Les Perses
Les Perses d’Eschyle, mise en scène de Tilémachos Moudatsakis (en grec, sous-titré en français)
C’est la seule tragédie grecque à thème historique qui nous soit parvenue; jouée par la compagnie des Vivi au dernier Festival off d’Avignon et, en ce moment, à Athènes. A la bataille navale dan une rade étroite de la petite ile de Salamine, située non loin du du Pirée (480 avant J.C.), les Athéniens réussirent à écraser l’immense flotte du roi perse Xerxès, ce qui empêcha l’envahissement de l’Occident par l’Orient.
Dans cette pièce d’à peine une heure, fondatrice du théâtre occidental, Eschyle le grec (qui se place dans le camp des vaincus) raconte d’abord le rêve prémonitoire de la vieille reine Atossa, la veuve du roi Darios qui annonce un désastre militaire; un messager perse apportera en effet confirmation de la terrible défaite nationale, puis l’invocation de Darios par les vieillards de la Cité venus lui demander conseil et qui sorti de sa tombe, leur répond, et enfin le lamentable retour de la guerre de Xerxès demandant pardon à ses sujets…
Ce qui est bouleversant dans la mise en scène de Tilémachos Moudatsakis, c’est la technique qui fait éclater la souffrance et la douleur à travers le corps de l’acteur, et qui donne une dimension tragique à l’existence humaine. Pendant la représentation, le corps de l’acteur pleure littéralement…
Tilémachos Moudatsakis propose une série de symboles pour accompagner le texte qui renvoient à des signifiés culturels universels ; par exemple, la sortie de son caveau du roi Darios, parmi des objets créés par Haris Sepentzis, suggérant des plaques tombales, grâce aux invocations déchirantes du chœur de vieillards. Ou des bottes militaires, remplies de pièces d’or, qui renvoient à l’opulence du royaume au temps où Darios était roi…
Le metteur en scène a voulu dépasser le réalisme, et a mis en œuvre une syntaxe géométrique de jeu gestuel, accompagné ici par le véritable tableau sonore que constitue la musique de Maria Syméon. Yannis Ascaroglou donne une dimension rare en variations vocales et gestuelles au personnage du roi Darios. Christos Baltas crée un remarquable Xerxès, qui selon Eschyle, est conscient à son retour d’avoir commis un crime en emmenant l’armée perse se battre contre la Grèce. Artemis Gavrilouk, Eleni Orneraki et Agisilaos Alexiou ont eux aussi une belle présence.
Tilémachos Moudatsakis a su réaliser une mise en scène riche en émotions de cette célèbre pièce et la compagnie des Vivi reviendra en 2015 à Avignon avec cette fois, Œdipe Roi de Sophocle…
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre Alcmène, Athènes, jusqu’au 16 janvier. T : 0030 34 28 650
Un spectacle magnifique et bouleversant, en effet… Je me réjouis de retrouver cette compagnie en 2015 !