Neige noire

Neige noire , variations sur la vie de Billie Holiday, texte et mise en scène de Christine Pouquet

neige-noire-variations-sur-la-vie-de-billie-holiday-3  Avec pudeur, trop de pudeur, Christine Pouquet raconte l’histoire de Billie Holiday, l’une des plus grandes chanteuses du vingtième siècle, toutes couleurs de peau et tous styles de musique confondus,dont les  parents n’étaient même pas majeurs! Elle fut expédiée à New York pour y rejoindre sa mère et y voir son père, guitariste de jazz : Eleonora Fagan refusera de porter le nom de sa grand-mère, descendante d’esclave, et choisit celui de son père musicien, et son propre surnom de garçon manqué: Billie Holiday.
Drogue, alcool, prostitution, prison : le texte passe là-dessus avec une discrétion écrasante. Billie doit-elle rester toute sa vie l’enfant qui demande si c’est l’heure du goûter ? On y gagne une gentille victime, mais on y perd une femme qui, sans cesse tombe, et se relève, avec un courage et un talent incroyables, jamais désespérée, parce qu’il lui reste toujours la musique.
Les deux interprètes de ce spectacle, un peu théâtre-récit, un peu comédie musicale, sont entraînés aussi bien au chant qu’à la danse et à la comédie, mais laissés sans véritable direction. Philippe Gouin, qui jouait ce soir-là le rôle de tous les hommes entourant Eleonora-Billie, y compris celui du narrateur, en fait trop,  et va chercher les rires aux dépens de son propre talent, qui est grand.
Peut-être pour contrebalancer la sobriété tranquille de sa partenaire, Samantha Lavital? La chanteuse apporte sur scène la plénitude de sa voix, et sa beauté innocente. Avec ça, et dans les codes du cabaret, pas besoin de beaucoup jouer, il suffit de donner quelques signes qui pourront caractériser les personnages qu’elle endosse, à côté de Billie, la mère ou la grand-mère.
Mieux vaut oublier une scénographie vieillotte et encombrante (des murs de valises, parfois à surprise, qui s’écartent peu à peu), des costumes peu précis (surtout ceux de l’homme « multi-rôles ») et se laisser emmener par la musique. Aux premières représentations, malgré des duos encore un peu flottants, les airs de cet opéra éclaté qu’est le jazz, étaient déjà bien calés sur de bons enregistrements. Et cela reste agréable.
Avec la complicité de sa metteuse en scène, Samantha Lavital, fraîche et belle chanteuse de gospel, refuse décidément de laisser grandir sa Billie Holiday. La « note bleue » pourrait arriver, un instant, de très loin, depuis les non-dits sur sa chute. Mais non, le fantôme de la grande Billie est repoussé par ce spectacle trop candide.

 Christine Friedel

 Théâtre de la Tempête,  jusqu’au 14 décembre. T: 01 43 28 36 36,

 

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