Quatuor Violence
Festival d’Avignon off:
Quatuor Violence, mise en scène de Florian Pantasso
« Ce spectacle, c’est le désir de mettre en lumière, dans le silence du théâtre, ce qui reste caché dans le cœur, ce qui sourd, nous menace et nous suit et ne nous laisse jamais en paix. (…) C’’est aussi constituer un acte collectif (…) »dit Florian Pantasso. S’emparer de la violence et la constituer omme espace de jeu, sans tomber dans les clichés ou dans le pathos, était un pari osé. Pari gagné ! Cette création de la compagnie des divins Animaux, lauréatedu Prix Paris Jeunes Talents 2014 , entraîne avec fougue le spectateur dans une folle ronde autour de la violence.
Les quatre jeunes comédiens: Stéphanie Aflalo, Flavien Bellec, Solal Forte et Sophie Van Everdingen chantent, dansent, « performent », improvisent leur rapport intime à la violence, avec intelligence et tension dramatique. Sur un rythme soutenu, prennent corps les multiples visages de la violence quotidienne, souvent issue de l’incompréhension et de l’absurde: tantôt celle de la société, tantôt celle qui dévore aussi le couple: sexuelle, physique, cachée, mais aussi terroriste….
Cette création sur ce thème complexe ne pouvait se réaliser sans un travail en amont, ce qui a aussi exercé une certaine violence sur la compagnie : « Les heures de recherche, dit Florian Pantasso, ont souvent atteint notre moral, jusqu’à nous rendre malheureux pour certains, paranoïaques pour d’autres ».
Quatuor Violence laisse entendre et voir au spectateur, cette force inscrite dans la Nature, que ce soit dans le monde humain ou animal, sous ses aspects les plus divers, et qui n’est pas ici exprimée dans le cadre d’une fiction dramatique, mais saisie comme une matière et un outil, pour simultanément penser et jouer ce phénomène. Cela répond ainsi, entre autres , à cette question qui s’est imposée à la compagnie : « Pourquoi avoir choisi de faire du théâtre sur ce thème? ».
Pendant quelque soixante-quinze minutes, vont se succéder ainsi autant de tableaux aux multiples teintes : sensibles, inattendues,insolentes, crues parfois… L’écriture et la mise en scène laissent surgir avec intensité et finesse, une théâtralité de la violence au cœur de nous-même et de notre monde occidental. Celle de l’intime pour tendre à celle, universelle et contemporaine, à travers la perception et le regard réfléchi de ces jeunes comédiens.
Un spectacle à voir en cette fin de festival…
Elisabeth Naud
Théâtre de la Manufacture, jusqu’au 26 juillet