La peau d’Elisa

La Peau d’Elisa de Carole Fréchette, collaboration artistique de Véronique Kapoïan

  Née à Montréal il y a 67 ans, Carole Fréchette a d’abord été comédienne. Les Quatre morts de Marie, d’abord créée en anglais à Toronto en 1997, puis en français à Montréal et à Paris en 1998, l’a révélée comme dramaturge; la même année,  La Peau d’Élisa est créée à Montréal, puis, en 1999, ce fut Les Sept jours de Simon Labrosse  au Canada, en Belgique et en France.
Carole Fréchette au aussi écrit et fait jouer Le Collier d’Hélène, La Petite pièce en haut de l’escalier, Jean et Béatrice, toutes pièces que l’on pu voir en France et qui ont été  traduites et jouées en une vingtaine de langues ou encore  Je pense à Yu  où  Carole Fréchette évoque la vie de Yu Dongyue, un journaliste chinois condamné à  vingt ans de prison en 1989, pour avoir jeté de l’encre sur un portrait géant de Mao Zedong pendant les manifestations de la place Tian’anmen.
Venue à Bruxelles participer à un projet de création Ecrire la ville, elle a imaginé La Peau d’Elisa, en  se fondant sur des souvenirs d’amour que des Belges, hommes et femmes, lui ont raconté à l’endroit  où cela s’était  passé.  Dans une sorte de saga personnelle, elle évoque, à la recherche du temps perdu, les gens qu’elle a connus: des  hommes comme Siegfried: « Un jour, il a enlevé le toit de son auto au chalumeau, pour faire une décapotable. Quand il pleuvait, il fallait la vider avec un petit seau, comme une chaloupe. On riait beaucoup. Il était fou, Sigfried. C’était gai, mais on ne s’aimait pas encore. Pas complètement… Je veux dire avec la peau et la bouche et tout. (…). Quand il pleuvait, il fallait vider sa petite auto. On était amis. Un jour, il m’a dit : dans dix minutes, je vais t’embrasser et tu vas tomber amoureuse de moi. J’ai répondu en riant : t’es fou, Sigfried ! Dix minutes après, il m’a embrassée sur la bouche. C’est comme ça que ça a commencé. »
Se succèdent d’autres histoires d’amour, notamment
à Schaerbeek, une des dix-neuf communes bilingues de la région de Bruxelles, avec d’autres hommes: Yann, Edouard… ou avec des filles comme Anna. Cette pêche aux souvenirs se dévide comme une sorte de litanie nostalgique, dont on ne saura jamais si elle est réelle ou fantasmée, un peu triste et gaie à la fois, avec deux phrases récurrentes; l’une: « C’est comme ça que ça a commencé »,  et l’autre adressée au public:  » S’il vous plaît, pourriez-vous regarder mes yeux….  mes  coudes, etc…
Trois tables de bistrot, quelques chaises, donc le minimum pour interpréter ce monologue qui a eu un beau succès au dernier festival off d’Avignon, très joliment dit par Laurence Piolet-Villard. Elle incarne Elisa avec pudeur, intelligence subtile et efficacité: un beau travail d’actrice, et ces soixante minutes passent très vite, même si le texte n’est sans doute pas le meilleur de Carole Fréchette.
Cela dure une heure, et c’est peut-être un peu juste pour constituer une véritable soirée théâtrale, mais c’est agréable à écouter : Laurence  Piolet-Villard sait comment rendre attentif un public! Pas comme Marie-José Malis avec son trop ennuyeux Hypérion à Avignon cet été,  et repris à Aubervilliers (voir Le Théâtre du Blog)…
Cela vous en coûtera 18 €; voilà, à vous de  voir…

Philippe du Vignal

Théâtre Michel jusqu’au  30 décembre, les mardis et mercredis à 19h 15.
Les pièces de Carole Fréchette sont généralement publiées chez Leméac/Actes Sud-Papiers

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