14/19 La Mémoire nous joue des tours
En exergue, une phrase de Simone Weil « Croire en l’histoire officielle, c’est croire des criminels sur parole ! »
C’est en matinée, pour un public de jeunes collégiens, venus avec leurs professeurs de Saint-Denis et de Vitry-sur-Seine, une représentation qui commence avec retard à cause de l’arrivée tardive du dernier car.
La salle de 150 places est bourrée, et il règne un certain tumulte que Michel Roger, le directeur de Jolie Môme, parvient habilement à calmer en présentant le spectacle.
On a distribué Le Môme, une feuille jaune recto-verso où sont présentées en quelques lignes les protagonistes de cette guerre désastreuse que les pacifistes ne sont pas parvenus à enrayer : Montehus, un chanteur populaire, Jeanne Labourbe, la première communiste française, Karl Liebknecht, compagnon de Karl Marx et Friederich Engels, Rosa Luxemburg, fondatrice du parti socialiste polonais, Jean Jaurès, créateur du journal L’Humanité, dont l’assassinat préludera au déclenchement de la guerre, et Georges Clémenceau, dit « Sinistre de l’Intérieur », briseur de grèves et inspirateur du désastreux traité de Versailles.
Très vite, le silence se fait avec l’entrée de sept hommes qui chantent un texte… de François Hollande mis en vers. Comme toujours sur le plateau, une pyramide où sont perchés une batterie, et quelques instruments. Les acteurs se relaient à la musique et dans les différents rôles, et, comme toujours,une jeune femme brandit régulièrement un drapeau rouge.
Les grandes étapes de la montée de la guerre sont ici retracées: tension à Fachoda en Afrique, emprunt russe du tsar Nicolas II, annexion de la Corée par le Japon, crise d’Agadir, montée (déjà) de l’antisémitisme sur un couplet d’Aristide Bruant, discours de Jean Jaurès la veille de son assassinat, échec des tentatives de fraternisations des ouvriers, et assassinat programmé en Allemagne des socialistes Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg qui se déclarent contre la guerre; elle considère que le socialisme est lié à la démocratie : «Quiconque souhaite le renforcement de la démocratie devra souhaiter également le renforcement et non pas l’affaiblissement du mouvement socialiste ; renoncer à la lutte pour le socialisme, c’est renoncer en même temps au mouvement ouvrier et à la démocratie elle-même. »
Une mise en scène et une écriture de bandes dessinées, efficaces, teintées d’un solide humour, et ponctuées de chansons interprétées sans micro, (c’est agréable, vu leur invasion pénible jusque dans les plus petites salles!) par une douzaine de bons chanteurs/musiciens.
Tout le monde devrait aller voir ce spectacle de salubrité publique.
Edith Rappoport
La Belle Étoile 14 rue Saint-Just, La Plaine-Saint-Denis les 19, 20, 21 décembre; et en mars et avril.
T: 01 49 98 39 20
http://www.cie-joliemome.org
Merci mon cher Philippe pour ces statistiques réconfortantes qui prouve que notre travail sert tout de même !