The old Testament
The Old Testament, mise en scène de The Loose Collective
L’Ancien Testament recèle des histoires diverses qui font partie de la grande histoire. Celle des origines d’abord, telle qu’elle est racontée au début de la Genèse : origine de l’univers, de notre terre et de la vie qu’elle abrite et origine de l’homme, avant tout. Un homme et une femme sont créés à l’image de Dieu… un vrai couronnement. Mais… les voilà donc responsables d’une création qu’ils devront alors gérer.
L’Ancien Testament est aussi le récit des premiers pas de l’humanité sur la planète, et de sa prise de distance tragique avec son Créateur. L’homme, épris d’une liberté coupable et amère, l’a mis à distance. Mais Dieu, père aimant, revient inlassablement à la rencontre de l’humanité souffrante pour lui offrir un nouveau départ et la remettre sur les rails. Ainsi, se lit l’histoire de la Bible et le sens de la venue du Christ vers lequel pointe tout l’Ancien Testament qui la prépare patiemment.
La « formularité » de cet écrit capte étrangement l’attention : une écriture dans l’écriture, instituant, répétant et perpétuant, de texte en texte, et de période en période, les mots et les associations de mots : « Tout était bon, tout était bon, tout était très bon, tout était très bon, tout était très bon, donc tout était corrompu… », ou »Car ils ont pris des choses dévouées par interdit, ils les ont dérobées, les ont dissimulées, et les ont cachées parmi leurs bagages » (Josué 07 ; 11)
Créativité, inventivité, utopie, ambition mais aussi frustration, tel est le propos vertigineux et amusant du The Loose Collective, un groupe viennois d’envergure internationale, composé de chorégraphes, musiciens et comédiens – tous, interprètes polyvalents éblouissants et performeurs exemplaires.
Le mélange des arts est leur spécialité, de la culture pop – électro, reggae, post-punk-, à la danse et au théâtre musical… Avec les compositeurs Guenther Berger et Stephan Sperlich, ils sont sept sur la scène, dont deux femmes, Marta Navaridas et Anna Maria Nowak, Alex Deutinger, Alexander Gottfarb, Thomas Kasebacher. Vêtus de façon kitch, avec une élégance désuète et moqueuse, robes et pantalons fluides rose saumon, et coiffés de perruques pop des années 70, ils jouent sur le mode comique mais dansent avec une grande rigueur.
Tout ce que la terre peut receler d’animaux, de coléoptères, d’insectes ou de chenilles, ces artistes fougueux et silencieux, quand ils ne chantent pas en chœur ou en solo, en épousent collectivement les formes malicieuses, et se métamorphosent, sous les yeux ébahis des spectateurs.
Ils miment l’homme avec sa charrue, labourant les champs, et la tête baissée, à l’heure de l’Angélus. Imperturbables, ils marchent et parcourent la terre, les mains dans le dos, ou sur leurs fesses douloureuses : détails de figures allégoriques ancestrales – paysans ou nomades – s’imposent alors sur le plateau. Et, quand les musiciens saisissent avec impétuosité leurs guitares électriques, l’ensemble fait un spectacle tout à fait convaincant.
Véronique Hotte
Maison des Arts de Créteil-La Briqueterie,
le 26 septembre.