Le Fantasme de l’échec

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Le Fantasme de l’échec, divertissement prosopographique, conception de Véronique  Bettencourt

Véronique Bettencourt est de ces artistes complets, certains disent protéiformes, qui sont capables d’écrire, de mettre en scène,  mais aussi de jouer, chanter, danser, et filmer. Sur la scène des Ateliers, lieu  confié depuis peu à Joris Mathieu, défenseur d’un théâtre ouvert à l’image, à la vidéo et à la musique, elle donne à voir un spectacle original qui  se veut un questionnement sur la réussite ou l’échec artistique.
  Pourquoi une œuvre ne peut-elle être appréciée qu’en termes de réussite? Qu’est-ce qu’un artiste reconnu? Celui qui vit de son art, voire fait fortune ? Ou celui qui survit tout juste ? Celui qui intéresse les critiques? Ou le grand public ? Celui qui croule sous les subventions et les commandes ? Celui qui sort de sa province pour se faire connaître à Paris (ne pas oublier que pour les provinciaux, aujourd’hui encore, après des décennies de décentralisation, il n’y a de consécration qu’à Paris !) ? Qu’est-ce qu’un artiste raté ? Celui qui vide les salles et s’enferme dans la solitude et l’amertume?
  Véronique Bettencourt a pris son bâton de pèlerin, enfin presque, puisqu’il s’agit d’un micro-perche géant, pour aller recueillir les propos d’artistes, en réalité, une savoureuse série de loosers qu’elle rencontre au cours d’une déambulation qui la mène de Lyon à Dijon, en passant par sa Bourgogne natale avec une incursion parisienne.
  Elle les interviewe et les filme en super-huit ou vidéo, caméra à la main plus qu’à l’épaule, comme le faisaient parfois les  artistes de performances des années 80.  Véronique Bettencourt soumet ici ces vrais/faux entretiens  à un sociologue (interprété avec humour par Stéphane Bernard) qui devrait la guider dans sa recherche mais  qui est lui-même obsédé par un échec, celui de La Laitière et le pot au lait, la fable de La Fontaine qu’il récite de façon récurrente, dans un grand numéro de jonglage avec des balles multicolores qui lui échappent de temps à autre.
   Le plateau est un assemblage d’écrans  où sont projetées les interviews. Mais, sous cet apparent bricolage, « ce bazar multi-média-povera », comme il nous est précisé, il y a un travail méticuleux et inventif. Un musicien (Fred Bremeersch), omni-présent, accompagne le spectacle. Certes, il n’y a pas vraiment ici de réponse au questionnement sur le fantasme de l’échec, mais on suit avec plaisir cette déambulation où Véronique Bettencourt sait utiliser avec habileté, la dérision et la poésie.

Elyane Gérôme

 Le spectacle a été joué au Théâtre des Ateliers, 5 rue du Petit David, 69002 Lyon, et le sera au Théâtre Saint-Gervais à Genève, du 10 au 21 mars.

 

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