Smatch 3

 

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Smatch(3) de Dominique Roodthooft

Dominique Roodthooft (rien à voir avec Dirk Roofthooft, comédien emblématique de Jan Fabre) es une crétrice belge et la directrice artistique du Corridor à Liège. Après une première vie d’assistante sociale, elle s’interroge très vite sur la pédagogie et la manière dont l’institution peut transformer l’homme et se passionne pour l’analyse, la psychologie et la pédagogie qui lui font comprendre qu’en changeant l’institution et/ou la situation, l’homme peut se transformer presque naturellement.
Ce Smatch(3) est le troisième épisode d’une «soirée performance laboratoire d’idées avec plusieurs thèmes» comme elle  le qualifie elle-même, dont le premier  volet avait été présenté en 2010 à La 25ème Heure en Avignon. L’idée: partir d’un événement, d’un à-priori et s’arrêter un peu pour y penser, quitte à en utiliser le contre-pied.
Cela se fait toujours avec créativité et jeu, et ce laboratoire touche à tout ce qui concerne le vivant (animal ou humain) pour les savants que les comédiennes font intervenir virtuellement, comme entre autres, la passionnante philosophe Vinciane Despret, Hubert Reeves, Elias Canetti,  Jean-Claude Ameisen…
Leurs discours et analyses sont mis en scène avec beaucoup d’idées : ainsi le visage de Vinciane Despret est projeté sur un carton puis en direct sur le visage de la comédienne, un mathématicien qui nous parle du zéro, apparait sur sa bouée à la plage, un autre apparait sur un fond vert et en disparaît aussi sec ! Dominique Roodthooft se lance aussi dans une très drôle retranscription/imitation, avec intonations et gestes, d’une texte de Gilles Deleuze qu’elle écoute grâce à un casque.
On pourrait presque  qualifier de spectacle geek, ce Smatch (3), bien dans son époque avec cinq ordinateurs à la pomme, trois vidéoprojecteurs et deux écrans fixes… Le musicien interprète un morceau sur un squelette d’animal couvert de capteurs, et  un autre joue de percussions, via une application de son smartphone. Dominique Roodthooft utilise aussi la technique bien connue du fond vert qui permet de  faire jouer les comédiennes devant un fond déjà filmé. Mais ces technologies imposent aussi une certaine lourdeur au spectacle, puisque les deux actrices ont besoin de trois régisseurs/musiciens à vue, et d’un régisseur en salle.
Mais on passe un très bon moment devant ce cabaret du vivant,  où on retrouve ce quelque chose de spécial qui fait le théâtre belge, un théâtre qui donne l’impression de se faire avec nous, devant nous, dans le temps de la représentation, au lieu de quelque chose de fixe et qui ne bougera pas d’un iota. On y découvre des savants passionnants, à notre portée, et là où la science rejoint parfois la poésie.
C’est un gai-savoir malicieux et cocasse, où certains propos  intelligents et fins côtoient un rire potache qui équilibre bien les choses. Bien sûr, c’est peut-être un peu comme dans la tête de Dominique Roodthooft, sans vrai lien dramaturgique entre les thèmes comme le cerveau, la peau, le zéro, le thymus ou la sexualité des poulpes! Mais cela demeure jubilatoire, les comédiennes s’amusent et le public ne s’ennuie pas une seconde, même si les chapitres sont relativement brefs et les techniques et accessoires  assez nombreux…

Julien Barsan

Spectacle vu au Centre Wallonnie Bruxelles

http://www.theatre-video.net/video/SMATCH3?autostat

 

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