Histoire de clés
Histoire de clés de Nathalie Akoun, mise en scène d’Olivier Cruveiller
Empilable, comme les chaises identiques, ce tabouret né dans les années 20 des mains du génial Xavier Pauchard (1880-1948), artisan chaudronnier, puis patron d’une manufacture d’articles ménagers en tôle galvanisée, est toujours fabriqué à Autun.
Bon, reprenons. Donc, une jeune femme aux cheveux décolorés, en imperméable crème, entre sur le plateau; elle semble très angoissée et ne pas savoir même où elle est. Elle dit que son mari l’a quittée, et qu’elle se retrouve seule pour élever ses enfants qui sont devenus le centre de sa vie.
Elle en parle souvent mais ne les nomme pourtant pas et on n’en saura pas grand chose. L’un d’eux a osé tutoyer son prof de gymnastique et doit passer devant le conseil de discipline de son collège.
Désemparée quant à la façon de les élever, et dépassée par les événements, elle est incapable d’être à sa place de mère et de gérer les choses au quotidien. Assoiffée d’amour, la jeune femme n’arrive pas à trouver les bons mots pour se faire entendre de ses copines ni de ses enfants, dont l’un a fugué la nuit parce qu’elle avait laissé les clés sur la porte. Comme pour essayer d’effacer un sentiment de culpabilité, elle va parfois se frotter les mains dans l’eau de la cuvette en inox
Elle ne cesse de se demander pourquoi et comment cela a pu lui arriver à elle et s’étonne de façon candide de voir que sa vie de famille, qu’elle qualifie de normale, a pu ainsi déraper…et se raccroche à ses enfants comme à un rempart: on sent bien qu’elle est va basculer dans l’horreur. Rien n’est vraiment dit mais elle va tuer ses enfants, symbolisés par des petits bonhommes qu’elle dessine à craie sur le mur du fond. Bien sûr, l’on peut penser à Médée… et à ces tragédies familiales que l’on voit régulièrement dans les pages de faits divers
Olivier Cruveiller a mis en scène Nathalie Akoun avec une grande précision mais, même si elle dit le texte avec une excellente diction et une belle gestuelle aux mouvements empruntés au tai-chi et dirigés par Yanno Iatridès, la façon systématique qu’elle a d’allonger ses fins de phrases est assez artificielle et devient vite pénible. Le spectacle, honnête, parait donc un peu longuet, alors qu’il ne dure que soixante dix minutes et, dommage, ne nous a guère procuré d’émotion réelle…
On ne s’ennuie pas vraiment mais une certaine routine s’installe et nuit à cette parole proférée dans une sorte d’exorcisme, si bien que l’on reste sur sa faim. Mais nos consœurs critiques ont, dans l’ensemble, assez aimé ce spectacle…
A vous de décider mais on ne vous y poussera pas.
Le texte est édité à L’Avant-Scène Théâtre, avec le soutien de l’association Beaumarchais-S.A.C.D., collection des « Quatre Vents » contemporain, 2006)