Gérard Violette

 REMISE DES PRIX SACD 2008 Il y a des mois comme cela, où on a l’impression de bafouiller quand on est devant son ordinateur. Après Michèle Guigon et Michel Crespin, Gérard Violette est mort subitement, ce mercredi. Après des études de droit et un diplôme de sciences économiques, il fut  dès 1968, administrateur général au Théâtre de la Ville sous la direction de Jean Mercure. Il lui succéda  en 1985 et le lieu devint essentiel pour la danse contemporaine, en particulier avec les chorégraphes belges: Anne Teresa De Keersmaker, Jan Fabre, Alain Platel, Jan Lauwers, Wim Vandekeybus.
Mais il restera dans la mémoire collective comme celui qui, dès 1979, accueillit et coproduit, année après année, Pina Bausch  avec Les Sept Péchés capitaux et Barbe-bleue. Et cela dès 1985, alors qu’elle était encore peu reconnue, même en Allemagne. Mais il fit venir aussi pour des créations mondiales des artistes comme entre autres  Merce Cunnignham, Lucinda Childs, Trisha Brown, Alwin Nikolaïs, Calrolyn Carlson, Mats Ek, Jiri Kilian, la compagnie Sankaï Juku et de jeunes chorégraphes comme Maguy Marin, Daniel Larrieu, puis plus récemment Sidi Larbi Cherkaoui, Akram Khan ou Rachid Ouamdane.

Un des autres titres de gloire de Gérard Violette fut de faire connaître,  à un heure inhabituelle avant la représentation du soir, les musiques traditionnelles  sud-américaines et méditerranéennes, puis indiennes, pakistanaises, arabes… ou cap-verdiennes comme il y a plus de vingt ans, avec Cesaria Evora,. Alors que cela n’intéressait pas grand monde dans les institutions.
Côté théâtre, il a  sans doute moins bien réussi son coup mais il accueillit Robert Wilson, soutient de jeunes metteurs en scène comme Jacques Nichet, et Bruno Boeglin avec souvent des  pièces d’auteurs contemporains comme Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès… Très engagé auprès des chorégraphes et metteurs en scène qu’il recevait, il s’estimait parfois incompris et acceptait souvent très mal que la critique ne le suive pas dans ses choix… Chaque conférence de presse annuelle commençait par une série de petites piques à son égard. Une sorte de rituel, pas méchant et auquel nous avions fini par nous habituer… Il fit construire en 1996, le Théâtre des Abbesses qui, très vite,  malgré une architecture mal pensée, acquit une place importante dans le paysage du spectacle à Paris. En 2008, il prit sa retraite et confia la direction de cette grosse maison qui affiche quatre cent représentations par an, à Emmanuel Demarcy-Motta. Il eut donc une vie bien remplie et il aura beaucoup donné au spectacle contemporain.
Adieu et merci, Gérard Violette pour ce que vous aurez fait…

Philippe du Vignal

 


Archive pour 25 septembre, 2014

soleil couchant

Soleil couchant  par le Tof Théâtre

Un vieil homme tremblotant en costume, un mouchoir sur sa tête chauve, marche  au bord de la mer dont  on entend le bruit du ressac. Il va s’asseoir sur un pliant; autour de lui, des bouts de tissu accrochés à de petits bâtons  qui flottent au vent.
  Il en plante certains et en arrache d’autres, puis enlève ses chaussures dont l’une pleine de sable, qu’il vide lentement. Il ne se passe rien, pas un mot n’est prononcé, alors que  les pièces sur le thème de la vieillesse sont plutôt du genre bavard, et pourtant ici, on est fasciné par cette lenteur d’un homme  silencieux  et en fin de vie, qui se bat pour tenir encore debout.
  Alain Moreau, qui manipule son double issu de son pantalon, a un rapport émouvant avec cette marionnette qui déguste un verre de bière, qu’il finira, lui, par boire… puisque la marionnette n’a pu le faire. La vieillesse, à part Le Roi Lear, et Le Cid, avec un personnage comme don Diègue… n’est pas un thème souvent traité dans le théâtre classique,  plus peut-être dans le théâtre  contemporain, avec  entre autres, La Vie est trop courte d’André Roussin, Tango viennois de Peter Turrini, La Maison du lac de Jean Anouilh, Harold et Maud de Colin Higgins, ou encore Portraits de William Douglas-Home .
« Si on regarde ce que j’ai créé comme spectacle, dit Alain Moreau, il y a toujours les grands-parents… quelque chose m’intéresse là-dedans. Je ne suis pas quelqu’un de particulièrement angoissé mais je pense que c’est bien de se préparer. Et puis, je suis assez attentif aux personnes âgées qui m’entourent. Mes grands-parents, que je n’ai plus maintenant… mais je suis quelqu’un d’instinctif aussi et c’est sur le moment que j’ai envie de faire des choses ».

C’était le spectacle d’ouverture lors de la présentation de saison du Mouffetard Théâtre des Arts de la Marionnette, enfin doté d’un lieu après vingt ans d’errance. Il y aura  une dizaine de spectacles, dont certains seront joués ailleurs. Ainsi J’oublie tout entre autres de Jean-Pierre Larroche et ses Ateliers du spectacle sera présenté au Carreau du Temple du 4 au 12 octobre.
Et du 5 au 31 mai, la Biennale internationale des Arts de la Marionnette présentera des compagnies d’arts de la marionnette parmi les plus reconnues au monde. Créée en 2001, elle est organisée par le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette, la Maison des métallos et la Ville de Pantin. Avec une grande diversité : pour adultes, pour enfants, pour tous publics, à l’intérieur, à l’extérieur, sur petit ou grand plateau, avec ou sans texte, avec marionnettes, objets ou images… La marionnette a maintenant en France une  existence indéniable

 Edith Rappoport

 Le Mouffetard Théâtre des Arts de la Marionnette 73 Rue Mouffetard, 75005 Paris T: 01 84 79 44 44

www.lemouffetard.com

 

 

l’Amour d’écrire en direct

L’amour d’écrire en direct,  animation et mise en scène de Marc-Michel Georges

 Après sept ans d’existence dans  plusieurs salles de Paris, et en province, L’amour d’écrire en direct  a lieu tous les deux mois de façon bimestrielle. C’était lundi  la 44ème édition de cet ovni, à cheval sur le cabaret et l’écriture de textes en direct avec un objectif précis: que le public puisse voir de près à quoi ressemblent de jeunes écrivains, et comment ils arrivent, à partir d’une phrase ou de quelques mots proposés par un spectateur  à pondre un texte en un temps record, voire même directement sur la scène. Donc unité de lieu, de temps (chronométré), et d’action: bref, les vieilles règles de la dramaturgie classique susceptibles d’être ici appliquées à l’écriture et à l’improvisation.
Cela se passe au Pan Piper, une ancienne petite usine reconvertie en lieu multi-fonctionnel situé dans l’impasse Lullier,  à cent mètres du métro Philippe Auguste, doté de plusieurs salles de répétition et d’un restaurant. En sous-sol, une salle avec un bar un peu chic, avec, au mur, des affichettes indiquant que les  Soirées sont soutenues par les Ecrivains Associés du Théâtre (EAT) et la Fondation Inter-Fréquence sous l’Egide de la Fondation de France, et plus loin, cent cinquante chaises (pas attachées, bonjour la sécurité!)  et une petite scène  pas assez haute. (Donc le public ne voit pas bien) mais elle est correctement équipée de pendrillons noirs, d’un micro sur pied, et de quelques projos qui diffusent une lumière bleue et jaune.
2014-01-27 20.51.09Marc-Michel Georges salue le public- une centaine  de personnes- où il y a quand même quelque jeunes gens, sans doute amis des écrivains. Le droit d’entrée est de douze € et on peut faire don d’un petit objet ni lourd, ni cher, ni encombrant qui donnera lui aussi prétexte à écriture pour le philosophe de service, lundi dernier, c’était François Thomas, avec, sans doute, le texte drôle et le plus brillant de la soirée, où il cite nombre d’écrivains, dont Parménide.
Marc-Michel Georges, très à l’aise, salue aussi la marraine de cette quarante-quatrième édition : Elsa Wolliaston, la grande dame de la danse africaine… Il salue aussi un écrivain, connu pour ses plagiats de Guillevic et un ex-directeur de petit théâtre connu, lui, pour son manque de scrupules… Passons!
Il fait ensuite entrer sur scène  trois  jeunes écrivains: Camille Solal, Carine Marouteau, Baptiste Moussette, et Hana Zavadilova, elle, un peu plus âgée, et auteure d’une pièce jouée. Et deux slameuses,  Shein B et Laureline Kuntz.
D’abord, un air d’accordéon joué par Marc-Michel Georges, ainsi qu’un petit film de lui, court mais un peu laborieux dont il  revendique la paternité, et, indique-t-il, réalisé en une journée, où il incarne un mari et, travesti avec perruque, sa femme.
Les écrivains, eux, ont été priés par lui d’écrire plusieurs fois en un temps imposé chrono, un texte à partir d’une phrase donnée par un spectateur, ou sur un thème imposé. Vieux truc d’improvisation  théâtrale reconverti pour l’écriture. Mais cela marche, même si c’est très inégal: le texte pondu à l’arrache par Baptiste Moussette, est, lui, particulièrement  intéressant.
Un des meilleurs moments  du spectacle est aussi celui où chaque écrivain à partir de quelques mots imposés,  doit écrire au stylo et en deux minutes (ou plutôt faire semblant…) un petit texte. Ce cocktail impro théâtrale/ écriture est des plus réjouissants…
Quant à Laureline Kuntsz, comédienne à l’excellente diction, ce qui ne gâche rien, elle dit, accoudée au bar, un monologue où elle s’amuse à jouer avec les mots: c’est à la fois drôle, subtil et d’une rare élégance… L’autre monologue de Shein B est moins convaincant. Il y a aussi, sur la fin, un avocat (celui qui veut dans le public mais bon, cela sent un peu  la triche!) qui, chacun, viendra défendre un des textes.
Le spectacle avance bien lentement, et sans autre rythme que celui du bruit des langue de belle-mère distribuées au public qui renâcle un peu à s’en servir. En fait, il y a de bons moments où l’on rit de bon cœur, mais d’autres où on s’ennuie ferme pendant ces deux heures annoncées (en réalité rallongées de trente minutes!), ce qui est beaucoup trop long.
La faute à quoi? A un démarrage des plus laborieux, au petit film où il se fait plaisir, que Marc-Michel Georges aurait pu nous épargner, à certaines interventions assez faibles (mais c’est la loi du genre!). Et surtout à une mise en scène qui n’est pas du bois dont on fait les flûtes. En fait, tout se passe comme s’il voulait remplir ici un temps déterminé, et cela ne peut pas fonctionner à plein régime. Et c’est d’autant plus dommage qu’il y a ici nombre d’ingrédients tout à fait intéressants dans la recette concoctée par Marc-Michel Georges.
Donc à suivre  à la prochaine édition…

Philippe du Vignal

Pan Piper,  Impasse Lullier 75011 Paris

 

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