Vingtième Mousson d’été à Pont-à-Mousson
Vingtième Mousson d’été à Pont-à-Mousson
Il y a des fidélités qui ne trompent pas. La Mousson d’été -lectures, rencontres, spectacles, concerts et, depuis quelques années, université d’été européenne- fête sa vingtième édition, du 22 au 28 août. Un peu plus que majeure, et en pleine jeunesse. Des chiffres ? Inutiles : trente auteurs de plus de dix pays européens participent à l’affaire cette saison, avec autant de comédiens également metteurs en scène ou auteurs eux-mêmes (et réciproquement), traducteurs au passage, avec une sérieuse brochette d’universitaires, qui eux-mêmes ont tâté de l’écriture et de la mise en scène et payé de leur personne…Des lettres ? Que ça ! Très vite dans toutes les langues d’Europe et d’Amérique (Latine, en premier lieu), et bientôt en chinois et en japonais
La Mousson s’est construite peu à peu, et sans traîner, autour de Michel Didym et de Véronique Bellegarde. Affaire de bande, avec des comédiens comme Daniel Martin, Philippe Fretun, Catherine Matisse, Laurent Vacher, Charlie Nelson, et puis les inventeurs du baleinié, Jean-Claude Leguay, Christine Murillo et Grégoire Œstermann, et tous les nombreux autres…
Bande nombreuse et de qualité : on pourra tous les retrouver dans l’album que notre consœur Maïa Bouteillet publie pour l’occasion aux Solitaires intempestifs. Ces comédiens-là n’avaient pas besoin de la Mousson pour leur carrière, qui trottait déjà fort bien. Ils en ont eu –et en ont toujours- besoin pour leur vitalité, pour leur nourriture, en travaillant comme des forçats, en riant comme des baleines, pour transmettre cette électricité au public, qui a grandi peu à peu, et aux institutions, qui se sont peu à peu agglomérées, fédérées et amarrées à la Mousson.
L’objet de cette dynamique ? Les écritures contemporaines pour le théâtre. Noëlle Renaude, Philippe Minyanna, qui volaient de leur propres ailes, ne sont pas non plus venus en quête d’une reconnaissance qu’ils avaient déjà. Ils sont venu pour vivre, avec d’autres, autrement, les rencontres, le bouillonnement du chaudron. Rémi de Vos, Armando Llamas, Philippe Malone, Roland Fichet… On peut mélanger les années et les époques, mais on ne peut nommer tout le monde. L’important, c’est cette audace et cette joie collective du « faire » et de l’intelligence.
Donc, pour cette vingtième édition : reprise de l’Examen (voir le festival RING, du printemps dernier), exercice théâtral pour dix auteurs et dix comédiens devant dix jurys de spectateurs, Ploutsch, la radio d’Hervé Blutsch. Mais aussi un coup de projecteur sur l’Italie, avec Michele Santeramo (La Revanche), Stefano Massini (jecroisenuneseuldieu), et aussi sur la Roumanie, la Moldavie, le Québec, la Grèce, la Suède Jonas Hassem Khemiri), la France, bref, partout où ça bouge.
On pourra bien sûr entendre quelques unes de ces pièces sur France Culture (La Tigresse, de la roumaine Gianina Carbunariu). Voilà : c’est-là qu’on peut finir la nuit en buvant des coups avec des auteurs écorchés et ravis, des comédiens épuisés et hilares, des universitaires frémissants.
Et ça recommence le lendemain dès 10h : lectures, débats, rencontre, spectacles, dans l’excitation de la création sur le vif. En guettant au passage les moussons d’hiver (jeune public), en partenariat, entre autres, avec la Comédie-Française, sans oublier un beau bouillonnement en juillet, à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon.
Encore une chose : le thème de cette année est Même pas peur. On vous l’avait dit.
Christine Friedel
Du 22 au 28 août, abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson. Réservation : 33 (0) 3 83 80 19 32