Je brasse de l’air
Je brasse de l’air, performance mécanisée de Magali Rousseau, mise en scène de Camille Trouvé.
C’est une sorte de performance conçue, écrite, construite et interprétée par Magali Rousseau, issue, il y a quelques années, de l’Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Soit un parcours sur la scène du Grand Parquet en 45 minutes, parmi une dizaine d’objets/ovni/machines/robots (on choisira le terme le plus convenable) mus par des moteurs télécommandés, ou plus simplement par une manivelle à main qui régit un système de poulies sophistiqué, par l’air, l’eau, voire par la vapeur. Avec accompagnement à la clarinette par Julien Joubert qui est aussi aux commandes du son et de la lumière.
C’est Magali Rousseau qui sert de guide et qui manipule ces machines, à la fois fragiles et impressionnantes. Toutes très bien réalisées, elles ne sont pas évidemment de la même efficacité visuelle mais la plus poétique est, comment dire les choses sans risque d’erreur, une bougie qu’elle fait déplacer sur un ruban qu’elle actionne grâce à une manivelle , et qui projette sa lumière sur un long fil de fer tordu, dont l’ombre projetée sur un écran révèle alors une phrase poétique. Soit une très belle création plastique qui rappelle celles de Christian Boltanski, et qu’un musée d’art contemporain français ferait bien de vite acheter, avant qu’elle ne soit achetée ailleurs …
Il y a aussi dans cet espace silencieux, juste soutenu par le son de la clarinette et comme hors du temps, un balancier à deux boules de cuivre qui va tourner lentement sur un axe; ces boules de cuivre contenant de l’eau qui va être transformée en vapeur par la chaleur d’une mini-bougie suspendue en dessous, vapeur qui mettra en marche cette curieuse machine que Léonard de Vinci n’aurait peut-être pas désavouée.
Magali Rousseau nous emmène parmi ces machines/sculptures comme un sculpteur qui ferait visiter son atelier, en nous racontant l’histoire de sa famille.Mais mieux vaut oublier un texte qui n’est pas vraiment à la hauteur de cette promenade poétique, comme ce costume vraiment très laid: robe sans manches, mal coupée, collant bleu avec bottines à lacets…
Mis à part ces petites réserves, cette création de la compagnie des Anges au plafond dont Le Théâtre du Blog vous a déjà parlé, mérite le détour, si elle passe près de chez vous.
Philippe du Vignal
Le Grand Parquet, 20 bis rue du Département 75018,Paris métro Stalingrad/ Marx Dormoy, jusqu’au 30 novembre, à 19h, 20h et 21h. communication@legrandparquet.net