Une semaine en compagnie

Une Semaine en compagnie

Depuis  cinq ans, le Collectif 12 de Mantes-la-Jolie organise, en concertation avec ARCADI, la Maison des Métallos et le Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, Une Semaine en compagnie, une série de spectacles créés par de jeunes troupes… Comme il y eut autrefois Six Jours pour le Jeune Théâtre organisés dès les années 1971,  au Théâtre du Soleil, au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers et au Théâtre des Deux Porte…
Mais il y avait à l’époque une centaine de compagnies professionnelles en France, et maintenant  plusieurs milliers aujourd’hui !

 
Vivipares, mise en scène de Céline Champinot

vivipares

© Céline Champinot

Après Atteintes à sa vie de Martin Crimp et Marie Tudor de Victor Hugo,  créés en 2011 et 2013,  Vivipares est la troisième  création de La Galerie qui se veut « un organisme vivant, pas un agrégat d’artistes, une Bête qui se nourrit de création et qui cherche à nourrir par sa création ».
Les cinq actrices, dans un étrange capharnaüm, se prennent pour différents personnages: David Bowie, Oedipe Roi, Judy Garland, Michaël Jackson… »Tous les acteurs seraient morts (…) Je veux être une fille et je suis moche… ». On assiste à l’assassinat de l’écrivain Charles Bukowski et de son fils lourdement handicapé, et  à un ballet érotique loufoque. « Rentrez chez votre mère, vous êtes moches. À la santé des avortées »…
 Pas facile de rendre compte de cet étrange voyage onirique, non fondé sur des improvisations comme on pourrait le croire mais très écrit.
On reste troublé par les transformations des actrices au fil de leurs personnages, comme ce moustachu dont on aperçoit les seins, et on se laisse vite  bousculer par la folie de ce délire théâtral d’une grande efficacité. Comme nombre de compagnies prometteuses, la Galerie a été accueillie au Théâtre de Vanves en 2012.

Maison des Métallos le  8 septembre
celine.champinot@lagalerie.org

All the Power to the people de Mohamed Rouhabi

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© Pascal Gélys

Cette évocation de l’esclavage aux États-Unis  charrie un puissant fleuve d’images, avec  sept acteurs-danseurs et de belles projections. « « On vivait dans le Sud à Bâton Rouge. Dans cette ville, si tu as 20 ans et si tu es encore en vie,, c’est que tu es blanc ! (…) »
Les Noirs portent en eux le secret de la naissance de l’humanité ! (…) Tu es issu de toi-même, ne t’en laisse pas chasser ! (…) La liberté est-elle inhérente à l’homme, l’esclave est-il libre à un degré quelconque ?  (…) Je ne me souviens pas d’avoir vu un seul esclave connaissant la date de sa naissance ! ».
La chorégraphie, les projections, les lumières donnent à cette sombre épopée un relief étrange. Le spectacle est dédié à Michael Brown, un homme noir de dix-huit ans abattu de quatre  balles dans le corps et de deux dans la tête par Darren Wilson, un policier blanc, le 9 août 2014 à Ferguson, dans l’Etat du Missouri, alors qu’il avait les mains en l’air.

Maison des Métallos le 9 septembre www.lesacharnes.net

Nous ne sommes pas seuls au monde, écriture et mise en scène d’Élise Chateauret

  usec_nous_ne_sommes_pas_seuls_2  Fondé  sur un entretien avec une jeune femme Sénégalaise qui  évoque la rupture douloureuse d’avec  ses parents immigrés qui ont ainsi voulu mieux préparer leur fille à son intégration, le spectacle met en scène un couple mixte évoluant sur une longue piste blanche, dans une scénographie bi-frontale.
Malgré la proximité des deux acteurs munis de micros qui évoluent d’un bout à l’autre de la piste,  on peine à se concentrer sur leurs propos difficiles,  et l’émotion peine donc à surgir. Ce « duo intimiste et sensoriel » n’atteint pas son objectif auprès du public, du moins ce soir-là.
Mais peut-être la déception était-elle à la mesure de notre attente…

Maison des Métallos le 9 septembre

Edith Rappoport

     


Archive pour septembre, 2014

Adieu Michel Crespin

Adieu Michel Crespin

crespin-3Il allait avoir 74 ans et est parti  le 8 septembre pendant son sommeil à Château-Chalon chez lui dans le Jura. Visionnaire,  comme l’a dit Jean-Marie Songy,  qui lui succéda en 94, il  est surtout connu pour avoir créé Eclat, le Festival d’Aurillac en 86… Pour le meilleur, avec de grandes troupes comme Le Royal de Luxe, et  avec de nombreux spectacles,  comme cette étonnante Célébration de  la guillotine conçue par le Théâtre de l’Unité d’Hervée de Lafond et Jacques Livchine qui,  auront été, comme lui, à l’origine du théâtre dit de rue en France..
  Michel Crespin  est aussi connu pour avoir créé la FAI-AR, Formation avancée itinérante aux arts de la rue en 2005. Nous l’avions connu en 72, quand il fonda le Théâtre Acide, avec ses complices: avec notamment son frère, et Charles Nugue, ainsi que Jean-Marie Binoche, et quand il  fit partie de cette opération devenue mythique que fut Aix-en-Provence, ville ouverte aux saltimbanques  imaginée par Jean Digne en 73.
Cet homme infatigable, dans un autre vie professeur de physique, en avait gardé la rigueur dans son travail: il fut  tout à la fois d’abord acteur, auteur et metteur en scène, pour sa compagnie Les Charmeurs réunis, de numéros comme Monsieur Roger et Madame Lucie. Mais il créa aussi nombre de spectacles  comme entre autres , Cirque aérien, Les Nuits magiques du cinéma, Trapèzes  à  Marne-la-Vallée ; Tambours 89 au Parc de la Villette ; Le Grand Mécano pour le centenaire de la Tour Eiffel ; Concerto pour anges motorisés à Villeurbanne … et,  avec Gérard Burattini,  La lettre au Père Noël à Aubagne,.
Il organisera en 1980 dans le Jura,  La Falaise des Fous, un festival hors-normes d’artistes de rue puis en 81, avec Fabien Jannelle (alors directeur du Centre d’Action Culturelle de Marne-la-Vallée) il crée  Lieux publics , un centre pour les arts de la rue  à la Ferme du Buisson qu’il emmènera ensuite  à Marseille en 1989.
Il  avait  aussi enseigné à partir de 1993  en  Scénographie à l’Ecole nationale supérieure d’architecture à Clermont-Ferrand, puis à Nantes.
Il laisse inachevé un  Grand livre de la rue, qu’il avait  commencé à écrire, il y a quelque dix ans. Voilà, incomplet et grossièrement résumé,  le parcours  exemplaire d’un  homme qui aura beaucoup contribué à faire naître l’idée d’un théâtre différent,  et surtout d’une relation différente entre créateurs et public….
Notre amie Edith Rappoport qui l’a bien connu et  qui a pu aller à son enterrement, vous en parle plus bas
Adieu Michel,  et merci.

Philippe du Vignal

Nous l’avions découvert en 1973,  à Aix, ville ouverte aux saltimbanques, rencontre fondatrice de ce qu’on n’appelait pas encore les Arts de la rue, sur le cours Mirabeau, dans La famille Eustache Amour qu’il interprétait avec Bernard Maître et Jean-Marie Binoche. C’est Jean Digne qui, le premier,  avait  permis de jouer dehors  au Théâtre de l’Unité, à Blaguebolle, et  à bien d’autres artistes, peintres, sculpteurs et comédiens. Philippe du Vignal y a tenu  dans une caravane, si, si c’est vrai!, le rôle d’écrivain public puis l’année suivante d’écouteur public.
Michel Crespin lui avait rompu avec sa carrière d’enseignant, après avoir subi une formation d’enfant de troupe que  d’avoir perdu très jeune son père à la guerre lui donnait droit … Il joua avec sa compagnie Les Charmeurs Réunis, dont faisait partie Puce (Annick Hémon) dans Monsieur Roger et Madame Lucie, avec des tours de force impressionnants.  Il participa aussi à l’École de Badauds lancée par Jean Digne à Manosque,  où l’on vit Bartabas faire ses premiers pas.

Mais Michel a plus d’une corde à son arc, c’est un inventeur, un fédérateur et il parvient à obtenir une reconnaissance des pouvoirs publics en fondant en 1981, Lieux Publics dans une petite caravane, avec l’aide de Fabien Jannelle, directeur de la Ferme du Buisson où Il  lance des événements comme Écho d’Écorce et Saut Haut, Les Nuits Magiques du Cinéma, Le Cirque Aérien. Et il   arrive à rassembler des troupes prometteuses qui commencent à obtenir des subventions.
Lieux Publics déménage à Marseille et Hors les murs, une deuxième structure reconnue par l’État se forme à Paris. Michel Crespin qui poursuit son combat pour la reconnaissance des arts de la rue, fonde en 1986 le festival d’Aurillac,  avec une dizaine de compagnies dont le Théâtre de l’Unité avec sa 2 CV Théâtre et son Théâtre pour chiens. Les années suivantes, des compagnies de passage, embryon du festival off (qui comptait cette année 2014 près de 800 compagnies), se mobilisent pour profiter du public du festival.
Il quittera Aurillac neuf ans plus tard,  en laissant la direction à l’habile Jean-Marie Songy, à l’époque responsable du  Off. Pour autant, Michel poursuit de folles entreprises, en réalisant des spectacles comme Théâtre à la volée, et en s’impliquant dans des formations. Il  fonde à Marseille la Formation Itinérante des Arts de la rue, que Dominique Trichet,  son vieux complice, dirigea jusqu’en 2013.
  Nous avons pu lui dire un dernier adieu dans sa maison de Château Chalon. Très nombreux, atterrés et silencieux, en larmes,  embrassant ses vieux compagnons que nous avions perdu de vue.  On nous distribuait des tournesols, et nous avons pu le voir, paisible et  élégant avec sa belle cravate de la Légion d’honneur  sans arriver à croire qu’il n’allait plus se réveiller.
  Les tambours de Gilles Rhode et de Transe Express, et une fanfare de cuivres l’ont accompagné dans le dédale des rues jusqu’au cimetière. Avec des arrêts,  pour écouter les prises de parole de ses proches et des officiels, dénués de toute emphase, empreints d’une véritable affection et d’une reconnaissance pour son œuvre. Jacques Livchine nous a emporté dans une envolée poétique bienfaisante,  où il évoqua  les enfants et petits-enfants de Michel, les femmes qu’il a aimées, et son frère Claude qui l’a accompagné dans ses premières aventures.
Enfin, la musique du Combat de Tancrède et de Clorinde de Monteverdi qu’il avait monté sur les flancs de la colline de Villeneuve-lez-Avignon en 1975, l’ont salué.
Adieu, cher Michel, pour nous, tu restes toujours vivant.

Edith Rappoport

Spleenorama

 Spleenorama, texte, mise en scène de Marc Lainé, musique et paroles des chansons de Bertrand Belin

 

--«JeanLouisFernanandez147Après le  succès en 2012, de Memories from the Missing Room avec le groupe Moriarty, le metteur en scène Marc Lainé, qui en est aussi le scénographe et costumier, lance Spleenorama, un nouveau  spectacle de théâtre musical et fantastique.
Après quinze ans d’absence, un jeune musicien qui a quitté sa province pour faire des  créations ailleurs, et avec un certain succès, revient pour assister à l’enterrement de son ami d’enfance et partenaire. Musicien solitaire et  rêvant de gloire, rivé obstinément à ses chansons, il avait fini, entre défonce et reprise de soi, par se suicider après la séparation de son  groupe.

Le mort d’aujourd’hui reste la figure tutélaire de ce quatuor de rock, dont les deux autre membres forment aujourd’hui un couple avec enfants, un peu instable,  car la junkie est restée amoureuse de ses partenaires. On pense à nombre de groupes qui accompagnèrent de leurs musiques, les générations des années soixante-dix comme le Velvet Underground, Lou Reed ou Nico...
  Malgré quelques excès, Odja Llorca reste convaincante dans le rôle de la jeune femme, comme Matthieu Cruciani et Guillaume Durieux dans celui de musiciens « habités ». Marc Lainé a été fasciné entre autres, par la figure de Sid Barrett, leader des Pink Floyd qui, éjecté du groupe, s’était reclus dans son appartement londonien pendant des années, ou encore par le destin des Joy Division qui, après le suicide de Ian Curtis, ont su  créer New Order, un nouveau groupe.
Dans ce même esprit, Spleenorama pourrait être l’histoire merveilleuse mais tragique d’un groupe de rock dont la vitalité désespérée – entre Eros et Thanatos, désir de créer, alcool et drogues dures – est une métaphore de l’existence. L’aventure passée et la jeunesse enfuie recèlent à jamais les rêves brisés, « la rage et l’utopie, la naïveté et l’engagement.»

  Le spectacle, fondé sur des thèmes comme  la fraternité, la culpabilité, le renoncement, l’échec et les amertumes, est porté par la musique de Bertrand Belin, comédien et musicien  sur scène, figure incarnée de la mythologie contemporaine des « guitar heroes ». Mais ici la musique et ses artistes n’ont pas la gloire en majesté que le spectateur attendait : la dimension de l’entreprise, sa poésie, et l’évidence de son désir n’ont pas rendez-vous sur un plateau décidément à l’abandon.
  Les paroles des chansons de Bertrand Belin ont la gravité, la mélancolie et la délicatesse requises et illustrent en profondeur les états intérieurs des personnages. Mais, même si le leader charismatique du groupe s’incruste dans le récit et commente la vie des protagonistes, en faisant retour sur scène, alors qu’il est mort, vivant à nouveau des scènes douloureuses du passé, égrainant les flash-backs d’un film de bons et mauvais souvenirs, on reste déçu! Théâtre et musique: la synthèse ne se fait pas et le public suit le scénario de ce mauvais rêve avec ennui, et y cherche, en vain, rythme et cadence, malgré des chansons attachantes…

 Véronique Hotte

 Théâtre de la Bastille, jusqu’ au 4 octobre à 20h. T : 01 43 57 42 14

adieu michèle Guigon

Adieu Michèle Guigon

 

Michèle Guigon-thumb-500x375-54956Elle est partie au  petit matin du 4 septembre (son dernier clin d’œil, comme le nom de sa compagnie!), à 55 ans seulement mais un cancer du sein l’avait attaqué il y a quelques années, et ne l’avait jamais lâchée. On la savait pas au mieux depuis quelque temps mais elle continuait à se battre avec courage.
  Nous l’avions connu il y a plus de trente ans, quand Macha Makeieff et Jérôme Deschamps avaient créé leur compagnie,  avec  de petits spectacles déjantés qui n’attiraient à l’époque pas grand-monde, comme Les Oubliettes, Les Précipitations, un des plus remarquables de la compagnie joué dans la vieille salle même de l’Idéal-Ciné de Tourcoing, avant sa démolition. Puis il y eut Les Petites chemises de nuit, En avant, puis  Les Blouses, et La Veillée créé au T.N.P. de Villeurbanne qui consacra les Deschiens.
Elle a joué avec eux  des années 78 à 85, une jeune gourde, en blouse à fleurs, fagotée comme il n’est pas permis sauf chez les Deschamps. Elle était là présente, les bras ballants, totalement idiote, incapable de rien faire, quasi-muette, et il y fallait, à n’en pas douter,  une  intelligence supérieure du corps et de l’esprit chez cette toute jeune femme, pour arriver à une telle présence scénique…Tout en mettant au point une légère distance par rapport à son personnage. Sans doute sous l’influence d’Antoine Vitez, dont elle avait suivi les cours au Théâtres des Quartiers d’Ivry.

Et cela la rendait encore plus attachante avec son gros accordéon qui ne la quittait vraiment jamais. Elle en jouait de façon aussi chaleureuse qu’un peu ironique, comme pour marquer une petite différence… Elle prit ensuite son envol et créa ses propres spectacles avec sa compagnie du P’tit matin avec Anne Artigau et Yves Robin, comme Marguerite Paradis en 84 ou Etats d’amour en 85, qu’Alain Crombecque, alors directeur du Festival d’Avignon avait invités.
Dernièrement, elle s’était lancée dans de remarquables  solos écrits avec sa complice et amie Suzy Firth, et mis en scène par sa fidèle Anne Artigau, comme en 2011 :  La vie va où ? ou Pieds nus, traverser mon cœur (voir Le Théâtre du Blog) où elle parlait avec lucidité et une implacable ironie, de ce qu’elle avait dû subir pendant sa maladie avec des phrases incisives, du genre:  « J’ai pas fait médecine, j’ai fait malade » ou: » Quand on vieillit, les médicaments passent de la salle de bains à la cuisine. » Des silences et des grommelots des Deschiens, elle était passée à une belle maîtrise du monologue.

  Voilà, c’est fini, nous sommes évidemment très tristes mais il nous reste pour retrouver son beau regard et son espièglerie, un livre/CD: La vie va où? (Camino éditeur 20 €). Merci Michèle, pour ce que tu auras apporté au théâtre contemporain. 

Philippe du Vignal

 

 

Festival TranscenDanse

Festival TranscenDanse, première saison

affiche-100X150-TCE-v4Le théâtre des Champs-Elysées est, historiquement, depuis l’arrivée des Ballets russes  en 1913, dédiée en partie à la danse. Sous le vocable TranscenDanse, le programme de cette saison est d’une grande  richesse: le Ballet national de Norvège, d’abord ce mois-ci, avec ses cinquante neuf danseurs, présente trois chorégraphies de Jiri Kylian,  dont le célèbre Bella Figura créé en 1995, qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie et, une première en France, Gods and Dogs, crée en 2008.
Les spectateurs de l’Opéra de Paris qui n’ont pas eu la chance d’assister à la soirée d’adieu de Nicolas Le Riche, pourront se précipiter pour le voir en novembre dans un programme avec Clairemarie Osta, Eleonora Abbagnato et Russel Maliphant qui, lui, reviendra en mai, avec sa compagnie et ses chorégraphies.
  En janvier, la très jeune et dynamique compagnie nationale de danse d’Espagne, dirigée par José Martinez, proposera trois premières pour la  Françe: une chorégraphie de  Mats Ek, Casi Casa (2009), et  deux autres, d’Itzik Galili et d’Alejandro Cerrudo. Son ancien directeur artistique,  Nacho Duato,  a été nommé en 2012, directeur de ballet du théâtre Michel  voisin du théâtre Alexandrinski, le plus ancien de  Saint-Pétersbourg,  où réside le Eifman Ballet,  reconnu dans le monde entier pour la qualité de  ses créations, va présenter ici  en février, Up and Down, une adaptation de Tendre est la nuit, de Francis Scott Fitzgerald.
C’est donc à un voyage dans l’Europe de la danse que nous invite le théâtre des Champs-Elysées.

Jean Couturier

www. theatrechampselysees.fr  

Pascal Descartes, L’Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune

 Pascal /Descartes, L’Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune de Jean-Claude Brisville, mise en scène de Daniel et William Mesguich

En 1985 qu’avait été créé cette pièce  au Petit-Odéon, dans une mise en scène de Jean-Pierre Miquel avec Henri Virlogeux et Daniel Mesguisch.
Depuis les Mesguisch, père et fils,  sont emparés depuis 2007 de ce dialogue: Daniel est Descartes, et son fils William incarne l’intraitable Pascal. Soit deux générations qui s’affrontent; la dimension du temps, de l’expérience donc leur mot à dire. À l’épreuve irréductible du vécu, s’ajoutent les variations de caractère de ces philosophes les plus célèbres de leur temps. Cette rencontre mythique a bien eu lieu au couvent des Minimes, près de l’ancienne Place Royale, le 24 septembre 1647…
Le jeune et maladif Blaise Pascal de 24 ans et l’expérimenté René Descartes de 51 ans – ne s’entendent pas! Pour parler du monde: science et religion, raison et sentiment, vide et foi,  ils ont des visions radicalement antagonistes. D’un côté, sagesse de l’expérience, goût du voyage et  choix des Pays-Bas comme terre d’accueil. Le « vieux » philosophe est homme de terrain et a roulé sa bosse; il aime  la raison et la mesure, et préfère se  taire plutôt que de susciter le scandale en dévoilant des vérités physiques nouvelles et subversives qui mettraient Dieu à mal.
Et chez Pascal,  tourment du questionnement, foi, exaltation mystique et radicalité pathétique d’une jeunesse ardente et fragile. Méfiant, Descartes  ne signera pas la lettre de défense d’un  ami janséniste écrite par Pascal pour le sauver  la rigueur des autorités morales.
L’échange verbal correspond à des points de vue intransigeants: raison ou passion, modération ou engagement profond. D’un côté, Voltaire avec ce qui relèverait de la réalité pragmatique, et de l’autre, Rousseau, avec ce qui ressortirait au rêve et à l’imaginaire. Donc nulle rencontre possible entre ces deux éthiques et esthétiques. Subsiste seul un idéal inaccessible de conciliation de systèmes de valeurs..
Ici, cette rencontre spirituelle est  incarnée dans un  face-à-théâtral attachant, joué avec acuité mais qui, et c’est dommage! n’échappe pas à un romantisme désuet et à une forme d’illustration de ce qui  aurait pu être un moment rare.

 
Véronique Hotte

 

Théâtre de Poche-Montparnasse, jusqu’au 2 novembre, du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 17h30. T: 01 45 44 50 21.

Le Capital et son singe. Sylvain Creuzevault

Le Capital et son singe, à partir du Capital de Karl Marx, mise en scène de  Sylvain Creuzevault

 

lecapitaletsonsinge  “ Le Capital et son singe que nous te donnons ici à jamais inachevé, spectateur bienveillant, a été composé par l’auteur il y a quelques jours. Il a toujours eu l’intention de le terminer, mais l’aphasie a fini par l’emporter avant qu’il ai pu le mener jusqu’au terme désiré”,  avertit le programme. Avec toute la bienveillance demandée avec humour au public par ce jeune collectif, et grâce au souvenir laissé par leur décoiffant Notre Terreur, présenté en 2009 dans ce même théâtre (voir Le Théâtre du blog),  on est peu enclin à la sévérité….   D’autant que ça commence bien: avec un brillant et désopilant échange d’idées entre Michel Foucault, Sigmund Freud et Bertold Brecht, interpété en solo par le talentueux Arthur Igual.  Le débat continue, à plusieurs, autour d’un repas de haricots pour Blanqui, et de lentilles pour les autres personnages dont Raspail, Louis Blanc, Barbès, Fourier, et même Engels, réunis, à la veille du 15 mai 1848, alors que la gauche, minoritaire après les élections, se trouve évincée du gouvernement.    Comment peser sur l’Assemblée en pleine rédaction d’une nouvelle constitution? Comment reprendre le pouvoir, après la révolution trahie par des élections?  Par la violence ou par la force des idées? Il est question du rôle de l’Etat dans l’économie, puis on en vient bientôt à une explication lumineuse et ludique de la valeur d’usage et et de la  valeur d’échange chez Marx. Puis, à une définition du capitalisme, où Blanqui le radical s’oppose à Barbès, le légaliste… Suspense. Jusque là, on suit à peu près, malgré quelques cafouillages, mais cela se gâte vite! Nous voici à Berlin, le 13 juin 1919. Dans une vague parodie de La Noce chez les petits bourgeois, les convives parlent, à bâtons rompus, du taylorisme à l’américaine, tandis que défile le cortège funèbre de Rosa Luxembourg,  assassinée par la police qui a maquillé son meurtre en noyade. Après l’agonie (et la résurrection?) de Spartacus, le spectacle  zappe de nouveau: 23 mars 1849, c’est le procès de Barbès, Blanqui et Raspail, auxquels se mêlent… Jacques Lacan et l’extravagant Daniel, dit Dada.  Au gré des séquences et des zigzags spatio-temporels, on prend un certain plaisir à voir s’incarner des personnages qui ne sont plus, pour la plupart d’entre nous, que des noms de rues; on apprécie la généreuse  démarche de vouloir faire entendre la pertinence des idées marxistes, de convoquer des débats d’hier, pour éclairer notre réflexion sur l’actualité d’aujourd’hui. Le Capital et son singe analyse le glissement progressif du prolétaire de la société préindustrielle décrit par Marx, vers le consommateur aliéné par le capitalisme mondial. Mais, au bout de deux heures et demi de cette comédie « difficile »,  L’Avertissement au spectateur  cité plus haut  semble être aussi un constat d’échec chez le metteur en scène.  Où est le “long, immense et raisonné hurlement de la pensée “ promis?  Où est la comédie “pure et dure” annoncée? Le Capital, traité ardu, se laisse ici difficilement saisir et  le théâtre n’est sans doute pas le lieu  propice à son adaptation?  Mais Karl Marx, dont  la figure tutélaire hante la scène, est bien là,  et ses idées restent vivantes, grâce aux acteurs et à leur inventivité. Ils en appellent à Georg Büchner, William Shakespeare, Walter Benjamin, Arthur  Rimbaud et à bien d’autres rebelles. Ils mélangent, dans un joyeux bric-à-brac, traité d’économie et de poésie, petit refrain caustique et chant de la Commune  (La Semaine sanglante de Jean-Baptiste Clément  fait office de conclusion).   Le spectacle, promis à une longue tournée, se présente pour l’instant comme un chantier: “L’auteur hésita à donner pour titre à cet inachèvement Des planches, du rabot et du balai … Et les acteurs ont pris la courageuse décision d’improviser ce qui, de l’écriture, est encore resté à l’état de fluidité…et à certains endroits de presque absence”, précise le programme! La pièce reste inachevée, comme Le Capital, mais va sans doute évoluer, gagner en cohérence,  et enfin peut-être trouver sa pleine forme.

 

Mireille Davidovici

Théâtre de la Colline T. 0144 62 52 52 www.theatre.colline.fr  jusqu’au 12 octobre

 En tournée : les 5 et 6 novembre, Scène Watteau–Scène conventionnée de Nogent-sur-Marne; du 26 au 29 novembre, MC2, Grenoble ; les 4  et 5 décembre, Archipel–Scène nationale de Perpignan ; 5 et 7 février 2015, La Filature – Scène nationale de Mulhouse; Et, en 2015:  les 13-14 février  Le Cratère – Scène nationale d’Alès; 11 et 14 mars , Bonlieu – Scène nationale d’Annecy; 13 et 16 mai , Théâtre national de  Bruxelles.

 

 

la saison 14-15 du théâtre national de Chaillot

La saison danse 2014-2015 du Théâtre national de Chaillot

photoMalgré les grands travaux de rénovation  du théâtre, la saison future s’avère très prometteuse. Sur les 34 spectacles prévus  avec quelque  260 représentations, vingt spectacles de danse… Josette Baïz ouvre le bal en octobre avec vingt-deux adolescents de 14 à 18 ans qui donneront toute leur énergie pour faire vivre Roméo et Juliette.
 Au même moment, José Montalvo réalisera une proposition dansée autour de Huit et demi de Federico Fellini puis une adaptation de l’épopée de Gilgamesh.
Carolyn Carlson présente un nouveau solo, Now, musique de René Aubry.  On attend aussi une chorégraphie de Pierre Rigal, Paradis Lapsus,  avec deux danseurs et une chanteuse.
William Forsythe, honoré par le festival d’Automne, présente une dernière fois sa compagnie,  avec Study # 3. Andréa Siter dansera un solo inspiré de son parcours personnel d’artiste.
 En décembre, la Batsheva Dance company reprendra un grand succès, Décadanse Paris, et une nouvelle création.  Béatrice Massin, elle,  fera rêver le public avec sa version de La Belle au bois dormant. Philippe Decouflé, lui,  prépare, avec Contact, un hommage à Pina Bausch et aux comédies musicales! «Je vais faire un truc divertissant», promet-t-il.
Du côté international, il y aura aussi deux coproductions du festival d’Avignon avec Arkadi Zaïdes et Thomas Lebrun. En mars, deuxième Biennale d’art de flamenco, en collaboration avec la Biennale de Séville,  et,  au même moment,  Hideki Noda interpétera Egg avec  d’importantes parties dansées. Ce sera aussi  l’occasion de découvrir  la compagnie nationale norvégienne de danse, dans le cadre d’une carte blanche, avec Not Here/Not Ever.
  En avril, période de migration des oiseaux, nouvelle création de Luc Petton avec quatre grues du Japon et quatre danseurs. Philippe Jamet, qui avait enthousiasmé le public avec ses Portraits dansés va réaliser des Portraits Chantés. Enfin, pour clôre une belle saison de découvertes, la Montréalaise Danièle Desnoyers et trois spectacles de  l’australien Gary Stewart, Stephanie Lake, et un projet de Falk Richter avec Anouk van Dick.
«L’art du théâtre ne prend toute sa signification, disait Jean Vilar, que lorsqu’il parvient à assembler et à unir. » La danse aura aussi cette faculté au Théâtre National de Chaillot.

Jean Couturier
theatre-chaillot.fr
 

          

open space

Open Space, conception et mise en scène de Mathilda May

 

p183751_2Sur la grande scène transformée en « open space »  six personnages partagent, pendant une journée, le huis-clos de ces  “bureaux ouverts”.
Sans cloison, sans véritable intimité! Ce sont les bruits qui dominent et qui ponctuent le spectacle, amplifiés et distordus, grâce à une sonorisation virtuose. Couinements des sièges, cliquetis des touches d’ordinateur, grondement de la machine à café, sonneries incessantes des téléphones, cataractes des toilettes, jusqu’au tapotement des doigts sur un bureau métallique, ou au bruit d’un avion qui rugit quand on ouvre la fenêtre, composent ici une symphonie burlesque et rythment les borborygmes des comédiens qui retrouvent ici le plaisir du grommelot.

“ Le spectacle est né des sons  » explique Mathilda May qui a composé aussi toutes les musiques du spectacle. La  comédienne que l’on connaît bien, est aussi autrice-compositrice, romancière et danseuse de formation, ce que l’on sait moins. Elle conjugue ici tous ses talents pour réaliser une comédie “burale” où elle a demandé aux interprètes, recrutés sur auditions, de savoir danser, chanter, mimer…
Chacun a composé son personnage: il y a La Femme agaçante, (Stéphanie Barreau), dont les talons  aiguilles martèlent insupportablement le sol ;  la Déjantée qui boit en cachette (Dédéine Volk Léonovitch); la Complexée ( surprenante Agathe Cémin), amoureuse transie du jeune employé dynamique Jean Loup-Denis Elion tout en grâce et souplesse). Il y a aussi le Jovial débonnaire, et enfin celui qu’on a mis au placard, devenu invisible pour ses collègues, mais pas pour les spectateurs qui ne perdent pas une miette du jeu d’Emmanuel Jeantet (alias Manu Kroupit) qu’on a pu voir  chez  Philippe Genty. Gilles Gaillot, quant à lui, interprète tous les personnages venant de l’extérieur, dont le patron,  petit chef véreux.

Le spectacle est  toujours en mouvement, avec une chorégraphie des corps au travail voués à une dérisoire répétitivité. Les gestes insignifiants, caricaturés, prennent  une ampleur grotesque, et  ouvrent ainsi des espaces plus intimes, et des parenthèses au sein du quotidien, où les protagonistes donnent libre cours à leurs fantasmes. Il y a aussi quelques échappées poétiques et  des instants ludiques. Parfois le groupe se fige : arrêt sur image  avec un gros plan sur l’un des employés...
Mathilda May ne signe pas ici une œuvre réaliste ni polémique sur le monde du travail ou sur la sociologie des bureaux dits “paysagers”. D’autres s’y sont déjà attaqués comme Alexandre des Isnards et  Thomas  Zuder avec Open space m’a tuer (Livre de poche). “On ne sait pas ce qu’ils font comme métier, dit-elle, ni quel est l’objet de leur productions (…) C’est leur intimité qui m’intéresse, confrontée aux obligations du boulot, à la hiérarchie, à la routine.” Elle nous livre ici des instants de comédie humaine, avec  de petites et grandes tragédies personnelles (il y a quand même mort d’homme dans ce spectacle!)
Tenir la scène une heure et demi à ce rythme, c’est prendre le risque de s’essouffler, et à certains moments, le spectacle patine, quand, par exemple, surgit la femme du patron, et c’est dommage. Mais une situation a à peine le temps de s’éterniser,  qu’un mini-événement surgit, et c’est reparti pour le rire, avec une nouvelle trouvaille. Et après tout,  pourquoi bouder son plaisir devant le plaisir manifeste qui circule sur le plateau ?

 Mireille Davidovici

 Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin Roosvelt ; T. 01 44 98 21 jusqu’au 19 octobre.

 

Sils Maria et Winter Sleep

Sils Maria et Winter Sleep.

 

A l’affiche de la rentrée, deux très beaux films qui tissent des liens intimes avec le théâtre:  Sils-Maria d’Olivier Assayas met en scène une célèbre comédienne, Maria Enders, qui doit reprendre une pièce qu’elle a jouée vingt ans auparavant. Seulement, ce n’est plus Sigrid, la jeune première conquérante qu’elle doit incarner, mais le rôle moins prestigieux de sa partenaire d’alors, Héléna, une femme mûre, celle qui perd au jeu de l’amour qui les a enflammées toutes deux.
Maria est brutalement face à la jeunesse qu’elle n’a plus, en la personne d’une bimbo du moment, made in Hollywood, jouée par la pulpeuse Chloé Grace Moretz.

Juliette Binoche Sils Maria StillJuliette Binoche qui a suggéré le thème du film à Olivier Assayas avait envie de faire se croiser trois personnages de femmes et se confronter deux générations d’actrices. Le réalisateur a donc écrit un scénario où les répétitions de la pièce tiennent une large place.
 Pour travailler, Maria Enders et Valentine,sa jeune assistante se sont retirées dans la maison du défunt auteur, à Sils-Maria, dans le village d’Engadine, au charme magique, qui fut la villégiature de Nietzsche et de bien d’autres écrivains dont Hermann Hesse, Rainer-Maria Rilke, Marcel Proust…). Un nuage, dit “Serpent de Maloja” (le titre de la pièce imaginée par Assayas), se lève et rampe dans la vallée, maléfique comme le temps qui passe.
 L’âge qui vient n’obsède pas seulement les actrices, mais tout un chacun. C’est en quoi le sujet de l’œuvre ne s’enferme pas sur des egos étriqués comme souvent dans le cinéma français. Mais la forme du film doit beaucoup au théâtre et Le Serpent de Maloja est une pièce solidement écrite, aux ambiances parfois ibseniennes.
Dans ce cadre romantique, avec la mort qui rode dans la montagne (fantôme de l’auteur et disparition de Valentine), se joue un étrange jeu entre Maria et son assistante. Leur dialogue et celui de la pièce se superposent, leurs préoccupations et celles des répliques entre Sigrid (Valentine) et Helena (Maria) se mélangent et l’on ne  distingue bientôt plus le théâtre de la situation présente.
Ce tuilage, cette confusion et  l’amitié amoureuse qui lie les deux femmes,  renvoient insidieusement à la passion funeste entre la Sigrid et l’Helena de la pièce. En épilogue, le théâtre reprend ses droits et  c’est sur une scène que se dénoue le film. Olivier Assayas réussit ici avec son équipe d’acteurs, et grâce à un montage exemplaire,  une belle performance.

 Winter Sleep de Bilge Ceylan Bilginer

 708xNx708.pagespeed.ic.fClaZYTHYkC’est également le théâtre qui est convoqué dans ce magnifique film de ce réalisateur turc, en la personne du héros, un acteur autrefois charismatique, retiré depuis en Anatolie. Devenu tenancier de l’hôtel Othello, Aydin s’enlise peu à peu dans la solitude d’un couple qui n’en est plus un, et dans le rôle de notable de village qu’il est devenu.
Niché dans d’admirables paysages  enfouis sous la neige, la petite bourgade troglodyte vidée de ses touristes, semble somnoler; la misère couve sous les braises et ses habitants qui vivent à crédit, ne peuvent que s’en remettre à la miséricorde d’Allah.
Réfugié au fond de la grotte  où se trouve son bureau et  où il a la velléité d’écrire une histoire du théâtre turc, Aidyn refuse de voir la réalité sociale en face et campe sur son bon droit de hobereau de province, aveugle à la pauvreté et méprisant les indigents. Et il se coupe aussi de ses proches :  sa sœur et sa jeune épouse avec lesquelles il s’affronte longuement (plus de vingt minutes chaque fois) dans deux scènes dignes de Tchekov : “Je m’intéresse à tout ce qui se dérobe, au monde intérieur des individus, à leur âme, à la manière dont ils se lient ou s’opposent. Les questions que se pose le grand mélancolique que je suis sont celles qui nous travaillent de toute éternité », confesse le réalisateur. Et  sa  caméra de fouiller et scruter sans trêve les visages et les paysages.
Aydin rêve de retourner à Istanboul, sans jamais y parvenir, et  on pense évidemmment aux Trois Sœurs…
Le réalisateur de Winter Sleep, s’est d’ailleurs nourri de Tchekov qu’il admire. On y reconnaît son cynisme, sa mélancolie, le sens qu’ont les personnages d’être passés à côté de leur vie. Le long hiver russe n’est pas loin et il y a aussi l’espoir d’un train… qu’on ne prendra pas. Certaines scènes sont très théâtrales par la teneur de leur dialogue, mais les jeux de lumière sur les personnages renvoient à une intimité profonde.
Pour que le film atteigne vraiment à la perfection, on eut aimé que Bilge Ceylan Bilginer maîtrise un peu mieux son montage et que, dans des séquences domestiques moralisantes qui s’éternisent, fasse plus confiance à ses remarquables images qu’aux mots, comme dans les  très belles scènes avec l’enfant ou avec le cheval qui, eux, ne parlent pas !
Trop de théâtralité nuit parfois au cinéma, mais pas assez ici,  pour regretter d’avoir vu ce film.

 Mireille Davidovici

 

 

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