Gérard Violette
Il y a des mois comme cela, où on a l’impression de bafouiller quand on est devant son ordinateur. Après Michèle Guigon et Michel Crespin, Gérard Violette est mort subitement, ce mercredi. Après des études de droit et un diplôme de sciences économiques, il fut dès 1968, administrateur général au Théâtre de la Ville sous la direction de Jean Mercure. Il lui succéda en 1985 et le lieu devint essentiel pour la danse contemporaine, en particulier avec les chorégraphes belges: Anne Teresa De Keersmaker, Jan Fabre, Alain Platel, Jan Lauwers, Wim Vandekeybus.
Mais il restera dans la mémoire collective comme celui qui, dès 1979, accueillit et coproduit, année après année, Pina Bausch avec Les Sept Péchés capitaux et Barbe-bleue. Et cela dès 1985, alors qu’elle était encore peu reconnue, même en Allemagne. Mais il fit venir aussi pour des créations mondiales des artistes comme entre autres Merce Cunnignham, Lucinda Childs, Trisha Brown, Alwin Nikolaïs, Calrolyn Carlson, Mats Ek, Jiri Kilian, la compagnie Sankaï Juku et de jeunes chorégraphes comme Maguy Marin, Daniel Larrieu, puis plus récemment Sidi Larbi Cherkaoui, Akram Khan ou Rachid Ouamdane.
Un des autres titres de gloire de Gérard Violette fut de faire connaître, à un heure inhabituelle avant la représentation du soir, les musiques traditionnelles sud-américaines et méditerranéennes, puis indiennes, pakistanaises, arabes… ou cap-verdiennes comme il y a plus de vingt ans, avec Cesaria Evora,. Alors que cela n’intéressait pas grand monde dans les institutions. Côté théâtre, il a sans doute moins bien réussi son coup mais il accueillit Robert Wilson, soutient de jeunes metteurs en scène comme Jacques Nichet, et Bruno Boeglin avec souvent des pièces d’auteurs contemporains comme Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès… Très engagé auprès des chorégraphes et metteurs en scène qu’il recevait, il s’estimait parfois incompris et acceptait souvent très mal que la critique ne le suive pas dans ses choix… Chaque conférence de presse annuelle commençait par une série de petites piques à son égard. Une sorte de rituel, pas méchant et auquel nous avions fini par nous habituer… Il fit construire en 1996, le Théâtre des Abbesses qui, très vite, malgré une architecture mal pensée, acquit une place importante dans le paysage du spectacle à Paris. En 2008, il prit sa retraite et confia la direction de cette grosse maison qui affiche quatre cent représentations par an, à Emmanuel Demarcy-Motta. Il eut donc une vie bien remplie et il aura beaucoup donné au spectacle contemporain.
Adieu et merci, Gérard Violette pour ce que vous aurez fait…
Philippe du Vignal