La Belle rouge à Saint Amant Roche Savine

La Belle rouge à Saint-Amant Roche Savine

C’est la onzième édition de ce festival tonique organisé du 25 au 27 juillet par la compagnie Jolie Môme installée à Saint-Denis (92)dans ce charmant village d’Auvergne de 500 habitants dont la mairie communiste a réussi à conserver un collège, une poste et des commerces grâce à une lutte acharnée.
Michel Roger et ses camarades de Jolie Môme mobilisent leur public plusieurs semaines avant le festival, sur la base de forfaits à 60 € pour huit spectacles  de qualité, des films documentaires, des débats, et des spectacles pour le jeune public.
Il  faut six cent spectateurs pour que le festival ait lieu et ils n’ont pas fait défaut, malgré un temps maussade. Autour de Jolie Môme qui n’aime pas le mot bénévole, une soixantaine de brigadistes consacrent une semaine de leurs vacances, voire davantage, pour monter les trois chapiteaux, faire la cuisine, servir de délicieux repas dans la cour du collège, et faire la vaisselle, mais ils sont nourris et logés,  et ont  la possibilité d’assister gratuitement  aux spectacles.

La Belle Rouge débute cette année par une intervention de la Caravane syrienne, venue avec Mohamad al Roumi et Najwa Sahloun, alerter le public sur l’extrême gravité de la situation dans cette région où la résistance se poursuit, malgré les massacres. Une pluie diluvienne (rapidement dissipée) a baptisé cette intervention, suivie de l’ouverture de la Belle Rouge par  les discours du député et du maire, Messieurs Chassaigne, père et fils.
Ils évoquent le pillage de l’uranium au Niger,  et précisent que deux  ampoules sur trois sont éclairées en France par l’énergie atomique! Pour eux, il faut continuer à lutter contre le colonialisme d’aujourd’hui avec les députés du Front de gauche.
Michel Roger intervient sur la question de la grève qui a pesé sur le lancement de la Belle Rouge : « Pour avoir nos salaires, il a fallu piller le monde. La culture, c’est la conscience de nos contradictions. Il faut se battre contre l’agrément du 22 mars, obtenir un avenant à cette convention. Pour un euro investi dans la culture, dix retombent sur la ville. On massacre en Palestine avec l’appui de notre gouvernement qui fait monter la peste brune »…Le lendemain, nous étions cinq cent à aller manifester contre les massacres à Gaza dans la ville d’Ambert, plutôt déserte !


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Rallumer les feux, Jaurès ou la nécessité du combat de Jérôme Pélissier, mise en scène  de Milena Vlach

 Troublant parallèle avec notre époque, cette évocation de Jaurès, de ses combats pour sauver notamment Dreyfus, et de son amitié naissante avec Charles Péguy qui a édité le premier livre de Jaurès,  avant de vomir le socialisme à la fin de la guerre : « Aucun homme n’est l’instrument de Dieu, ni l’instrument d’un autre homme »…Les socialistes travaillent avec acharnement, mais déjà l’État financier surgit dans l’État démocratique ! Un ironique vendeur de journaux à la criée annonce les nouvelles : « Les cannibales à l’exposition universelle de 1900 », nous avançons avec lui dans l’histoire de l’avènement de la guerre. « Il nous faut lutter par tous les moyens, la pauvreté exile l’homme de lui-même ».
Jean Jaurès dit dans son Journal en 1908 : « La laïcité, c’est assurer à chacun sa liberté en respectant la liberté des autres ». Et déjà Charles Péguy de proclamer « Je me méfie des représentants du peuple ! »
On assiste à la plaidoirie de Jaurès à la Chambre des Députés, pour les immigrés, mais peine perdue, ses collègues restent sourds. Il continue à se battre contre la violence,  et,  le 31 juillet 1914, Jaurès est  assassiné! La guerre mondiale va pouvoir  commencer.

Interprété par six comédiens très investis,  ce premier spectacle, qui souffre de quelques tunnels, donne à réfléchir sur les retournements de veste de notre époque.
http://www.aigledesable.com

  Le spectacle sera repris au Théâtre de l’Épée de Bois, Cartoucherie de Vincennes , du 6 au 30 novembre,  les jeudis et vendredis à 20 h 30, samedis à 16 h et 20 h 30, dimanches à 16 h. T: 01 48 08 33 74
Naz de Ricardo Monserrat  mise en scène Christophe Moyer

  Images d’insurrection projetées sur des chemises suspendues à des cintres, une jeune homme chauve et torse nu, (Henri Botte) est écroulé devant la télévision. Il se tortille, fait des pompes sur deux tables dans un équilibre périlleux. « La vie, c’est mieux en photo, ici, on cogne sur ceux d’en face, blancs ou bronzés ! » Il saute à la corde : « Tant que tu ne fais pas partie d’une histoire, tu n’es rien (…) Si ta sœur, elle a été violée, le temps passe, tu peux rien dire (…) Nous voulons un passé qui nous ressemble ! ».
Il évoque les grèves de 1947-48 dans le Nord-Pas-de-Calais, avec une répression impitoyable! Nombre d’immigrés y ont perdront la vie et beaucoup d’autres furent licenciés sans aucune indemnité et sans jamais pouvoir retrouver de travail.
Leurs petits-enfants ont été tenus dans l’ignorance de ces événements et ne trouvent pas non plus de place dans notre société. Ce solo acrobatique, plein d’énergie agressive, ouvre des horizons sur un passé caché sous la honteuse chape de silence de l’État .
Naz créé par la compagnie lilloise Sens Ascensionnels en 2010, et a été joué cent-soixante fois en France. C’est un spectacle qui a permis beaucoup de débats avec des lycéens qui découvrent ce passé étouffé par le silence….

Hans im Glück (Jean Lachance ) de Bertolt Brecht par Ton und Kirschen

  Jean Lachance, première pièce du jeune Brecht (qui a vingt ans en 1919,)  est inspirée d’un conte de Grimm, et son auteur l’avait longtemps oubliée, rangée dans un tiroir ,avant de noter dans son journal « Jean Lachance, raté, œuf à moitié pourri ! ». Pas pour tout le monde : en 2007, François Orsoni avec  le Neneka Théâtre d’Ajaccio en avait fait une mise en scène subtile.
Ton und Kirschen qui souhaitait depuis longtemps monter un conte de Grimm, a réalisé le plus beau spectacle de cette Belle Rouge, autour d’une petite caravane démontable, d’un mât étoilé de guirlandes lumineuses. Jean Lachance vit avec sa femme dans sa ferme mais il peine à la tâche, et sa femme le quitte pour des étrangers de passage.
Il accepte alors tous les trocs qu’on lui propose avec une bonne humeur déconcertante: sa ferme contre deux charrettes, ses charrettes contre le carrousel d’un manège, son carrousel contre une oie, et son oie contre la préservation de sa vie.

Autour de David Johnston et Margarethe Biereye, les cinq comédiens manipulent un poétique dispositif forain avec  beaucoup d’aisance, sur les flancs herbus d’une colline surplombant le village. Ce Hans im Glück est une sorte d’ancêtre rural de Schweyck dans la deuxième guerre mondiale. On se régale pendant une heure et demi de l’humour jamais désespéré de ce Jean Lachance dépouillé comme Job, de tout ce qu’il possédait.
Margarethe Biereye dirige avec David Johnston le Wandertheater, théâtre itinérant basé depuis quelque vingt ans près de l’ancien Berlin-Est. Elle a longtemps fait partie du Footsbarn Travelling Theatre, désormais basé à Hérisson.

http://www.tonundkirschen.com

 Edith Rappoport

 

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