Cirquélix/La Passante
Festival d’Aurillac:
Cirquélix par la compagnie La Passante
Cela se passe dans la cour de l’institution Saint-Eugène, un grand lycée privé, pas très loin du viaduc. Il y a une centaine de spectateurs debout sur le sol goudronné et, du moins au début, constamment arrosée par un jet d’eau, une grande spirale faite de coquille vides d’escargots, mise en abyme évidente de la structure de l’animal lui-même.
L’énigmatique gastéropode est, on le sait, symbole de lenteur: nous sommes donc accueillis avec la plus grande lenteur par quatre jeunes femmes en escarpins et robe noire qui « veulent (sic) reprendre la mesure de l’humain, du rapport de personne(s) à personne(s) dans un autre temps » … « L’animal fauve de ce cirque est un escargot. C’est lui qui donnera le tempo, aussi lent que lorsqu’il rampe, aussi rapide que lorsqu’il s’enroule dans sa coquille ».
L’hermaphrodite, se promène donc avec lenteur sur les bras, le cou ou les jambes de chacune, c’est selon, et sème la trace indélébile de son passage... Le temps semble se figer et force le public à adopter un autre regard. Nous sommes debout et contraints de regarder les soi-disant performances circassiennes de ces mignons petits fauves qui travaillent au ralenti, sous les ordres de leur dompteuses.
Il nous faut donc moduler notre propre espace pour saisir et comprendre l’enjeu de ce Cirquélix installé sur quatre petits plateaux ronds de velours rouge, soit en restant auprès d’une des dompteuses, soit en allant aussi voir le travail des autres.
Elles nous nous proposent des numéros de prestidigitateurs ou de domptage: le fauve est lâché et fait son entrée sur la piste, etc… Transporté par hélicoptère, un escargot est suspendu dans les airs et réalisera la performance de battre dans un grand bocal son record d’apnée, il y a aussi des portées acrobatiques, et quelques numéros de voltige du moins quand l’animal le veut bien.
« Etrange cirque chimérique » dit la note d’intention. Soit… mais gastéropode oblige, le temps est bien long, surtout debout et dans l’humide nuit d’Aurillac. Quelques spectateurs commencent à prendre avec la lente audace qui sied ici, le chemin de la sortie… et nous aussi.
Laura Dauzonne