Tao dance Theater

Tao Dance Theater 4/5 chorégraphie de Tao Ye

 IMG_4545Intéressante découverte que celle de ce groupe connu à l’étranger et qui vient pour la première fois en France, avec deux courtes pièces de trente minutes. La première avec  quatre danseurs debout, oscillant à l’unisson dans une belle fluidité, avec des mouvements tantôt lents, tantôt rapides.
  Masques neutres et vêtements amples ne permettent pas de distinguer le sexe des interprètes. Même constat pour la deuxième pièce, bien que les cinq danseurs, dont le chorégraphe,  soient cette fois à visage découvert. Ils ne forment qu’un seul corps, masse protéiforme en perpétuel mouvement sur le  plateau nu. Parfois, l’un tente de se distinguer,  en se positionnant à la verticale mais il est vite phagocyté par les autres.
  Le glissement des corps les uns sur les autres, l’occupation de l’espace sont parfaitement harmonieux,   et une musique au piano de Xiao He complète cet  étrange et beau moment.  « La danse, dit Tao Ye qui était danseur dans l’Armée de la  libération du peuple, m’a donné la possibilité de canaliser et de soulager mes émotions (…). Parfois, on n’a pas besoin de savoir pourquoi on bouge,  ou ce qui nous fait bouger. Ce qui compte,  c’est le processus en soi. »

Jean Couturier

Théâtre des Abbesses  du 1er au 4 octobre. 


Archive pour 9 octobre, 2014

Permafrost

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Permafrost de Manuel  Antonio Pereira,  mise en scène de Marie-Pierre Bessanger

Une femme observe un homme, un étranger, venu d’«une ville à l’envers de la nôtre ». Fascinée par son corps viril, sa présence silencieuse, elle raconte,  à mots choisis et imagés, l’existence monotone de cet inconnu, «une vie sans couleurs», au milieu des machines, dans un univers d’usines en voie de fermeture, où l’avenir «sonne creux» et les suicides au travail sont monnaie courante.
Le récit de la femme s’accompagne d’un ballet de personnages  en bleus de travail, gens de l’ombre, qui vivent, anonymes, dans le bruit et le métal des ateliers. De courtes scènes dialoguées entrecoupent son monologue, plus terre à terre et plus directes que la prose littéraire du récit, dont l’intervention de cadres et journalistes cyniques, d’un médecin humaniste mais sans pouvoir, tous glosant sur le monde ouvrier jusqu’à en être comiques.
Autant de moments qui détendent l’atmosphère grave de la pièce, renforcée par la nudité du plateau jonché de pièces détachées, et par des lumières blafardes et des grincements de mécanismes mal huilés.
Cependant, certaines de ces séquences  tranchent trop brutalement avec la prose poétique de la narratrice, à laquelle Agnès Guignard prête sa voix flûtée. Sa présence gracieuse, dans  cet univers déprimant contraste avec la carrure massive de Gaétan Lejeune. Danseur et chorégraphe, il campe un personnage  taiseux et inquiétant, hanté par un « ange d’affliction » qui lui annonce : «Tu ne peux pas être heureux (… ) la blessure est ton avenir».
Mais, démentant ces sombres prédictions, l’amour fera fondre la carapace glacée de cet être fruste. Marie-Pierre Bessanger, directrice du Bottom Théâtre de Tulle a créé la pièce au Festival des Francophonies de Limoges. Elle rend concrète l’écriture ciselée de Pereira et sa mise en scène minimaliste, toute en nuances, recrée une  vie authentique correspondant «aux mondes du travail»,thématique de rentrée à la Maison des métallos.
Permafrost
est un spectacle original, élégant et d’une grande  pudeur, parmi tous ceux qui traitent ce thème.

Mireille Davidovici

Maison des Métallos, jusqu’au 19 octobre : T. 01 47 00 25 20. Théâtre de Bourg-en-Bresse,  les 27 et 28 janvier. Théâtre de Fontenay-sous-Bois, le 3 février.

Permafrost est publié aux éditions Espace 34.

 

Qui-Koto

Qui-Koto par la compagnie Tsurukam

IMG_4544Une artiste japonaise, Fumie Hihara qui maîtrise son instrument, le koto, à la perfection, un marionnettiste, Sébastien Vuillot qui tente de contrôler les fils de sa muse, la danseuse japonaise Kaori Suzuki, qui elle, de son coté, veut se libérer de ses attaches, et un public (qui parfois participe à l’action), limité à une trentaine de personnes, voilà les  éléments de cette  cérémonie secrète.
Qui manipule qui ? pourrait être le sous-titre de cette pièce d’une heure, qui comprend tous les artifices du théâtre d’objets : projections d’images sur le corps de la danseuse ; petit castelet ; théâtre d’ombres, marionnette vivante à fils. Le spectateur a le choix de suivre tel ou tel moment, entre ombres et lumières, libre de ses déplacements, malgré l’obscurité qui règne au milieu de l’espace de jeu.
  Ce spectacle est encore dans sa période de gestation et devrait continuer d’évoluer, mais  il y a déjà de très beaux moments poétiques et cruels, que l’on devine derrière la manipulation d’une femme dont le corps ne cesse de danser. Une autre danse est, elle, à découvrir : celle fascinante des doigts de la musicienne sur  son  koto.
Des instants rares et beaux, un spectacle à repérer et à découvrir lors de son prochain passage.

Jean Couturier

 Espace Culturel Bertin Poirée les 6 et 7 octobre.   

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