Petit Poucet
Le Petit Poucet, ou du bienfait des balades en forêt dans l’éducation des enfants ,écriture et mise en scène de Laurent Gutmann, d’après Charles Perrault.
Ce Petit Poucet, se donne au Théâtre Paris-Villette, scène contemporaine jeunesse. Avec Charles Perrault, ce conte de tradition orale, s’inscrivait en comme genre littéraire et conte merveilleux.
Pour nous devenus adultes, nous n’en avons plus souvent qu’un vague souvenir : les petits cailloux blancs laissés en chemin par le Petit Poucet, au cours de sa promenade en forêt avec ses parents, l’ogre, les bottes de sept lieux.
Ici, dans l’adaptation qu’en a faite Laurent Gutman, le Petit Poucet est fils unique :
Bûcherons très pauvres, les parents ont eu un enfant, si petit qu’on l’appelle le petit Poucet. Mais leur misère est si grande qu’ils ne peuvent plus le nourrir et l’élever. Et et un jour, il entend la terrible décision de ses parents : ils veulent l’abandonner dans les bois.
La première tentative échoue car le Petit Poucet avait semé des cailloux blancs derrière lui. La deuxième tentative réussit, et alors commence l’aventure merveilleuse, palpitante et terrifiante à la fois, du Petit Poucet…
Dans son ensemble, l’adaptation de Laurent Gutmann, reste fidèle à la trame narrative du conte de Charles Perrault. Mais auteur et metteur en scène, il s’est demandé avant tout quel acteur choisir pour le rôle titre. « Je ne voulais pas grimer un adulte en enfant(… ). Alors, dit-il, j’ai décidé de donner le rôle à un comédien très petit, mais on ne fait pas croire ici que c’est un enfant. … »
Pour Laurent Gutmann, ce conte, auquel il a ajouté un sous-titre : ou le bienfait des balades en forêt dans l’éducation des enfants, est aussi une parole et un regard portés sur le comportement des parents aujourd’hui face à l’éducation de leurs enfants, de l’amour, de la société individualiste, enfantine et craintive.
Le contexte socio-économique n’est plus le même qu’au 17ème siècle , ni après, ni celui de nos jours, celui de la société de consommation et de la mondialisation. Au fil du spectacle, on se demande qui est ici l’enfant et qui est l’adulte ?
Laurent Gutmann, dans sa réécriture comme dans sa mise en scène, crée un décalage qui ne manque ni de violence, ni de poésie et d’humour, voire de grotesque ! Cette adaptation décalée, avec des scènes hautes en couleurs, très amusantes pour les adultes et parfois d’une certaine grossièreté, mais sans doute plus troubles pour les enfants, engendre une parole théâtrale politique et sociale contemporaine, très vivante…
Décor soigné et symbolique, excitant l’imaginaire, langue tour à tour crue et tendre, qui virevolte, tout comme les comédiens, à la fois, drôles et d’une férocité émouvante…Le spectacle, empreint d’une sorte d’onirisme parfois dérangeant, nous emmène, enfants ou adultes, et pour notre plus grand bonheur, au fond de nous-mêmes, sur des chemins encore inconnus ou déjà oubliés.
Elisabeth Naud
Théâtre Paris-Villette 211, Av. Jean-Jaurès, 75019 Paris T. 01 40 03 72 23. Jusqu’au 25 octobre, et en tournée jusqu’au 19 décembre.
Le texte paru aux Editions Lansman.