Les oies se gardent entre elles
Les Oies se gardent entre elles, texte et mise en scène d’Antoine de la Roche
Sur scène, rien qu’une grande table, six chaises paillées, et une petite armoire; dans la pénombre, comme dans un tableau vivant, une famille rassemblée face public en silence et qui prend la pose. Cela commence plutôt bien, avec cet arrêt sur image, dans une belle lumière crépusculaire à la Tadeusz Kantor,
On va enterrer le père, 89 ans d’Ava qui est là, avec André son mari, flanqués de leurs fils, Jean, David et Tom, et de la nièce d’Ava. Mais Jean est un fantôme: le jour du passage des oies migratrices,il y a vingt quatre ans (il avait neuf ans) il est décédé après une chute depuis la falaise mais Tom a continue à parler à Jean. Et ses parents ont accepté cette drôle de situation. Tom est maintenant un photographe reconnu et expose même à Saint-Pétersbourg. Et David vit de petits boulots.
Bref, on navigue ici constamment entre les morts, surtout Jean plus que Louis, – même son décès est tout récent- et les vivants. Avec évidemment, comme souvent, des querelles familiales le jour de l’enterrement. “ Dans une espèce d’instinct de survie primitive, dit Antoine de la Roche, les personnages explorent les fragilités de l’édifice familial qui tenait encore grâce au grand-père et tentent de créer de nouvelles bases à leur histoire”.
On comprend bien ce qu’a voulu nous signifier l’auteur: comme dans toutes les familles ou presque, la mort d’un élément fédérateur âgé et à la forte personnalité, voire assez autoritaire, rompt comme une espèce d’équilibre déjà instable. Et, à propos de tout et de rien, les mots volent bas et les passions s’enflamment.
Avec des phrases qui rappellent ici parfois Giraudoux (« ça s’appelle une douleur mon fils », dit Ava à David).
Et cela fonctionne, (allez, et encore, disons les dix premières minutes). Mais si Antoine de la Roche a été d’évidence, et comme beaucoup d’autres, influencé par Jean-Luc Lagarce, il n’en a pas la force d’écriture; ses personnages restent falots, et les situations souvent peu crédibles: comment croire par exemple un instant à la carrière photographique de Tom!).
Désolé mais autant dire les choses, le texte est vraiment trop faiblard et un poil prétentieux pour que l’on s’y intéresse vraiment, même quand il est soutenu par la musique de Xavier Bussy. Et comme la mise en scène (des noirs calamiteux qui brisent un rythme déjà faible) et la direction d’acteurs (qui font ce qu’ils peuvent!) sont bien médiocres, on ne voit pas trop ce que l’on pourrait sauver de cet ennuyeux brouillon.
Et on se demande vraiment pourquoi Régis Hébette a programmé ces oies qui, faute de public, continueront sans doute à se garder entre elles…
Philippe du Vignal
Théâtre de l’Echangeur 59, avenue du Général de Gaulle Bagnolet.
Bonsoir cher Johny, désolé pour cette imprécision,je vais rectifier très vite;le texte ne m’intéresse effectivement pas du tout comme d’ailleurs soit- dit en passant trois miens confrères critiques…
J’aurais dû,je vous l’accorde,être moins rapide dans mon analyse que je peaufinerai dès que j’aurai un moment. Mais cela dit,je persiste et je signe:je ne comprends vraiment pas les raisons pour lesquelles vous et Régis Hébette l’avez choisi.
Je suis venu à la générale de presse, pour pouvoir économiser une soirée, vu le nombre de spectacles à voir en ce moment et parce que votre attachée de presse me l’a proposé; mais sachez bien que, si j’étais venu à la première, mon avis n’aurait pas été différent, même s’il y avait du public, ce dont je suis heureux pour le Théâtre de l’Echangeur.
Bien à vous
Ph.du V.
Bonjour cher Philippe, sachez que nous co-dirigeons et construisons la programmation de L’Echangeur à deux, en l’occurrence c’est moi qui est suivi ce projet. Et une critique construite sur ce texte serait plus à votre honneur qu’une phrase à l’emporte pièce, assassine qui vise Régis Hebette. Ce auquel vous nous avez déjà habitué par le passé! Vous êtes venus à une générale de presse, si vous étiez venus à la première, ou ces derniers jours malgré ces tristes jours, vous auriez pu constater que les oies ne se gardaient pas entre elles…