau, débute avec chants et cris de femmes stridents et désagréables. Cela se passe à Jérusalem, le vendredi saint, et  les femmes  qui ont toutes approché le Christ,  se déchirent le privilège de celle qu’il aura le mieux connu, de celle qui l’aura le mieux servi et respecté. On verra donc ainsi  Marthe, Véronique, gardienne de l’image du Christ, la femme de Pilate, la femme adultère,  et Marie-Madeleine.
On peut y voir une certaine mysogynie qui était peut-être celle de l’auteur : ces femmes, qui se chamaillent pour le Christ, sont parfois ridicules. Elles  entrent une à une et cela aussi, c’est long! Là encore, il n’y a pas vraiment d’originalité dans ce théâtre, même si l’interprétation n’est pas à mettre en cause.
Cette farce mystique, où toutes les comédiennes sont aussi des chanteuses, aura certainement retenu l’attention d’Olivier Py; il ne pouvait  être insensible aux thèmes développés par l’auteur (voir l’article du Théâtre du Blog sur Orlando  créé  à la FabricA au début de ce festival).
Joss De Pauw a le mérite de remettre au goût du jour le théâtre de Michel De Ghelderode en deux petites heures mais… dommage,  sa mise en scène est un peu emphatique, ce qu’accentue encore la musique.

Julien Barsan

Cloître des Célestins du 9 au 17 juillet.


Archive pour 19 juillet, 2014

Huis de Michel Ghelderode

Huis de Michel de Ghelderode, adaptation et mise en scène de Joss De Pauw, musique de Jan Kujiken

huise1  Joss De Pauw remet à l’honneur deux courtes pièces de Michel de Ghelderode (1898-1962), auteur belge francophone rarement monté chez nous.
Il a écrit pourtant plus d’une soixantaine de pièces, y compris pour les marionnettes, et une centaine de contes. Son théâtre se caractérise par un certain goût du baroque,  du  merveilleux, avec la Mort et la religion comme leitmotiv.

Joss De Pauw nous en propose une version en néerlandais, avec un surtitrage curieux, sur  un panneau central en fond de scène, avec des caractères assez petits, et un autre, côté cour, près du musicien, donc plus gros, qui happait le regard du public assis de ce côté.
La première de ces courtes pièces, Le Cavalier Bizarre, se passe dans un hospice de vieillards dans un endroit reculé de tout, où règne une atmosphère d’angoisse et de bizarrerie, qu’on retrouve, entre autres, dans Les Aveugles de Maeterlinck. Un des vieillards croit entendre sonner une cloche, alors que l’église la plus proche est très lointaine: c’est donc impossible.
Les autres se moquent de lui, puis  finissent par entendre cette cloche eux aussi; il devient alors leur guetteur, monte sur une échelle, et annonce d’abord l’arrivée d’un cheval assez géant pour porter des cloches, puis reconnait l’apparition de  la Mort. Chacun des vieillards se cache sous son drap, en redoutant d’être celui que la mort vient chercher puis  se confesse publiquement, sous les ordres du guetteur.
  Le première scène est un peu longue à se mettre en place, et on y entend d’abord la musique de Jan Kuijken, par l’orchestre de l’Opéra de Flandre,  mais enregistrée pour des raisons d’économie, et mixée, en direct et à vue, par  le compositeur. Six hommes, en chemise de nuit, s’installent sur le plateau et se couchent, couverts d’un drap, mi-ronfleurs, mi-gisants, puis l’un d’eux  met une robe et esquisse quelques pas de danse avant que la pièce ne commence vraiment.
La partition musicale, grandiose, tient ici une place capitale, parfois même comme dans un opéra parlé. Ecrite et pensée comme une musique de cinéma, elle a parfois un côté grandiloquent.
Le rythme de l’action est lent, mais, comme les personnages sont  correctement campés, cette première partie, narrative, passe  bien,  même si le spectacle reste sage.
La deuxième partie, Femmes au Tombeau, débute avec chants et cris de femmes stridents et désagréables. Cela se passe à Jérusalem, le vendredi saint, et  les femmes  qui ont toutes approché le Christ,  se déchirent le privilège de celle qu’il aura le mieux connu, de celle qui l’aura le mieux servi et respecté. On verra donc ainsi  Marthe, Véronique, gardienne de l’image du Christ, la femme de Pilate, la femme adultère,  et Marie-Madeleine.
On peut y voir une certaine mysogynie qui était peut-être celle de l’auteur : ces femmes, qui se chamaillent pour le Christ, sont parfois ridicules. Elles  entrent une à une et cela aussi, c’est long! Là encore, il n’y a pas vraiment d’originalité dans ce théâtre, même si l’interprétation n’est pas à mettre en cause.
Cette farce mystique, où toutes les comédiennes sont aussi des chanteuses, aura certainement retenu l’attention d’Olivier Py; il ne pouvait  être insensible aux thèmes développés par l’auteur (voir l’article du Théâtre du Blog sur Orlando  créé  à la FabricA au début de ce festival).
Joss De Pauw a le mérite de remettre au goût du jour le théâtre de Michel De Ghelderode en deux petites heures mais… dommage,  sa mise en scène est un peu emphatique, ce qu’accentue encore la musique.

Julien Barsan

Cloître des Célestins du 9 au 17 juillet.

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