ça, création collective
Ça, création collective dirigée par Esther van Den Driessche
C’est une chose dont on ne parle pas, ce phénomène physiologique emblématique de la condition féminine, au cœur de tous les tabous, légendes, discriminations contre la « femme douze fois impure ». On peut appeler « ça », règles, périodes, menstrues, et les Anglais qui débarquent (allusion à la couleur rouge, ça ne date pas d’hier), les ragnagnas…; ça fait tourner les sauces, tordre les chevilles, met tout le monde de mauvaise humeur, et autres préjugés. Déjà le rédacteur et le lecteur, pardon, la rédactrice et sa lectrice, commence à trouver « ça » dégoûtant.
C’est bien là-dessus que compte la petite troupe dirigée par Esther van Den Driessche : le spectacle se veut culotté, dérangeant. On rit (de temps en temps) de quelques petites provocations de langage, faussement naïves, du jeu, vieux comme le monde, de l’inversion des sexes (on ne parle pas du genre).
Mais du côté du théâtre, on attend en vain qu’il se passe quelque chose. C’est réglé (!) impeccablement, avec une autorité manifeste, pour rien. Passons sur les lieux communs du cabaret : interpellation du public –inutilement gênante-, valse avec une chaise, masque de vieillarde avec lequel on ne joue pas, nudité dans une ombre propice, changements de robes (rouges) à vue .
Au théâtre, aucun de ces effets n’est interdit, à condition qu’ils aient un sens. Ici, ils n’ont que celui d’une organisation rigide, ne laissant aucune place au vivant et à l’organique, contrairement aux intentions affichées. Des corps vivants sur scène ? Précisément, devant nous, nous avons des corps, plus ou moins habiles (une bonne danseuse. Pour les autres, n’insistons pas..), plus ou moins affairés, et non des comédiennes libres et réellement engagées dans le jeu qu’elles proposent.
On attend un texte, on n’a que des mots. Le projet était risqué mais la réalisation théâtrale ne prend ici aucun risque. Du coup, l’événement n’a pas lieu.
Christine Friedel
Théâtre de l’Atalante T: 01 46 06 11 90