vente de costumes de l’opéra-comique

Vente de costumes de l’Opéra-Comique

 

IMG_5209Pour des raisons officielles d’encombrement, l’Opéra-Comique, qui va fêter son tricentenaire en 2015, se sépare de 4.000 costumes et accessoires. La logistique et la communication de cette vente ont été confiées à une jeune société, Rinato, fondée par Julie Bertot et Antoine Gaston et  qui s’est spécialisée dans la vente de costumes des théâtres de l’hexagone, lesquels recèlent de vrais trésors du passé, même si souvent les plus belles créations du patrimoine sont conservées au Centre national du costume de scène de Moulins. (Par ailleurs, le CNCS organise régulièrement de riches expositions (voir Le Théâtre du Blog)
Sous l’œil attentif et protecteur de Christelle Morin, chef-costumière de l’Opéra-Comique, des costumes et accessoires allant de 1950 à nos jours s’apprêtent ainsi à entamer une nouvelle vie auprès de particuliers, d’associations ou de professionnels du spectacle. Avec des prix attractifs: de 5 à 300 euros, donc beaucoup moins élevés qu’à la dernière vente de l’Opéra de Paris réservée aux abonnés.
On peut aussi faire ses achats sur le site de l’entreprise Rinato. L’Opéra-Comique constitue un bel écrin pour cette vente exceptionnelle, qui réjouit tout amateur de costumes, et l’ensemble du personnel du théâtre qui va bientôt connaître de grands travaux de rénovation, a été mobilisé pour l’occasion. Grâce à son aide, chaque passionné est reparti de ce lieu unique avec un peu de rêve et de bonheur.
Une réserve: peu de pièces référencées, alors qu’elles proviennent de productions prestigieuses comme Don Giovanni, Une nuit à Venise, Ciboulette ou Orphée aux enfers. Une partie de la mémoire de ces costumes, comme le nom de ceux qui les ont conçus, risque ainsi disparaître à jamais, et c’est dommage de les priver de l’acte créateur dont ils sont issus.
« Chaque époque, dit avec nostalgie, Christian Lacroix, grand concepteur de costumes de scène, génère une matérialité qui disparaît inévitablement. On ne capte pas la réalité, et on peut encore moins la conserver». Sauf, peut être, à Moulins…

 Jean Couturier

Vente du 31 octobre au 2 novembre;  www.opera-comique.com  www.cncs.fr   www.rinato.fr


Archive pour 2 novembre, 2014

La Maison de Bernarda Alba

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La Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia-Lorca, traduction et mise en scène d’Hervé Petit.

 

 

 Federico  Garcia-Lorca  écrit  cette pièce en juin 1936, prémonitoire de  la guerre d’Espagne qui se déclenchera un mois plus tard; publiée en 45 et créée la même année à Buenos Aires , après la mort de son auteur assasiné par les anti républicains. Il avait 38 ans.
La pièce se passe dans un implacable huis-clos, celui de la maison de Bernarda, une veuve de 60 ans. Le jeune et beau Pepe El Romano, que l’on ne verra jamais, veut se marier avec Angustias, 39  ans, la fille issue d’un premier mariage de Bernarda, et riche de l’héritage laissé par son père. Il y a aussi Adela, 20 ans, la plus jeune de ses filles, qui aime et c’est réciproque, Pepe el Romano, Magdalena, 30 ans et Martirio, 24 ans, veuve et particulièrement frustrée. Il faut ajouter à cette galerie de personnages féminins, Maria Josepha, 80 ans, la mère de Bernarda et  Poncia (60 ans), une des autres domestiques
Bernarda, mère rigide et dominatrice, impose à ses filles de rester cloîtrées pendant le temps du deuil de leur père. Cette maison se referme donc sur  huit figures féminines: la mère, ses quatre filles, leur grand-mère et deux bonnes. Tout homme qui passe, est donc observé, convoité, surtout quand il fait mine de s’intéresser à Angustias mais en réalité à son joli pactole.
Cette mère commande tout, canne à la main,et n’hésite pas à frapper ses filles quand elles désobéissent. En tyran qui ne laisse rien passer, même pas sa peine, elle se targue de rester digne et de ne pas pleurer. Les sœurs font parfois front contre leur mère mais  se dressent vite contre une autre, par jalousie.Bref, ici, la méchanceté est partout, le fiel exsude à chaque réplique, et les sœurs parviennent toujours à se fâcher et à se dresser les unes contre les autres pour en jeter une en pâture. Evidemment, tous les coups bas sont permis contre, entre autres, la bosse de Martirio, le célibat d’Angustias…
Très ancrée dans la société espagnole de l’époque, la pièce, de par son caractère presque diabolique, rend possible des partis pris de mise en scène originaux,  et nombre de metteurs en scène ne s’en sont  pas privés! Ici, nous sommes face à un (trop) grand respect du texte et la réalisation, parfois plaquée, est bien conventionnelle. Quand on s’attaque à un tel monument, mieux vaudrait que le résultat soit parfait, et là, le compte n’y est pas du tout.
Jeu  très classique quant aux prises de parole, intonations, déplacements, etc… si bien que l’âpreté, le côté presque trash de cette écriture ne ressort pas ici: les comédiennes prennent des poses et n’arrivent pas à trouver  l’indispensable ton juste. Celle qui joue la mère est d’une raideur caricaturale, et ne propose aucune évolution…  Du coup, les autres personnages s’installent  aussi vite  dans le systématisme.
Il y a ainsi de curieux moments quand, par exemple la mère crie silence plusieurs fois, alors même que ses filles sont muettes comme des carpes ! Le ballet des entrées et sorties est mal réglé: quand des comédiennes sortent à jardin, une autre entre tout de suite à cour… A un moment, un rideau en plastique s’élève, manipulé presque à vue, mais l’opération est mal maitrisée,  et il fait des plis!
Côté costumes, aucune folie non plus : noir raide du deuil, ou blanc de la chemise de nuit, et la mère en devient ridicule, alors qu’elle devrait nous effrayer.
Anna Sigalevitch fait partie de la distribution et on peut aussi entendre cette critique dans La Dispute, une émission d’Arnaud Laporte (France-Culture), qui, lui,  fait de ce  spectacle…  son coup de cœur. Curieux et point trop honnête mélange des genres!

Julien Barsan

Théâtre de Ménilmontant jusqu’au 25 novembre, le jeudi 30 octobre à 19h et les mardi 4, 11, 18 et 25 novembre à 19h. T : 01 46 36 98 60

 

Du luxe et de l’impuissance

Du luxe et de l’impuissance de Jean-Luc Lagarce, mise en scène d’Ivan Morane

 

du_luxe-7«Raconter le Monde, ma part misérable et infime du Monde, la part qui me revient, l’écrire et la mettre en scène, en construire à peine, une fois encore, l’éclair, la dureté, en dire avec lucidité l’évidence ». Projet qui anima et qui maintint en vie Jean-Luc Lagarce, contre toutes les désespérances.
Jusqu’au seuil de la mort en 1995, il  se consacra au théâtre, mais écrivit aussi méticuleusement son journal sur des cahiers d’écolier. Il publia aussi  des articles, des éditoriaux pour des théâtres et des revues, rassemblés dans Du luxe et de l’impuissance, paru, comme l’ensemble de l’œuvre, aux Solitaires intempestifs. C’est de ce recueil que s’empare Jean-Charles Mouveaux.
Seul en scène, dans la pénombre d’une loge, dans une chambre d’hôtel, il va donner corps aux paroles de l’auteur, qui s’épanouissent par longues vagues rythmées, dans ce style inimitable, où il cherche la précision des mots, en en traquant toujours le sens, jusque dans leurs derniers retranchements.
Quête inlassable de soi et des autres à travers soi, dans un monde instable et menaçant où il s’agit de tricher, de jouer, de mentir vrai, pour conjurer le pire… Le texte se présente comme un manuel de combat contre la mort, une suite de préceptes et de maximes à l’usage des vivants, tout en verbes à l’infinitif ou à l’impératif, en questions et injonctions, avec parfois des réflexions plus personnelles teintées d’humour.
Bien qu’ils ne soient pas originellement destinés à faire spectacle, ces articles se prêtent à la mise en scène: ils traitent de théâtre et relatent l’expérience d’un «saltimbanque»,  et sont aussi d’une oralité évidente.
Le comédien, adopte un jeu précis et sobre, et nous entraîne dans l’univers de Jean-Luc Lagarce; nous le suivons, jusqu’au moment où des images de guerre, projetées en fond de scène, viennent troubler de paisibles paysages bucoliques. On décroche alors et on se demande, encore une fois, pourquoi les metteurs en scène se croient obligés d’avoir recours à la vidéo.
Mais cela ne dure pas et on retrouve le fil de ce parcours initiatique ,typiquement lagarcien ,où l’intime rejoint l’universel, comme le dit si bien le protagoniste: « Accepter de se regarder soi pour regarder le Monde, ne pas s’éloigner, se poser là au beau milieu de l’espace et du temps, oser chercher dans son esprit, dans son corps, les traces de tous les autres hommes (…)  »

 

Mireille Davidovici

 

Théâtre des Déchargeurs jusqu’au 22 novembre 3 rue des Déchargeurs, 75001 Paris – T. 01 42 36 00 50 ; www.lesdechargeurs.fr

 

 

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