Nicolas Le Riche
Carte blanche à Nicolas Le Riche au Théâtre des Champs-Elysées
Nicolas Le Riche, après bien des années passées à l’Opéra de Paris où il fut nommé danseur-étoile en 1993, a fait ses adieux à la maison-mère, lors d’une mémorable soirée à l’Opéra-Garnier, le 13 juillet dernier.
Il a parfois quitté son port d’attache, pour rejoindre les plus grandes maisons d’opéra (Royal Opera House, Bolchoï, New York City Ballet…), et a dansé avec ou sous la direction, des plus grands, dans le répertoire classique ou contemporain: Mats Ek ,Rudolf Noureev, William Forsythe, Angelin Preljocaj, en passant par Marie-Claude Pietragalla, Roland Petit, Benjamin Millepied, Trisha Brown, Twyla Tharp…
Fort de ses expériences multiples et de ses rencontres passionnantes et passionnées, le voici, à 42 ans (l’âge de la retraite pour les danseurs à l’Opéra !), à l’orée d’une seconde carrière, plein d’idées et de projets. À commencer par deux soirées exceptionnelles au festival TranseenDanse (voir Le Théâtre du Blog).
Il nous parle ici de cette prochaine carte blanche, mais aussi de sa passion pour son métier. Carte blanche, qu’il veut, non en rupture, mais en continuité: «C’est un véritable spectacle de cœur, dans le sens où ce sont des collaborations avec des gens que j’aime, dit-il, un spectacle de transition aussi entre le présent et l’avenir ». Et surtout, un peu à son image: éclectique. Et il entend bien construire des passerelles entre ballet classique et danse contemporaine.
Il estime «absurde la frontière entre les deux et défend la notion de «danse actuelle». En ouverture, prolongeant sa complicité avec Jerome Robbins, il reprendra son solo A Suite of Dances, l’histoire d’un artiste qui revit ses souvenirs de danse; le quatrième mouvement, qui rompt avec la nostalgie, exprime la joie de danser, avec de petites notes folkloriques qui s’insèrent dans la musique de Bach.
À la place d’Annonciation d’Angelin Preljocaj, un solo de Clairemarie Osta, qu’il a chorégraphié sur la musique de l’Après midi d’un faune de Debussy et malicieusement intitulé Une après midi. Un de ses complices, le chorégraphe Russell Maliphant, sera avec lui dans Critical Mass, un duo qui crée un lien dit-il, « entre ballet et danse contemporaine ». Une manière, pour Nicolas Le Riche, de revendiquer aujourd’hui plus que jamais sa grande liberté d’expression.
Odyssée, qu’il a conçu et qu’il interprétera avec Clairemarie Osta, est à entrées multiples, et raconte «au-delà de l’anecdote, un chemin intime et de danse», pour montrer «comment on est deux, et comment on est un, même quand on est deux». La musique, en l’occurrence celle d’Arvo Pärt, s’est imposée à lui pour cette création Musicien lui-même, Nicolas Le Riche accorde toujours une grande place aux partitions.
Avec Aires Migratoires, Hervé Diasnas proposera d’étonnants vols dansés, uniques et numérotés de un à sept, sur la musique qu’il a composée, et avec son Ensemble chorégraphique contemporain d’Envol. De «petits piétinés» évoquent des nuées d’oiseaux qui entreprennent un vol migratoire… Un thème d’actualité pour Nicolas Le Riche!
« Je ne suis pas carriériste, et j’ai l’impression d’être allé au cœur de toutes ces aventures, c’est ma richesse aujourd’hui. et, ajoute-t-il, je suis un tout jeune chorégraphe… ». Il se donne comme modèles, aussi bien Nijinski, Noureev que… Michael Jackson, et surtout Jean Babilée «le premier danseur, porteur de la danse contemporaine»
Il ne commente pas le refus de sa candidature à la direction du Ballet de l’Opéra, «l’une des rares maisons en France qui peut prendre le temps» et qui, selon lui, devrait faire le lien entre classique et contemporain. «Transmettre, créer et diffuser la danse », tel est son nouveau projet.
Après le spectacle imaginé pour cette soirée unique, il se sent ouvert à tout : «J’ai envie de regarder autour de moi », et entend se «concentrer sur son cœur de métier ».
On le reverra en effet en mars prochain, dans ce même théâtre, pour la création mondiale de Solaris, opéra en quatre actes (livret, mise en scène et décors de Saburo Teshigawara), d’après le fameux roman de science-fiction de Stanislas Lem. En compagnie du chorégraphe, de Rihoko Sato et de Václav Kuneš…
Mireille Davidovici
Théâtre des Champs-Elysées 15 avenue Montaigne 75008 Paris, les mardi 4 et mercredi 5 novembre T. 01 49 52 50 50