L’Avare

L’Avare : un portrait de famille en ce début de troisième millénaire de Peter Licht, d’après Molière, mise en scène de Catherine Umbdenstock

images   Selon la note d’intention, par ailleurs passionnante et juste  sur  le  monde contemporain, cet Avare, inspiré de Molière,  est ici une revue avec dialogues,  musique et chansons, où, de numéro en numéro, chacun des enfants d’Harpagon  vient parler de  lui : « C’est, dit Peter Litcht, le règne de l’individualisme, de la cupidité… l’amour est réduit à l’état d’anecdote, et… l’argent – à la fois son manque et ses promesses de bien-être – est l’unique constante fédératrice et garante de l’accomplissement de soi. »
   L’auteur allemand Peter Licht, a construit sa pièce comme une variation sur L’Avare, en soulignant d’abord l’intérêt exorbitant accordé à l’argent et à la jeunesse, comme si l’existence ne se réduisait qu’à ce printemps de l’âge où s’élaborent les projets, les envies et programmes aléatoires. Et il condamne ici ce moteur contemporain du désir :  les vieux possèdent l’argent que les jeunes veulent insolemment récupérer. Nulle révolte à l’horizon, nulle pensée économique alternative,mais un désir juvénile d’une consommation et de jouissance immédiates…
 Cléante, le fils de famille, avoue : « Moi, j’hallucine… j’ai les nerfs, le type, il me laisse pas toucher à mon fric… Je peux toujours crever… Pour du demi-luxe, je vais pas m’arracher la tronche…Lui, l’autre qui s’étale dessus mais à fond. Sur mon héritage. Pas encore si mort que ça le vieux. Coriace, celui-là, il ramasse toujours plus pour lui. Et le meilleur, il veut même goûter à la chair fraîche maintenant, à MA chair fraîche…et cette chair fraîche, moi, j’en ai besoin pour mon plan de vie. »
  Le frigo, dans l’appartement, est vu comme un temple laïque de survie, quand arrive l’heure du réchauffement climatique et donc des interrogations écologiques  sur  l’envahissement des déchets, avec un ordre à recomposer de l’intérieur , alors que règne la confusion des sentiments amoureux et le chaos des foyers.
Cléante chante ainsi son amour  à sa belle :  « Marianne viens-tu avec moi/ ou restes-tu ici/ ou restes-tu chez toi ? » Et Frosine (Nathalie Bourg), anorexique réduite à manger un yaourt nature, fait la leçon aux jeunes dont elle est responsable,  sur  la tenue du ménage.

  L’inventaire scénique des situations que tous ces jeunes gens mettent en place ,compose un désordre bien vivant, mais, après une introduction en matière prometteuse, déçoit l’attente du public qui n’y trouve pas son compte: répétitions des messages et  dramaturgie qui fait du sur-place. On a seulement droit à l’illustration d’un état catastrophique du monde, façon Plus belle la vie revisitée!
  Les comédiens, certes talentueux, ne sont  pas dirigés, et chacun, comme une métaphore de l’individualisme dénoncée dans la pièce, joue sa  partition, au détriment d’un travail choral qui arrive parfois, le temps d’une chanson…
  Cléante (Lucas Partensky) a du cœur à l’ouvrage : il clame  sa colère, jetant ses mots de haine et d’écœurement en un joli concert de slam et de joutes oratoires auxquelles on adhère sans mal. Fléchette (Clément Clavel) est un fieffé bandit, un filou attachant qui voudrait bien s’attacher la belle Marianne (Charlotte Krenz), à la fois ingénue et perfide. Vali (Chloé Catrin) ajoute une note comique bien personnelle. Elise (Claire Rappin) joue, sans nuances et de son côté, une ado caricaturale de banlieue à capuche.
  Des talents sans doute en germe mais la  mise en scène ne décolle pas, par manque de direction d’acteurs, de rythme  et  de  progression dramatique,  et sans rêves… comme ces jeunes gens mélancoliques.

 Véronique Hotte

 Théâtre de la Commune Aubervilliers, jusqu’au 7 décembre.T: 01 48 33 16 16

 

 

 

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