Performance d’Eric da Silva
Bonjour Monstre short cut, et Pt’it Louis, Performance texte et mise en scène d’Eric da Silva avec Henri Devier, vidéo et dispositif multimédia de Frédéric Vallet et Alexis Pawlak
La Générale, vaste lieu désaffecté appartenant à la Ville de Paris, géré depuis dix ans par un collectif d’artistes, accueille régulièrement des équipes qui viennent y répéter et donner une série de représentations, dont Mirabelle Rousseau qui y avait présenté trois spectacles (voir Le Théâtre du blog).
Éric da Silva créa sa compagnie L’Emballage Théâtre, voilà une trentaine d’années, avec Tombeau pour cinq cent mille soldats de Pierre Guyotat à Suresnes. Il créa aussi Nous sommes si jeunes et connut un début de reconnaissance institutionnelle, grâce à Bernard Sobel qui l’accueillit à Gennevilliers avec Peer Gynt et Je suis Hiroshima 100 000° de plus que toi, puis au Théâtre de la Bastille. Rapidement déçu, il abandonna le Théâtre pendant quelques années pour se consacrer à l’enseignement, y revint heureusement voilà six ans, avec cet étrange Est-ce que quelqu’un sait où on peut baiser ce soir qu’on a pu voir en Avignon Off. Éric da Silva, haute stature et longue chevelure, pénètre dans l’espace scénique, vêtu d’une longue jupe de satin bigarrée, son puissant torse maquillé de vert.
Il débite à un rythme impressionnant un texte qui défile derrière lui sur un écran, au rythme des musiques d’Alexis Pawlak à l’ordinateur : «Je ne sais pas ce qui m’a pris, comme chez Artaud, ce qui n’est pas cruel n’est pas représenté (…) un bruit, une odeur, un frémissement dans ma tête (…) Je deviens vers la mort une fois pour toutes (…) je deviens transsexuel, transformiste ». Difficile de relater plus avant cette ébauche déroutante d’une performance en train de naître mais on ne peut détacher les yeux d’ Eric da Silva…
Dans la deuxième partie, une ébauche de P’tit Louis dans la rue, même défilé du texte sur un écran mais Eric da Silva a cette fois le torse rougi, avec une allure de grand-prêtre oriental : «Comme un fou, un assassin, je ne veux pas mourir du sida …». Il s’agenouille, avec un accompagnement frénétique à la guitare, la tête relevée en arrière et calme un début de saignement de nez. Fred : Tout à l’heure quand il est parti sur son délire de vouloir changer de sexe, tu te souviens ? Henri : Oui et alors ? Fred : J’ai eu envie de lui dire quelque chose comme t’as pas besoin de te biler et… Henri : Quoi ? Fred : J’ai pas osé. ».
Edith Rappoport
Ces performances ont été présentées à Anis Gras à Arcueil jusqu’au 28 octobre.