I am .
Avignon Festival In
I am, conception, scénographie, chorégraphie et mise en scène de Lemi Ponifasio
Nous attendions avec curiosité cet événement, programmé par Olivier Py dans la cour d’honneur du Palais des Papess mais, après une heure cinquante qui semble s’éterniser, nous sommes ressortis déçus. Ce spectacle, d’une réelle beauté plastique, laisse le spectateur de côté, du fait d’une absence de lisibilité!
Toutes les images ne peuvent s’expliquer par la seule notion de rituel, très présente ici.
Lemi Ponifasio, originaire des Îles Samoa, a crée sa compagnie : MAU, qui signifie «affirmation solennelle de la vérité d’un sujet» et «révolution», notions témoignant d’ une certaine ambition! Tout comme le titre du spectacle qui, selon lui, est un cérémonial en l’honneur des victimes de la première guerre mondiale dont on célèbre cette année le centenaire.
Les spectacles de ce chorégraphe sont très clivants, et les spectateurs l’adorent ou le détestent. Il travaille avec les artistes de sa compagnie, ainsi qu’avec des personnes rencontrées dans chacune des villes de sa tournée. Un grand plan incliné noir barre toute la scène de la Cour, réduisant l’espace de jeu à l’avant-scène. Le travail sur les lumières est remarquable, c’est un bonheur pour les photographes de plateau.
La composition sonore, faite principalement de basses dont on ressent les vibrations jusque dans les sièges, est fatigante. Le spectacle débute par une Marseillaise qui surprend le spectateur, seule vraie référence peut-être à la Grande Guerre.
Puis, se succèdent des danses individuelles proches de la transe, ou des mouvements de groupe remarquables par leur lenteur contrôlée. Mais quand certains artistes prennent la parole, que cela soit avec une voix en anglais entendue dans le lointain, ou la longue vocifération de cet homme, ou de cette femme, totalement incompréhensible, il y a problème!
Quelques images resteront cependant dans notre mémoire, comme l’arrivée de ce petit homme en tenue militaire au début du spectacle qui, avec un jet de projectile, va déclencher le cataclysme guerrier, ou cette femme au crâne rasé, victime symbolique de la barbarie de la guerre, qui, assise à l’avant-scène, reçoit à la fois des fleurs et les crachats des autres personnages. Et enfin et surtout cette belle image finale d’un homme qui, s’écroule sur le plan incliné, dans une position christique…
Mais tout cela reste insuffisant pour un spectacle dont nous pouvions attendre beaucoup, vu l’ambition du projet initial.
Jean Couturier
Cour d’honneur du Palais des Papes jusqu’au 23 juillet.