Noël revient tous les ans
Noël revient tous les ans de Marie Nimier, mise en scène de Karelle Prugnaud
Au Théâtre du Rond-Point, des spectacles liés à Noël mais attention à ne pas s’emmêler les pinceaux: Noël revient tous les ans et C’est Noël tant pis se jouent aussi en même temps.
Ici, une mère et son fils ont pour habitude de se retrouver le 25 décembre. Et chaque année, il amène, selon sa mère, une nouvelle fiancée, qu’elle se régale… à appeler du prénom de la précédente! Le spectacle démarre au quart de tour: Pierre Grammont fait irruption avec son sapin et grimpe plusieurs fois à la corde, à chaque fois un peu plus essoufflé, puis fait appel à quelques spectateurs pour l’aider à dévoiler le décor caché sous des mètres de papier cadeau. Après ce prologue vite mené, la pièce peut s’installer: pour leur repas de Noël, la mère et le fils, assis sur des toilettes, mangent des chips …
C’est dire que Karelle Prugnaud ne recule devant rien et piétine les tabous : la relation curieuse entre la mère et le fils, les images créées par ces toilettes d’où on extirpe de la merde figurée par des sacs en plastique rose où ils plongent la tête… On l’aura compris, Marie Nimier est loin aussi de nous proposer une image lisse et délicieuse de Noël : « Si je pouvais éradiquer Noël du calendrier, dit-elle, ce serait un grand soulagement ».
Pour l’écrivaine, c’est la période des angoisses et des nœuds, et c’est à ce moment que les absents refont surface: la sœur, avec qui la mère assure être en contact, au grand désespoir du frère qui sait bien qu’elle est morte, ou le père, parti, lui, il y a longtemps.
Marie Nimier a voulu bien faire mais son écriture est trop riche, avec notamment des non-dits surlignés! On n’est plus alors dans la farce mais dans la comédie dramatique. Mais il y a une scénographie inventive, de beaux accords de lumière, et des capsules vidéo réalisées par l’ancien acteur des Deschiens, Philippe Duquesne qui accompagnent les changements de décor et filent la métaphore de la dinde farcie, de manière un peu grossière mais drôle.
Côté interprétation, mention spéciale à Marie-Christine Orry, à la voix si particulière (qui fait merveille dans le superbe court-métrage d’animation consacré à Kiki de Montparnasse : Kiki et les Montparnos). Cette bûche de Noël aux multiples parfums manque sans doute de finesse mais ceux qui ont envie de rire et de voir un théâtre qui ose casser les tabous, passeront un bon moment…
Julien Barsan
Théâtre du Rond Point jusqu’au 10 janvier. T: 01 44 95 98 21