Crise de nerfs-Parlez-moi d’amour

Crises de nerfs – Parlez-moi d’amour Deuxième confession de l’hypogée-Jeu de regard pour actrice, scaphandre autonome et installation sonore, texte et direction de Jean Lambert-wild, musique de Jean-Luc Therminarias

Depuis 2007, Jean Lambert-wild dirigeait la Comédie de Caen-Centre Dramatique National de Normandie, qu’il a quitté  pour diriger maintenant  le Théâtre de l’Union-Centre dramatique national de Limousin. Il y a mis en scène de nombreux spectacles dont un En attendant Godot au printemps dernier  tout à fait  remarquable (voir Le Théâtre du Blog) mais a aussi écrit et dirigé une œuvre plus personnelle, une Hypogée, soit étymologiquement tombe creusée dans le sol, “autobiographie fantasmée”qu’il écrit et dirige sur scène, compose, dit-il, de trois confessions, trois mélopées, trois épopées, deux exclusions, un dithyrambe et 326 calentures (terme qui désignait le délire qui s’emparait des marins en zone tropicale et qu’évoquait Charles Baudelaire dans Les Fleurs du Mal).
Ce spectacle, qu’il avait déjà créé il y a une dizaine d’années,  constitue un des volets de  son  aventure littéraire et scénique. Sur le grand plateau du Théâtre d’Hérouville, une scénographie quadri-frontale avec, de chaque côté, d’une scène de quelques m2, quelque trente places en gradins; au centre, est installé un grand lit d’hôpital en tubes chromés, avec draps blancs éclairés par une belle mais glaciale lumière bleue. On entend des bip des appareils les plus sophistiqués auxquels on branche les personnes opérées, entre la vie et souvent la mort  dans les salles de réanimation, et c’est très impressionnant.

 Y repose un être humain dont on aperçoit le visage, sans doute une jeune femme, comme le confirmera ensuite la voix que l’on entend, et dont tout le corps est enfermé dans un scaphandre de toile blanche avec une grosse bulle plastique pour la tête. A la fin, le lit tournera très vite sur lui-même. Comme dans un dernier exorcisme de la mort, ou une dernière danse macabre?
Reliée par plusieurs tuyaux souples, comme une sorte de cordon ombilical qui lui permet de respirer  mais aussi de faire entendre une faible  voix, la jeune femme (Laure Wolf)  raconte, raconte sans fin, si on a bien compris, un monde qu’elle a perdu: “Des naufragés au regard fou marchent dans la rue. Ils promènent leurs enfants, les tenant si bien par la main que l’on ne sait plus qui guide qui/ Des hommes et des femmes dépiautés traînent, derrière eux, leur peau comme une bouée”. Lui répond un “Thermifrozen Chorus”, quatre hommes et quatre femmes accompagnés par la musique efficace de Jean-Luc Therminarias, vieux complice de Jean Lambert-wild.
  Autant dire tout de suite  que cette sorte d’élégie exige beaucoup du public: peu de lumière, un personnage immobile ou presque, qui dit un long monologue ( une heure) à l’écriture précise et aux beautés poétiques indéniables, mais exigeante et parfois difficilement accessible, et qu’on entend parfois mal, ce que ne supportaient sans doute pas un groupe de jeunes lycéennes qui ne cessaient de pouffer et de bavarder…
  C’est le risque à prendre avec ce “ jeu de regard pour actrice”, spectacle atypique comme on dit, à la fois simple et très sophistiqué sur le plan technologique. “Je cultive, dit Jean Lambert-wild, l’humour du désespoir… Traverser en scaphandre cette vallée de larmes, c’est déjà un bon moyen de s’en sortir« .

Philippe du Vignal

Spectacle joué à la Comédie de Caen/ Théâtre d’Hérouville du 3 au 6 décembre.

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